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LE GAUCHER (critique – western)

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note 8
Carte d’identité :
Nom : The Left Handed Gun
Père : Arthur Penn
Livret de famille : Paul Newman (Billy le Kid), Lita Milan (Celsa), John Dehner (Pat Garrett), Hurd Hatfield (Moultrie), James Congdon (Charlie), James Best (Folliard), Colin Keith-Johnston (Tunstall)…
Date de naissance : 1958
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h40 – Budget NC

Signes particuliers (+) : La prestation du jeune Paul Newman et l’excellence d’Arthur Penn pour conduire ce drame passionnel.

Signes particuliers (-) : Le film est fondé sur une erreur historique majeure découverte des années plus tard.

 

UN GAUCHER PAS SI GAUCHE

Résumé : Le jeune William Bonney dit « Billy » est recueilli errant dans le désert par un propriétaire terrien qui le prend en charge. Lorsque son protecteur va être assassiné dans une embuscade organisée par des rivaux, Billy va se charger de le venger par gratitude. La légende de Billy le Kid commence…

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En trente ans de carrière, Arthur Penn n’aura pas réalisé un très grand nombre de film dont trois westerns. Mais par contre, la plupart sont au choix, de bons films ou des classiques que l’histoire du cinéma retiendra ad vitam eternam. Avant les Poursuite Impitoyable, Bonnie and Clyde et autres Little Big Man, Arthur Penn était un homme de théâtre que ses activités sur les planches de Broadway ont conduit vers le cinéma. Fortement influencé par le cinéma européen et sa nouvelle vague naissante, le cinéaste va alors incarner les prémices d’une transformation du cinéma hollywoodien aux côtés de quelques autres comme Sam Peckinpah, ouvrant la voie à tout une génération qui débarquera dans la foulée et composée de noms tels que Spielberg, Scorsese, Lucas ou Coppola. Pionnier d’un cinéma moderne tournant le dos aux codes d’un ancien, Penn incarnera un renouveau thématique et surtout narratif et visuel.

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Pour son premier film en 1958, Arthur Penn choisit d’évoquer l’histoire, adaptées à de nombreuses reprises, du célèbre tireur/gangster de l’Ouest, Billy le Kid. Pour interpréter le jeune gamin effronté personnifiant cet Ouest sauvage en plein essor, il va choisir un petit débutant qui n’a fait que quelques films pour le moment et qui a encore beaucoup à prouver, un certain Paul Newman. C’était l’acteur James Dean qui devait à la base camper le criminel mais son tragique décès a bouleversé les plans initiaux. Ce jeune premier de substitution aux yeux bleus (ce qui se voit guère puisque le film est en Noir et Blanc) va devoir apporter nuance et profondeur à un personnage qui doit être sympathique et empathique pour le public tout en étant, au fond, un criminel perdant vite tout état d’âme, radical, ingérable et presque sociopathe. Et Penn, aidé par le jeune acteur, de parvenir à capter toute la richesse de ce personnage faisant partie de ceux qui ont bâti la légende de l’Ouest dans un film anti-crépusculaire.

Le gaucher

Arthur Penn prend quelques libertés ou du moins fait pas mal de raccourcis avec l’histoire réelle de Billy le Kid mais propose en tout cas une version du mythe du célèbre hors la loi à la fois superbe et profonde. Le Gaucher tente surtout d’humaniser la légende et de la présenter sous un jour différent du simple hors la loi célèbre et impitoyable. Le réalisateur novice développe le personnage sur le plan psychologique et le replace dans une histoire à la Fureur de Vivre exaltant les émotions et lui conférant une dimension psychanalytique passionnante. Paul Newman interprète un hors la loi complexe, gamin paumé à la fois attendrissant et touchant de naïveté et de sensibilité et la fois violent et sans limite. Billy Le Kid n’est plus ici seulement un mythe glorifié et déformé. Il devient surtout le symbole, pour l’époque, d’une jeunesse désemparée, perdue et sans repère à la recherche d’un respect et d’un amour qu’elle n’a pas ou pas eu. Paul Newman livre une interprétation sublime d’un jeune homme démesuré et excessif auquel la mise en scène d’Arthur Penn rend justice. Si le prologue et la présentation sont peut-être un trop rapides narrativement parlant et notamment les 25 premières minutes qui auraient mérité d’être étoffées pour plus d’équilibre sur l’ensemble, le reste du métrage est d’une puissance qui fait qu’avec le Pat Garrett et Billy le Kid de Sam Peckinpah, cette adaptation fait partie des meilleurs qui soient sur la vie de la légendaire Terreur de l’Ouest.

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Western original préfigurant les biopic modernes et résolument tragique dans ses allures de drame profond et analytique, loin du manichéisme traditionnel des personnages l’époque, Le Gaucher est une œuvre vertigineuse démystifiant l’Ouest américain et ses légendaires hors la loi pour ancrer son histoire dans une réalité aussi subtile qu’intelligente. On ne pourra donc que ne pas être regardant sur les quelques défauts mineurs et sur la contre-vérité établie. Non, Billy Le Kid n’était pas gaucher ! Une erreur dont la preuve irréfutable ne sera apportée que bien des années plus tard (la légende se basant sur les portraits de l’époque ayant oublié que la technique des photos des premiers temps inversait l’image au tirage).

Bande-annonce :

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