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MACBETH de Justin Kurzel : la critique du film [Cannes 2015]

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macbethMondo-mètre
note 4 -10
Carte d’identité :
Nom : MacBeth
Père : Justin Kurzel
Date de naissance : 2014
Majorité : 18 novembre 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h53 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Michael Fassbender (MacBeth), Marion Cotillard (Lady MacBeth), Jack Reynor (Malcolm), David Hayman (Lennox), Paddy Considine (Banquo), David Thewlis (Duncan), Sean Harris (MacDuff), Elizabeth Debicki (Lady MacDuff)…

Signes particuliers : MacBeth, ou quand un chef d’oeuvre en puissance devient une torture insupportable…

UN TRÈS BEAU ET TRÈS LONG TUNNEL

LA CRITIQUE

Résumé : Lecture viscérale de la tragédie la plus célèbre et captivante de William Shakespeare, celle d’un vaillant guerrier autant que chef charismatique, plantée sur les champs de bataille au milieu des paysages de l’Ecosse médiévale, Macbeth est fondamentalement l’histoire d’un homme abîmé par la guerre qui tente de reconstruire sa relation avec son épouse bien-aimée, tous deux aux prises avec les forces de l’ambition et du désir…MacbethL’INTRO :

Révélé par Les Crimes de Snowtown qui avait connu les honneurs de « La Semaine de la Critique » à Cannes en 2011 avant de se payer une tournée internationale de plusieurs grands festivals, le cinéaste australien Justin Kurzel (qui dirigera le prochain Assassin’s Creed) est de retour sur la Croisette, mais en compétition officielle cette fois-ci, avec un effort très ambitieux visant à porter à l’écran la célèbre tragédie shakespearienne MacBeth, dans toute sa dimension philosophique et existentielle. Portrait psychologiquement noir et douloureux d’un couple royal sombrant dans la folie après s’être frayé un chemin vers le trône suprême à la force de meurtres et de trahisons, la pièce du dramaturge britannique se prêtait mal à une transposition cinématographique par son verbiage dense reflétant de lentes déchéances mentales dans un univers chaotique en pleine déliquescence. Michael Fassbender et Marion Cotillard devant, Justin Kurzel derrière la caméra, allaient-il réussir l’exploit d’en tirer une œuvre puissante et passionnée ? Réponse au Festival de Cannes, d’où le film est reparti bredouille.

macbeth_fassbender_3L’AVIS :

Dans son effort de transposition viscérale, Justin Kurzel ne s’est jamais posé la question qui aurait dû être dominante, du « travail d’adaptation », préférant coller religieusement au texte originel sans se douter qu’il ne passerait peut-être pas aussi bien à l’écran qu’à l’écrit. Le résultat est sans appel. Quotient beauté : 100%. Quotient pénibilité : 100%. MacBeth est une énième preuve, si besoin était encore de l’affirmer, que la plus grandiose des splendeurs visuelles ne suffira jamais à incarner un bon film. Et malgré la prestation habitée de Fassbender (nettement supérieure à une Cotillard cabotine), rien ne peut sauver ce naufrage qui se voudrait aussi enivrant qu’un Vahalla Rising, auquel il tente vainement d’emprunter l’essence existentialo-tellurique, mais qui se loupe dans les grandes largeurs par la rigidité de son portrait introspectif aussi pesant qu’une armée d’éléphants. On regrette d’autant plus cet état de fait qu’au détour d’un grand nombre de scènes, MacBeth déchire l’écran, soit par une intensité foudroyante, soit par une beauté ahurissante, conférant au chef d’œuvre esthétique saisissant et audacieux. Autant de scènes admirables de puissance transfigurée, mais liées entre elles par des corridors aux allures de tunnels d’ennui. A l’arrivée, ce sont des larmes de sang qui coulent de nos yeux, face à la douleur du spectacle de cette merveille formelle repoussant malheureusement toutes les limites connues du soporifique.

EXTRAIT :

Par Nicolas Rieux

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