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PARADISE BEACH de Xavier Durringer : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Paradise Beach
Père : Xavier Durringer
Date de naissance : 2018
Majorité : 20 février 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h30 / Poids : NC
Genre : Polar

Livret de famille : Sami Bouajila, Tewfik Jallab, Mélanie Doutey, Kool Shen, Hugo Becker, Hubert Koundé…

Signes particuliers : Au douzième degré, on pourrait presque en rire.

LA BLAGUE DE L’EXPERT

LA CRITIQUE DE PARADISE BEACH

Synopsis : Une équipe d’anciens braqueurs est arrivée au Paradis : Phuket, sud de la Thaïlande. Désormais commerçants, ils coulent des jours heureux. Jusqu’au jour où le diable débarque : Mehdi, condamné à 15 ans de prison lors du braquage, vient récupérer sa part du gâteau. Seul problème, il n’y a plus de gâteau. Et le diable est affamé. 

Huit ans après son pas inintéressant La Conquête dans lequel il retraçait l’ascension de Nicolas Sarkozy imaginé sous les traits de Denis Podalydès, Xavier Durringer avait de nouveau des envies de cinéma. Ou peut-être des envies de vacances devrait-on dire, puisqu’avec Paradise Beach, on a davantage l’impression de voir une bande s’offrir un séjour tout frais payés en Thaïlande, plutôt qu’une équipe sérieuse et vraiment préoccupée par l’envie de boucler un film digne de ce nom. Après Chok Dee en 2005, Durringer retrouve donc cette Thaïlande qu’il affectionne tant pour un polar à base de braqueurs muscolo-badass qui vont se prendre la tête du côté de Phuket quand un ancien membre de leur équipe (Sami Bouajila) refait surface après quinze ans de prison. Forcément, le gars en a gros sur patate, forcément il veut récupérer sa part du gâteau de leur dernier casse, et forcément il a la dalle.

Magique. Il n’y a pas d’autres mots pour décrire l’expérience qu’est Paradise Beach, sorte d’hallucination cinématographique au comble de la culture du navet poussé au paroxysme du jardinage d’élite. Si Xavier Durringer avait voulu faire une comédie parodique sur l’univers des gangsters, on aurait à la limite compris le degré de nanardisme de son polar plaisantin qui s’auto-couvre de ridicule à chaque seconde avec ses clichés appuyés jusqu’au risible et son déchaînement de scènes au grotesque improbable. Malheureusement, le cinéaste ne fait pas une parodie et se prend au contraire tellement au sérieux avec son affaire atterrante de nullité, que chaque instant de son film devient une entreprise d’autodestruction de sa propre crédibilité. Sorte de croisement truculent entre un mauvais Olivier Marchal boosté à la caricature (et déjà Marchal, c’est gratiné) et une télé-réalité débilitante pour NRJ12 façon Les Marseillais en Thaïlande, Paradise Beach enchaine les tares à la vitesse d’un Gilet Jaune coursé par un troupeau de CRS. Comment ne pas exploser de rire devant ces dialogues d’exception repensant la ponctuation française en faisant de « trou de balle » l’équivalent d’une virgule et de « ta gueule » un point d’exclamation pour boucler une phrase ? Comment ne pas éclater de rire devant ces prises de becs entre « bonhommes » qui croient que la virilité c’est trois tatouages et demi, des « encule ta mère » toutes les 2 minutes et des regards noirs façon videur de boîte de nuit à qui l’on aurait piqué son Kinder Pingui ?

Entre des comédiens en roue libre (voire carrément mauvais comme des cochons), une écriture au firmament du nawak et des idées de mise en scène surréalistes de crétinerie (le coup des morts qui s’effacent progressivement sur une photo carte postale façon Retour vers le Futur, fallait oser quand même), Paradise Beach passe son temps à creuser à la pelle pour s’enterrer six pieds sous terre pendant qu’hilare, le spectateur se demande si on se fout ouvertement de sa gueule ou s’il est victime d’une caméra cachée planquée dans la salle et que tout ce boxon cinématographique est en réalité une vaste blague. Et au sommet de cet ovni impayable où même les scènes d’émotion sont à hurler de rire, une finesse qui ferait passer un show de Patrick Sébastien pour un concert de Jacques Brel. Chapeau l’artiste, on frôle le génie car rater un film à ce point, il fallait franchement le faire.

BANDE-ANNONCE :

Par David Huxley

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