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LES MISÉRABLES (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Les Misérables
Père : Tom Hooper
Livret de famille : Hugh Jackman (J. Valjean), Anne Hathaway (Fantine), Russell Crowe (Javert), Amanda Seyfried (Cosette), Helena Bonham Carter (Mme Thénardier), Sasha Baron Cohen (Mr Thénardier), Eddie Redmayne (Marius), Aaron Tveit (Enjolras)…
Date de naissance : 2012 / Nationalité : Angleterre
Taille/Poids : 2h45 – 61 millions $

Signes particuliers (+) : Une très bonne Anne Hathaway. Un pari osé.

Signes particuliers (-) : Le nanar de luxe de l’année. D’une laideur abominable, globalement mal joué et gonflant comme c’est pas permis. Et Hooper qui accumule tous les mauvais choix. Un cas d’école de cinéaste dépassé par son projet à la base bancal.

 

ALLER SIMPLE POUR LE BAGNE POUR TOM HOOPER

Résumé : La célèbre histoire de Jean Valjean, Fantine et Cosette. Dans la France du XIXème siècle, Valjean est un ancien bagnard condamné injustement. Depuis, il a changé de vie, changé de nom mais reste traqué par l’opiniâtre commissaire Javert. Sa rencontre avec Fantine, une jeune femme pauvre à qui il va promettre de tout faire pour sauver sa fille Cosette du destin qui l’attend, va changer le cours de son existence…

Les Misérables de Victor Hugo en musical de 2h45 réalisé par l’académique lisse Tom Hooper, franchement, on se demande bien pourquoi on tremble d’avance comme ça… Le succès de son précédent Le Discours d’un Roi, multicouronné et oscarisé, a propulsé son auteur britannique dans une autre dimension. Pour son troisième long-métrage, Hooper se retrouve à la tête d’un projet aussi dingue qu’ambitieux et courageux, faire une relecture du classique de la littérature française entièrement chanté, dans une version fleuve à la durée épique et au budget conséquent (sans être dément : 61 millions de dollars) et peuplée de stars qui ont dû travailler leurs vocalises. On savait Hugh Jackman et Anne Hathaway doués pour le chant et la danse (voir leur performance aux Oscar 2009), de même que la belle Amanda Seyfried qui avait déjà jouer dans le registre avec Mamma Mia ! On s’en doutait moins en revanche pour le Gladiator viril Russel Crowe et pourtant, le comédien avait commencer sa carrière en se produisant dans des comédies musicales. Comme quoi, tout peut servir un jour. Le premier duo incarne donc Jean Valjean et Fantine alors que les deux suivants jouent respectivement Cosette et l’opiniâtre Commissaire Javert. Complètent cette distribution de gala, Helena Bonham Carter et Sasha Baron Cohen en couple Thénardier ainsi qu’Eddie Redmayne (My Week with Marilyn) et Aaron Tveit (la série Gossip Girl).

Adaptation du musical anglais qui a fait un triomphe sur les planches du monde entier, Les Misérables par Tom Hooper est un pari fou à l’heure où les comédies musicales n’ont plus autant la côte qu’il y a quelques décennies. Mais le retour en grâce du genre suite à quelques succès cinématographiques (Mamma Mia ! ou High School Musical) ou télé (la série Glee) a probablement facilité le montage de ce projet un peu siphonné et sacrément culotté. Entièrement chanté, long d’une durée très conséquente, Les Misérables 2012 a à la fois tout du projet financièrement très risqué et du gros spectacle calibré pour la route des Oscar alors que l’on ne s’est pas encore remis du hold-up « hooperien » en 2009 où Le Discours d’un Roi avait honteusement raflé la statuette au nez et à la barbe de plusieurs grands films, de Inception à Black Swan en passant par The Social Network, Fighter, True Grit ou même Winter’s Bone. Mais bon.

On voulait sincèrement donné sa chance à ces Misérables malgré… malgré beaucoup de choses. Et pour cela, on était prêt à braver les 2h45 qui s’annonçaient pesantes pour voir cette clique pousser la chansonnette au son des mésaventures des Valjean, Fantine, Cosette et consorts. C’était sans savoir dans quoi on mettait les pieds. Et oui, les comédiens ont réellement chanté, et même en direct live sur le plateau puisque Hooper s’était fait un point d’honneur pour donner plus de force à ses prises, de ne pas post-synchroniser les chants enregistrés séparément mais de les tourner en même temps que les scènes. Un tournage qui s’est avéré du coup éprouvant pour les acteurs mais pour un résultat qui ne peut qu’être évidemment supérieur.

Hooper a fait des efforts en prenant la direction opposée à celle du Discours d’un Roi et sa mise en scène léthargique. On savait le cinéaste capable au regard de son premier film, The Damned United mais la crainte de le voir poursuivre dans ce nouveau style empreint d’un classicisme lénifiant n’avait pas de quoi soulever d’émotion. Pourtant, premier constat, Hooper signe un film plus percutant, souvent filmé caméra à l’épaule, objectif collé à ses comédiens, les pieds dans la boue. Une bonne idée qui évite le statique ennuyeux mais malheureusement pour lui, un mauvais choix, encore une fois. Décidément, Hooper est un cinéaste à contretemps, car s’il y avait bien une fois où le classique avait sa place, c’était cette fois là. Sa mise en scène multipliant les gros plans appuyés, s’essayant au rugueux et au viscéral par ses mouvements ballotés, ne colle pas du tout avec son drame historique et dérange plus qu’elle ne sublime un film déjà pas facile à aborder. Car le vrai problème n’est pas tant dans la réal (bien que…) mais dans le choix artistique du musical total et non du drame musical. Comprenez par là que Les Misérables n’est pas West Side Story où les chansons viendraient s’insérer dans un film en temps et en heure mais un film « totalement » chanté de la première à la dernière minute. Un choix qui sur nombre de scènes fait basculer le film dans le ridicule le plus absolu. Voir des personnages chanter pour se dire « bonjour, comment allez-vous » a de quoi poser un léger problème quand même, surtout si l’interprétation n’est globalement pas bonne (en dehors d’une Anne Hathaway impressionnante, Jackman et Crowe semblent cabotiner comme jamais) et annihile en prime ce qui faisait la qualité des comédies ou drames musicaux de la grande époque à savoir, des chansons identifiables et mémorables. On se souvient tous des Maria, Maria ou des I want to live in America car elles ressortaient clairement d’un film ménageant des temps pour les chansons et des temps pour le jeu. Ici, tout est englué dans un métrage au final épuisant en plus d’être d’un kitsch visuel abominable.

Tom Hooper se couvre de ridicule avec un nanar faussement luxueux (mais surtout hideux) réduisant la force du drame cher à Hugo (qui doit se retourner dans sa tombe) à un empilage grossier de séquences mélodramatiques pathétiques tirant incessamment sur la corde sensible pour nous soutirer sanglots, reniflements et pleurnicheries. Bêta et insipide, Les Misérables enfile des sabots si gros et fourrés à la bondieuserie, qu’ils nous donneraient presque envie de conduire son auteur soi-même au bagne pour l’y enfermer pour très longtemps, suffisamment pour qu’il médite à cette trahison « guimauvesque » de l’œuvre de ce pauvre Hugo. C’est avec une envie de se laver les yeux, de s’aérer les oreilles et de se cultiver l’esprit que l’on ressort de ce naufrage artistique, triste spectacle qui vient renforcer l’aura du classique avec Gabin. Sans ligne directrice, comme improvisé par un cinéaste dépassé par les évènements, ce blockbuster de miséreux a la tête qui ne passe plus les portes est une authentique catastrophe hollywoodienne ronflante sans subtilité et au souffle terni par son absence de justesse et d’émotion évacués aux sanitaires par ses allures comiques… involontaires. Douloureux pour nous coincés comme des bagnards affligés, douloureux pour le cinéma de grand spectacle, douloureux tout court et d’emblée, l’un des plus beaux flops de l’année 2013, Les Misérables est un massacre artistique et esthétique qui demande trop d’efforts pour en voir le bout.

Bande-annonce :

2 thoughts on “LES MISÉRABLES (critique)

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