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NUMÉRO UNE de Tonie Marshall : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Numéro Une
Mère : Tonie Marshall
Date de naissance : 2016
Majorité : 11 octobre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre
: Drame, Thriller

Livret de famille : Emmanuelle Devos, Suzanne Clément, Richard Berry, Sami Frey, Benjamin Biolay, Francine Bergé, Anne Azoulay, John Lynch…

Signes particuliers : Après avoir sombré dans la comédie, Tonie Marshall revient avec un film féministe en demi-teinte.

L’ENFER D’EMMANUELLE DEVOS POUR ACCÉDER AU POUVOIR

LA CRITIQUE DE NUMÉRO UNE

Résumé : Emmanuelle Blachey est une ingénieure brillante et volontaire, qui a gravi les échelons de son entreprise, le géant français de l’énergie, jusqu’au comité exécutif. Un jour, un réseau de femmes d’influence lui propose de l’aider à prendre la tête d’une entreprise du CAC 40. Elle serait la première femme à occuper une telle fonction. Mais dans des sphères encore largement dominées par les hommes, les obstacles d’ordre professionnel et intime se multiplient. La conquête s’annonçait exaltante, mais c’est d’une guerre qu’il s’agit.

Il y a quelques années, Tonie Marshall avait tenté de porter le projet d’une série télévisée centrée sur un réseau de femmes d’influence cherchant à infiltrer les milieux historiquement sous coupe masculine, tels que la politique, la presse ou l’industrie. Si le projet n’est pas allé bien loin, la réalisatrice a conservé son idée dans un coin de sa tête, laquelle a fini par germer différemment pour devenir Numéro Une, long-métrage sur le personnage fictif d’Emmanuelle Blachet (Emmanuelle Devos), une ingénieure qui a su gravir un à un les échelons de son entreprise spécialisée dans l’énergie, jusqu’à accéder à son comité exécutif. Lorsqu’un réseau de femmes d’influence la contacte pour lui proposer de l’aider à briguer la présidence d’un grand groupe français coté en bourse, elle y voit l’opportunité de pénétrer dans une toute autre dimension, de devenir la première femme à entrer au CAC 40. Mais la conquête idéalisée va se transformer en une guerre impitoyable contre un milieu très traditionaliste.

Avec un tel sujet, impossible de ne pas voir dans la démarche de Tonie Marshall, la volonté de signer un film féministe et engagé, dénonçant la difficulté pour les femmes, de se faire une place et de se faire respecter dans ces sphères de pouvoir au sexisme ambiant nauséabond. La cinéaste a fait de longues recherches pour nourrir la crédibilité de son œuvre, et autant dire que le portrait dressé, s’il pourra paraître un brin caricatural, n’est que le reflet très exact des anecdotes collectées auprès de concernées directement rencontrées. Numéro Une ou un énième film sur les femmes victimisées et psychologiquement brutalisées par les hommes ? Oui et non. Oui car le film prend racine dans un constat difficilement discutable, et non parce que Tonie Marshall a tenu à s’inscrire dans la démarche inverse, visant un discours réaliste et cruel, mais également positif et porteur d’espoir. Peut-être un peu trop justement, car dans son échappée idéologique, Numéro Une a tendance à flirter avec une forme de naïveté qui lui sied bien mal, mettant en péril la féroce justesse de ses intentions (son personnage principal est très schématique et sa vision d’une gouvernance par une femme reste discutable). Tonie Marshall aura essayé de faire un film le plus objectif possible, moderne et juste dans son approche, mais ses ambitions tombent parfois dans la difficulté quand son effort affronte le côté très manichéen de sa proposition.

Ayant fait le choix d’attaquer son histoire sous l’angle du thriller policito-financier en convoquant les codes du genre pour donner de l’impact à la campagne de lobbying qui accompagne le récit de cette lutte pour le pouvoir, Marshall signe une plongée dans les coulisses de ces milieux opaques où tractations riment avec entourloupes, coups bas, trahisons, arrivisme et fine gestion des intérêts, des amis et des ennemis. Numéro Une est ainsi intéressant pour le tableau de fond qu’il dresse autour de son sujet, plus qu’il n’est passionnant dans sa forme, où une certaine paresse de l’écriture et du style peine à lui insuffler caractère et intensité. On finit par se lasser un peu d’un film qui semble avoir vite abattu ses meilleures cartes, avant de tomber dans une certaine redondance rabâchant son idée générale sans trop savoir quoi en faire, et multipliant les ficelles grossières et autres tours de passe-passe pour avancer. Reste un sujet audacieux et de solides comédiens, Devos en tête, mais aussi Richard Berry, Benjamin Biolay, Sami Frey, Suzanne Clément ou Francine Bergé. En clair, un effort en demi-teinte, qui mise beaucoup sur sa maigre sensibilité mais qui manque surtout cruellement d’ambiguïté et de poigne.

BANDE-ANNONCE :

Par David Huxley

 

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