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SOMEONE’S KNOCKING AT THE DOOR (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Someone’s Knocking at the Door
Parents : Chad Ferrin
Livret de famille : Noah Segan, Andrea Rueda, Ezra Buzzington, Elina Madison, Jon Budinoff, Ricardo Gray…
Date de naissance : 2009
Nationalité : Américaine
Taille/Poids : 1h20 – Budget non communiqué mais très bas

Signes particuliers (+) : Trip complètement malade et délirant. Irrévérencieux. Inspiré de Clive Barker. Ambitieux malgré ses apparences. S’améliore au fil des minutes et gagne du crédit quand on y repense.

Signes particuliers (-) : Très confus, brouillon et bancal.

 

VERY VERY BAD TRIP

Résumé : Ray, toxicomane endurci, se fait un shoot dans son lit quand il attend frapper à la porte. Se traînant pour ouvrir, il se retrouve nez à nez avec une femme nue se jetant sur lui. Mais au cours de la partie de jambe en l’air qui s’ensuit, Ray hallucine. La jeune femme est en fait un croisement entre un homme hideux et une sorte d’étrange créature. Ray va être sauvagement violé et assassiné. Ses amis sont sous le choc et ne comprennent pas et en particulier son meilleur ami, Justin, qui va faire un rêve troublant à son tour. L’un d’un trip hallucinatoire alors qu’il est défoncé, Justin se réveille à la morgue et parle avec son défunt ami Ray…

Comme vous l’aurez peut-être compris en lisant le résumé, Someone’s Knocking at my Door est un film complètement barré, issu de l’esprit torturé d’un jeune cinéaste barge mais ne manquant pas d’imagination. L’histoire loufoque témoigne partiellement du trip dans lequel on se lance en s’attaquant à ce nouveau film de Chad Ferrin, cinéaste issu de l’écurie dingue des trublions de chez Troma. Un passé que Ferrin ne renie pas et c’est logiquement que son nouveau métrage va se révéler très gore, très graphique, très démonstratif dans l’horreur et la surenchère. Mais le cinéaste fait en revanche preuve de bien plus de maîtrise cette fois-ci que précédemment, signant un film lorgnant plus vers des dérives déjantées à la Clive Barker que vers celle du pape du cinéma Z potache qu’est Lloyd Kaufman. Car ce qui frappe dans Someone’s Knocking at my Door, c’est le visuel horrifique dérangeant mais imaginatif et complètement fou. Complexe, le scénario a tendance à partir un peu dans tous les sens et les excès incompréhensibles avant qu’un final se voulant surprenant et scotchant n’apporte la cohérence et les explications attendues, éclaircissant le délire mystérieux ambiant.

Sur fond de dénonciation de la « défonce », de la dangerosité des expérimentations inconscientes et inconsidérées auxquelles la génération d’aujourd’hui peut s’adonner dans une recherche de sensations fortes, Ferrin développe un vrai film d’horreur grandement atypique et original à base de tueurs venus du passé, de monstres ignobles, de meurtres, tout en revenant sur les évènements ayant amené à la mort de Ray en début de film. Par un système de double flash-back s’emboitant l’un dans l’autre, Ferrin tente, malgré son maigre budget, de proposer quelque chose, de ne pas se contenter d’un simple et banal petit film d’horreur fauché. S’appuyant sur son scénario se voulant complexe et sur un univers inédit et original, le jeune réalisateur part sur une voie intéressante…

Incontestablement, Someone’s Knocking at my Door n’est pas une purge et possède des qualités indéniables à commencer par son atypique univers déviant, pervers et extrêmement irrévérencieux (un tueur sodomite, un homme à poil pourchassant une donzelle, armé d’un pénis démesuré…). Sexuel et sadique, nous voici plongé dans un récit versant à la fois dans le surréalisme ignoble et dans le dégueulasse atroce et douloureux où rien ne nous sera épargné. Cherchant à choquer tout en gardant un second degré à la limite étroite entre le drôle au second degré et le visuellement gerbant (comme si Clive Barker rencontrait The Human Centipede), Ferrin cherche clairement à provoquer, à perturber, à se montrer indécent, artistiquement et horrifiquement trash.

Malheureusement, si les intentions sont bonnes, si certains passages ont de l’allure dans leur genre, l’ensemble de l’entreprise est en souffrance constante. Soit on se laisse guider par ce récit horrifico-ubuesque avec perplexité, soit l’on essaie de rentrer dans le jeu de Ferrin en s’interrogeant constamment sur la finalité de cette affaire à la fois étrange, mystérieuse et déjantée. Deux configurations sont alors possibles. D’un côté, voir et comprendre la chute bien longtemps avant que le final ne nous l’apprenne (des tas d’indices montrent vers quoi l’on tend à se diriger) et ainsi avoir une impression de brouillage et de complexité inutile du récit. Ou alors tomber des nues lors du dévoilement de « l’astuce » et se retrouver quelque peu effaré par finalement la stupidité du projet. Si certains pourront être bluffés par l’intelligence de la construction eu égard de la chute finale, il est fort à parier que la plupart ait le fameux réflexe typique du : « tout ça pour ça ?! ».

Se la jouant Requiem for a Dream version trash, Chad Ferrin signe un film presque malin, presque bien foutu, presque intelligent et surprenant. Mais bancal et maladroit, la tentative décontenance autant qu’elle laisse un léger goût d’insatisfaction. Au final, on en viendrait presque à ne pas trop savoir quoi penser, tiraillé entre « débilité honteuse » et « œuvre finalement pas si mal et ayant le mérite d’être originale et atypique ». Déroutant et dérangeant, voilà au moins deux mots qui qualifient parfaitement cette œuvre manquant peut-être de subtilité et de maîtrise, surtout scénaristique.

Bande-annonce :

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