Nom : Self/Less
Père : Tarsem Singh
Date de naissance : 2015
Majorité : 29 juillet 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h56 / Poids : NC
Genre : Thriller, SF
Livret de famille : Ryan Reynolds (Damian jeune), Ben Kingsley (Damian âgé), Victor Garber (Martin), Natalie Martinez (Madeline), Matthew Good (Albright), Michelle Dockery (Claire), Melora Hardin (Judy), Sam Page (Carl)…
Signes particuliers : Après quelques efforts en demi-teinte, le talentueux plasticien Tarsem Singh va t-il renaître avec ce thriller de SF jouant avec des thématiques chères au cinéma d’anticipation ?
QUAND BEN KINGSLEY DEVIENT RYAN REYNOLDS
LA CRITIQUE
Résumé : Que feriez-vous si on vous proposait de vivre éternellement ? Damian Hale, un richissime homme d’affaire new yorkais atteint d’une maladie incurable, se voit proposer une opération révolutionnaire par le mystérieux groupe Phénix : transférer son esprit dans un corps de substitution, « une enveloppe vide », un nouveau corps jeune et athlétique pour prolonger sa vie. Comment résister à une telle proposition ? Damian Hale procède au transfert et redécouvre les joies de la jeunesse, du luxe et des femmes dans son nouveau corps. Jusqu’au jour où Damian découvre un terrible secret sur l’opération. Un secret pour lequel Phénix est prêt à tuer.L’INTRO :
Plasticien de talent, génie formel, vidéaste incontournable auteur de nombreux clips ou publicités célèbres, Tarsem Singh est aussi un cinéaste rare, comme en atteste ses seulement 5 longs-métrages sur ces quinze dernières années. Des longs-métrages qui ont toujours traduit jusqu’ici, son incroyable maîtrise artistique, du singulièrement complexe The Cell au fabuleux The Fall, de son mal-aimé Les Immortels à sa réinterprétation de Blanche-Neige avec Julia Roberts, son dernier film en date sorti en 2012. Le retrouver aujourd’hui avec le thriller futuriste Renaissances, emmené par Ryan Reynolds et Ben Kingsley, nous laissait plein d’espoirs malgré une carrière souvent durement jugée en constant déclin (et à ce titre, Les Immortels était nettement meilleur qu’on ne veut bien le dire). Sur la base d’un script écrit par les frères Pastor (les réalisateurs ibériques de Infectés et Les Derniers Jours), « Tarsem », pour les intimes, vient se frotter à des ressorts classiques de la science-fiction d’anticipation, l’échange d’enveloppe corporelle et la recherche d’un moyen de prolonger la durée de vie humaine.L’AVIS :
Les intentions du script de Renaissances telles qu’elles sont décrites par les frangins Pastor n’avaient rien de foncièrement originales en soi et en appellent à ces nombreux films d’anticipation questionnant l’éthique, la morale et la déontologie sur la base d’un univers où la science essaierait de faire progresser les limites du corps humain et notre emprise sur elles. On pense à des Limitless, Lucy et autres Transcendance, pour ne citer que quelques exemples récents. Ici, c’est la mortalité et le temps de vie qui sont au centre du film, imaginant un futur proche où la science aurait trouvé un moyen de changer d’enveloppe corporelle quand celle-ci est « périmée » pour basculer dans une plus jeune, synonyme d’un nouvel avenir, d’une nouvelle existence prolongeant notre présence sur Terre. En somme, l’inlassable question de la recherche de la vie éternelle et du combat contre notre tragique mortalité. Dans Renaissances, le temps de vie est quelque-chose de désormais monnayable à prix d’or, et seuls les riches peuvent s’offrir ce luxe expérimental encore tenu secret, dont le commun des mortels ne peut que rêver à distance. L’idée n’est pas sans rappeler le Time Out de Andrew Niccol (et son modèle originel L’âge de Cristal de Michael Anderson). L’ennui, c’est que l’on devine à des kilomètres ce que va être Renaissances et l’on ne pouvait qu’espérer avec Tarsem Singh aux commandes, de voir un film original sur le sujet, pénétrant avec richesse et profondeur existentielle dans un sujet flirtant avec des croyances telles que la réincarnation. Malheureusement, c’est un constat d’échec où nos minces espérances s’envolent très vite. Bien qu’adroitement ficelé et tenu avec savoir-faire, Renaissances ne dépasse jamais son statut de série B aux ressorts poussifs, pour s’efforcer d’embrasser quelque-chose de plus important et dominateur.Ce que l’on regrettera le plus, ce n’est pas tant la qualité du film en lui-même, abonné au « passable » et faisant le job sans rechigner à la tâche, mais le manque de génie créatif injecté par Tarsem Singh, dont le nom rimait jusqu’alors avec fulgurances visuelles. Le cinéaste indien signe un thriller d’anticipation très impersonnel, divertissement fagoté comme une œuvre de commande où son génie n’a quasiment jamais l’occasion de s’exprimer. Suivant une direction très balisée, le réalisateur de The Fall exécute plus qu’il ne met en scène, et livre un travail propre bien que peu passionnant et sans surprise, résonnant comme une coquille vide où les thématiques existentielles attendues se laissent aspirer par la faible volonté de signer avant tout, une distraction aux ambitions éteintes, loin des sommets anticipant notre futur et les plausibles dérives, façon Soleil Vert et consorts. Malgré ses nombreux défauts, Time Out témoignait au moins d’un effort pour transcender son histoire, ce que ne fait quasiment jamais Renaissances, où alors en restant seulement en surface, se limitant à enfoncer des portes ouvertes sur l’angoisse de la mort et le prix à payer pour trouver une issue à la fatalité de notre mort inéluctable.
Porté par la tagline « Et vous, que feriez-vous si vous aviez une seconde chance ? » cherchant plus à vendre un produit qu’une réelle vision d’un auteur sur un sujet moult fois traité au cinéma, Renaissances se laisse regarder davantage comme un thriller à suspens mais ses trop nombreuses limites, narratives et formelles, le contraignent à demeurer dans l’étroit carcan de la petite série B distrayante, mais qui ne laissera pas un souvenir impérissable, loin de là.
LA BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux