1999. Le talent de David Fincher explose (encore) avec Fight Club porté par le duo Edward Norton et Brad Pitt. Le film deviendra rapidement culte après avoir été ironiquement un semi-échec à sa sortie. En plus de ne pas avoir marché comme prévu en salles (36 M$ de recettes pour 63 M$ de budget), Fight Club s’était fait littéralement défoncé la tronche par la critique. En France, Libération y voyait un film « assommant » pendant que Les Cahiers du Cinéma parlait d’un « film dégueulasse ». Pour Positif, ce n’était qu’un « produit chic et choc » alors que Télérama pensait à « une mélasse sub-nietzschéenne épicée de violence gratuite ». Mention aux Inrocks qui, très aimablement, sortait « qu’il y en aura encore certains pour trouver ce film inventif et drôle (à condition de supporter un spot publicitaire de 2h15 et le cabotinage de Brad Pitt) » et même Le Parisien, roi de la critique de complaisance, marquait que l’on avait « toutes les chances de sortir intellectuellement diminué d’une telle épreuve » ! Bref, oui Fight Club a pris cher. Mais voilà, aujourd’hui, c’est un classique, un film qui a vite été réhabilité, un film peut-être incompris par certains à l’époque, peut-être trop moderne pour les vieux critiques d’un autre temps qui l’ont malmené. Analysé sous toutes ses coutures depuis tant sa richesse est pharamineuse, Fight Club a fait couler beaucoup d’encre et usé bien des doigts sur des claviers. Réhabilitation méritée pour ce très grand film.
Au cœur de Fight Club, une violente et mordante critique de la société et notamment, de sa culture du consumérisme effréné. Pour ajouter un petit clin d’œil discret et emprunt d’ironie à ce propos, David Fincher s’est amusé à glisser et/ou dissimuler une tasse Starbucks dans quasiment chaque scène du film ! Starbucks comme emblème du consumérisme ? Oui, un peu, même si un gobelet MacDonald’s aurait été plus évocateur. C’est Fincher lui-même qui avait révélé le « coup » sans trop en dire, de sorte que les fans du film puissent s’arracher les cheveux à essayer de toutes les repérer. Depuis, une idée artistique est devenu un véritable jeu pour cinéphiles. Et le pire, c’est que Starbucks était dans le coup ! On en viendrait presque à se demander si la récente « bourde » dans Game of Thrones (un gobelet Starbucks oublié sur une table dans une scène) n’était pas en réalité un « coup monté et orchestré » pour faire de la pub gratos à la marque.
David Fincher explique… « Quand je suis arrivé à Los Angeles en 1984, il était impossible de trouver en ville une bonne tasse de café pour sauver votre journée. Puis Starbucks est arrivé avec cette idée géniale : vendre du bon café. Mais quand l’affaire s’est moise à marcher et que Starbucks est devenu une entreprise à succès, il y en avait un tous les 2-3 rues ! C’était l’overdose d’un truc bien. Quand on leur a fait lire le script du film, ils savaient exactement ce qu’on allait faire mais ils étaient prêt à se moquer un peu d’eux-mêmes« . Et le « running gag Starbucks » de rejoindre l’une des idées du film à savoir que l’art est perverti et devenu un business. Car oui, outre-Atlantique, un bon café c’est presque de l’art (vous n’avez vraiment pas idée de la chaude pisse qu’ils boivent, sauf si vous avez déjà eu l’occasion d’y aller et de goûter ce qu’ils appellent « café »). Fincher de rajouter : « On s’est bien amusé à faire ça. Il y a une tasse Starbucks dans chaque scène du film. Je n’ai rien de personnel contre Starbucks bien entendu, ils ont voulu faire un truc bien mais ils sont devenus juste trop successfull« .
Allez, quelques exemples en images… (vous en trouverez plein d’autres sur le net).