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RÈGLEMENT DE COMPTE de Fritz Lang –
Critique – Sortie Blu-ray

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note 8.5 -10
Carte d’identité :
Nom : The Big Heat
Père : Fritz Lang
Date de naissance : 1953
Majorité : 26 novembre 2014
Type : Sortie en Blu-ray
Nationalité : USA
Taille : 1h29 / Poids : NC
Genre : Film noir

Livret de famille : Glenn Ford (Dave Bannion), Gloria Grahame (Debby Marsh), Carolyn Jones (Doris), Lee Marvin (Vince Stone), Alexander Scourby (Lagana),Jocelyn Brando (Katie) …

Signes particuliers : C’est un classique du film noir tourné en 1953 par l’un des maîtres du genre, Fritz Lang, qui sort aujourd’hui dans une édition Blu-ray Collector.

UN FILM NOIR… SUBTIL ET CORSÉ

LA CRITIQUE

Résumé : A la suite du suicide d’un de ses supérieurs, le policier Dave Bannion prend conscience du degré de corruption qui règne chez ses collègues, dans sa hiérarchie et dans le monde politique. La pègre locale décide de le supprimer en piégeant sa voiture, mais c’est sa femme qui meurt dans l’explosion. Aidé d’une amie d’un des criminels, Bannion se lance alors dans une croisade qui va l’amener aux frontières entre justice et vengeance.reglement de compte L’INTRO :

Passé maître du film noir et à suspens dans les années quarante et cinquante (La Rue Rouge, Le Secret derrière la Porte, House by the River, La Femme au Gardénia), le touche-à-tout Fritz Lang signe en 1953 Règlement de Compte (The Big Heat en version originale), énième incursion du génie germano-autrichien dans un registre qui lui sied à merveille puisqu’il lui permet de décortiquer la mécanique du basculement des hommes lorsqu’ils sont confrontés à un fait péremptoire déterminant leur évolution psychologique brutale, autant qu’il lui permet de s’abandonner à ses thématiques favorites, la mort, la culpabilité, la soif de vengeance, la justice et la moralité…reglement de compte 3L’AVIS :

Tourné en seulement quinze jours avec un casting composé du charismatique et complexe Glenn Ford, de la sulfureuse sex-symbol Gloria Grahame (remplaçant une Marilyn Monroe financièrement trop gourmande) ou encore d’un Lee Marvin jeune et saisissant en brute épaisse impitoyable, Règlement de Compte n’est peut-être pas le meilleur film de Lang mais dans tous les cas, une œuvre admirable et riche, en marge de la production de son temps et comme souvent chez le metteur en scène, précurseur et annonciatrice des temps à venir. Car Règlement de Compte sera une influence indiscutable pour les polars des années 60. Singulier et violent, rarement inscrit dans le noir ou dans le blanc, Règlement de Compte est de ces films qui errent dans les eaux troubles de l’entredeux. A l’image de son ancrage au genre par exemple, tour à tour pur film noir ou drame humain terrible et poignant. A l’image surtout de son duo star Ford-Grahame (que Lang réunira de nouveau sur son film suivant, le chef d’œuvre Désirs Humains), parfaite illustration de la façon avec laquelle le film se joue des codes de son registre pour mieux les détourner. Un policier intègre, presque archétypal des films noirs de l’époque, mais qui va virer borderline, poussé à se métamorphoser en ange destructeur recourant à la violence pour expédier sa croisade vengeresse; une femme fatale étonnante, tour à tour vénale et séductrice ou naïve idiote à la fois ravissante, fascinante, superficielle ou détruite par le drame qui la dépasse et auquel elle prend part malgré elle.reglement de compte 2Au-dessus de cette histoire marquée par sa violence montrée, suggérée ou rapportée (suicide en plan subjectif, meurtre déchirant et briseur, torture, maltraitance…), on retiendra surtout la patte Fritz Lang, cette précision de la mise en scène sans déchet, ou chaque plan à son utilité et son importance, dans la narration, dans l’évolution des personnages ou dans la mise en lumière des thématiques du cinéma de son auteur. Une mise en scène inspirée, jouant à merveille avec le champ et le hors champ, avec les cadrages ou la photographie.reglement de compte 4 Règlement de Compte est d’une étonnante modernité, que ce soit dans son récit sur l’écroulement d’un système organisé, dont le fonctionnement huilé sera miné par la quête opiniâtre d’un policier, que ce soit dans l’évolution de l’histoire et des conséquences fatales et cruelles qu’elle fera naître, que ce soit dans la peinture désespérée de l’Amérique gangrénée par la corruption ou dans le portrait intimiste d’un couple « normal » aux difficultés du quotidien jamais occultées. Une modernité qui se retrouve dans la manière dont le cinéaste traduit tout cela en images avec densité, intelligence et génie narratif de la concision, Lang décryptant à merveille les rouages de la pègre et de son fonctionnement lié aux hiérarchies mises à contribution, autant qu’il sait s’y prendre pour faire des incursions intimistes dans la vie de couple. Règlement de Compte est une œuvre bien plus grande qu’il n’y paraît à la première lecture. Un vrai tour de force épatant d’audace et cinématographiquement aussi frontalement sublime que discrètement majeure.

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Test Blu-ray :

Cette sortie du Règlement de Compte de Fritz Lang est un évènement vidéo majeur. Le film est proposé pour la première fois au monde en version HD dans un sublime coffret collector de grande classe réunissant le DVD et le Blu-ray, tous deux accompagnés d’un livre de 208 pages signé Jean Douchet et consacré au cinéma « langien ».

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Techniquement, rien à redire comme souvent avec les très belles éditions estampillées Wild Side. Que ce soit sur le DVD ou le Blu-ray, le film s’offre dans une version partie d’un nouveau master restauré magnifiant l’esthétique de ce film noir singulier. L’alternance entre les cadrages larges emprunt d’un éclairage au ton amèrement désespéré et les plans serrés sur les visages saisissant de puissance évocatrice, ressortent à merveille dans une image magistralement retravaillée. Côté son, Blu-ray comme DVD proposent plusieurs pistes allant du français et de l’anglais en Dolby Digital au mono d’origine 2.0.

Les suppléments soutenant le film sont quant à eux peu nombreux mais prestigieux. Outre la bande-annonce originale, on s’attardera surtout sur les deux entretiens avecc d’un côté Michael Mann et de l’autre, le plus cinéphile des réalisateurs américains : Martin Scorsese. Enfin, le livre exclusif de Jean Douchet généreux de 208 pages viendra parfaitement prolonger l’expérience cinéphilique. L’auteur et critique spécialisé dans l’histoire du cinéma, revient sur le cinéma du maître germano-autrichien, en décryptant sa mise en scène passionnante via 17 scènes clés du film, dessinant ainsi les raisons qui en font l’un des plus grands réalisateurs de tous les temps. Tout cela, photos, illustrations et documents d’archives à l’appui. Une édition donc très complète et un bel objet pour les passionnés.

BANDE-ANNONCE :


Par Nicolas Rieux

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