Parmi les immenses icônes de l’âge d’or d’Hollywood, on peut aisément citer Gene Tierney, sublime étoile du cinéma au talent indéniable. Jeune, Gene Tierney avait visité les studios de la Warner et avait croisé par pur hasard le réalisateur Anatole Litvak, qui lui avait conseillé de faire du cinéma tant elle était belle. Belle, elle l’était. Mais pas que. Gene Tierney était aussi intelligente et elle prouvera par la suite qu’elle était également très douée. Ce n’est que bien plus tard que la jeune femme s’inscrira à l’American Academy of Dramatic Arts à New York, célèbre école qui a vu passer de grands noms tels que Katharine Hepburn, Spencer Tracy, Grace Kelly ou Lauren Bacall. Son ascension sera foudroyante. Durant ses premières années de métier, Gene Tierney apparaîtra chez Fritz Lang, John Ford, Henry Hathaway, Von Sternberg ou Lubitsch. Puis elle éblouira les écrans dans des chefs-d’oeuvre comme Laura de Preminger, comme L’aventure de Madame Muir de Mankiewicz ou comme Péché Mortel de John Stahl. Sa carrière lui permettra d’oublier un peu les drames de sa vie, notamment une petite fille née fortement handicapée (sourde, muette et attardée) en 1943 du fait que la comédienne ait contracté la rubéole pendant sa grossesse après avoir été embrassée par une admiratrice malade. De ce malheur, Gene Tierney verra poindre une dépression latente.
Dans les années 50, la carrière de Gene Tierney marque le pas. On la retrouve encore dans des films de réalisateurs de premier plan (Michael Curtiz, Jacques Tourneur, Delmer Daves ou Edward Dmytryk) mais rien n’y fait, le déclin est inéluctable. Jusqu’à ses problèmes de santé… Psychologiquement très fragile depuis plusieurs années, Gene Tierney finira par être internée après des tentatives de suicide et subira la camisole de force et un bon nombre de séances d’électrochocs (32), thérapie dure mais tristement courante à l’époque. Elle ne s’en relèvera jamais. A sa sortie, elle a quasiment été oubliée du petit microcosme hollywoodien et son « retour à la vie » se fera dans un magasin de prêt-à-porter où elle sera employée. Pour les propriétaires des lieux, avoir la malheureuse Gene comme vendeuse était l’assurance de voir des touristes venir pour « admirer la star déchue » surnommée tragiquement « la folle d’Hollywood ». Et Hollywood justement ? Sept ans après son dernier film, elle réapparaîtra dans Tempête à Washington d’Otto Preminger (1962). Quelques autres petits films ou téléfilms suivront avant un triste baisser de rideau.
Par Nicolas Rieux