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SNOWDEN d’Oliver Stone : la critique du film

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note 2 -5
Carte d’identité :
Nom : Snowden
Père : Oliver Stone
Date de naissance : 2014
Majorité : 12 octobre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h15 / Poids : 50 M$
Genre : Thriller, Biopic

Livret de famille : Joseph Gordon-Levitt, Shailene Woodley, Melissa Leo, Zachary Quinto, Rhys Ifans, Timothy Oliphant, Nicolas Cage…

Signes particuliers : Oliver Stone passe à côté d’un film qui lui seyait pourtant à merveille.

SNOWDEN, LE CITIZENFOUR

LA CRITIQUE DE SNOWDEN

Résumé : Patriote idéaliste et enthousiaste, le jeune Edward Snowden semble réaliser son rêve quand il rejoint les équipes de la CIA puis de la NSA. Il découvre alors au cœur des Services de Renseignements américains l’ampleur insoupçonnée de la cyber-surveillance. Violant la Constitution, soutenue par de grandes entreprises, la NSA collecte des montagnes de données et piste toutes les formes de télécommunications à un niveau planétaire. Choqué par cette intrusion systématique dans nos vies privées, Snowden décide de rassembler des preuves et de tout divulguer. Devenu lanceur d’alerte, il sacrifiera sa liberté et sa vie privée. En juin 2013, deux journalistes prennent le risque de le rencontrer dans une chambre d’hôtel à Hong Kong. Une course contre la montre s’engage pour analyser les preuves irréfutables présentées par Snowden avant leur publication. Les révélations qui vont être faites dans cette pièce seront au cœur du plus grand scandale d’espionnage de l’histoire des États-Unis.

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Platoon, Wall Street, JFK, Tueurs Nés… Voilà le genre de filmographie suffisamment armée pour calmer son monde sans discussion possible. Surtout quand autour de cette poignée de chefs-d’œuvre, on trouve des Né un 4 Juillet, The Doors, Nixon, et autres U-Turn ou L’Enfer du Dimanche. Oliver Stone est un monument dont la carrière parle pour lui. Et c’est un peu tout le problème justement. On aimerait bien aujourd’hui le voir reparler de la sorte, plutôt que de se reposer derrière son glorieux passé. Ce n’est pas faute d’essayer mais comme d’autres génies vieillissants, Oliver Stone n’y arrive plus. Ses meilleurs films aujourd’hui (W : L’Improbable Président ou Savages) paraissant tellement en-dessous de ses coups de maître d’antan. Oublions son discuté Alexandre, oublions son dégoulinant World Trade Center, oublions son poussif Wall Street 2, pour mieux se focaliser sur Snowden, film qui avait tout pour marquer le grand retour du cinéaste.snowden_2Avec ce biopic consacré au décrié Edward Snowden, ancien de la NSA et de la CIA qui a décidé de prendre le risque de dévoiler aux citoyens américains, comment leur propre gouvernement les surveillait en faisant fi des lois sur la protection des données personnelles, Oliver Stone revenait enfin à un cinéma plus mordant, plus engagé, plus politisé. Dressant le portrait d’un ennemi de l’Amérique étatique qui s’est imposé en lanceur d’alerte pour mettre au jour les sombres agissements d’un gouvernement dont il ne pouvait plus cautionner les actes intrusifs et malsains, Oliver Stone avait à cœur de dénoncer, de s’en prendre autant à l’ancienne administration Bush, qu’à l’actuel bureau d’Obama, que l’affaire avait sérieusement ébranlé. Prenant à bras le corps un sujet en or, avec la participation d’un comédien talentueux pour l’incarner (Joseph Gordon-Levitt), Oliver Stone avait tout pour se hisser vers les sommets qu’il a pu côtoyer il y a longtemps. Un sujet corrosif au parfum de scandale, une histoire aux ramifications complexes, l’étalage d’un complot comme il les aime… Tout. Oliver Stone avait tout. Il ne lui manquait plus que sa niaque d’avant et malheureusement, il ne l’a toujours pas retrouvé.snowden_4Snowden aurait pu être intéressant pour ceux qui ne connaissent pas (ou mal) l’histoire de cet idéaliste accusé d’espionnage. Malheureusement, Oliver Stone se montre très partisan envers son sujet, beaucoup trop pour être crédible dans son entreprise. Snowden souffre très vite de l’inévitable comparaison avec Citizenfour, le véritable documentaire de Laura Poitras dont il met en scène les origines. Pour rappel, en janvier 2013, la journaliste américaine Laura Poitras accompagnée de quelques confrères, rencontre Edward Snowden et filme ses révélations. Cet enregistrement deviendra le documentaire CitizenFour, récompensé d’un Oscar en 2015. C’est exactement ce qu’Oliver Stone fictionnalise avec Snowden, la rencontre entre Poitras et Edward Snowden dans un hôtel de Hong Kong. Ce point de départ lui met permet de dérouler l’histoire de ce lanceur d’alerte, qu’il érige en héros des temps modernes. D’emblée, on pourra s’interroger sur la pertinence de faire un film sur un documentaire, film racontant peu ou proue, la même chose que ce dernier au final. Mais derrière, les tares s’accumulent. Snowden n’a jamais ni l’efficacité, ni la richesse et encore moins la complexité de CitizenFour. Oliver Stone se contente de mollement dérouler certains faits en prenant le soin d’être toujours favorable à son sujet et bascule dans la paraphrase terriblement étirée. Citizenfour était bien plus passionnant en cela qu’il ne servait pas la soupe à Edward Snowden, n’hésitant pas à se glisser dans les moindres zones d’ombre qui entourait le personnage. Trop lisse, et au fond davantage intéressé par la glorification de l’acte dénonciateur comme un geste citoyen, plus que par son personnage en lui-même, Snowden finit par dire tout ce qu’il avait à dire en une heure. L’ennui, c’est que l’on en est à peine à la moitié de ce trop long-métrage.snowden_3Derrière, Oliver Stone se retrouve dans l’incapacité de rendre son entreprise réellement palpitante malgré quelques astuces de montage visant (en vain) à dynamiser un récit plat et sans relief. Sans réellement s’y ennuyer, on sent le temps s’écouler entre alanguissement et perte d’intérêt progressif. Snowden manque de recul, manque de neutralité, mais aussi de profondeur et d’analyse. Reste seulement le pseudo-pamphlet d’un cinéaste qui voudrait s’acharner à faire encore du cinéma engagé « comme avant », mais qui est à court de jus et ne peut y parvenir correctement.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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