Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : The Awakening
Père : Nick Murphy
Livret de famille : Rebecca Hall (Florence Cathart), Dominic West (Mallory), Imelda Staunton (Maud), Isaac Hempstead-Wright (Tom), Lucy Cohu (Constance), Joseph Mawle (Judd)…
Date de naissance : 2011
Nationalité : Angleterre
Taille/Poids : 1h46 – 3 millions £
Signes particuliers (+) : Un film d’épouvante efficace durant ses deux premiers tiers, marchant aux jump-scare des plus classiques mais qui fonctionnent et à une atmosphère sourde. Visuellement, le film est splendide.
Signes particuliers (-) : Le film ne cesse de copier d’autres qui ont tout fait avant lui. Le dernier acte sombre dans le ridicule faute d’une écriture un poil plus maligne.
L’ÉVEIL DU FANTÔME
Résumé : 1921. Dans l’Angleterre post-Première Guerre Mondiale. La célèbre écrivain est scientifique spécialisé dans les fantômes, Florence Cathart, reçoit la visite de Robert Mallory, un professeur travaillant dans un internat. Mallory vient lui demander son aide car le manoir serait hanté et les enfants terrifiés. Florence s’y rend dans le but de dévoiler la supercherie qui doit sous-tendre les soi-disantes apparitions…
Quoi de neuf sous les cieux du film de fantôme ? Que du vieux en fait. Témoin, La Maison des Ombres sorti en DVD l’été dernier et réalisé en 2011 par l’anglais Nick Murphy avec au générique la belle Rebecca Hall et Dominic West. Un film qui s’est baladé de festival en festival, de Gérardmer où il a glané quelques prix notables (le prix du jury entre autres) au BIFFF bruxellois en passant par Toronto ou Londres. Réalisateur de documentaires et de séries télé pour la BBC, Nick Murphy signe ici son premier long-métrage et bénéficie d’un budget de 3 millions de livres pour emballer ce film fantastique revisitant pour la énième fois le thème archi-rebattu ces temps-ci du film de manoir hanté par un fantôme qui a quelque-chose à dire, on suppose pour se libérer de sa condition d’errant. Et pour la touche un peu plus « élégante », l’action se situe dans les années 1920, au lendemain de la tragique Première Guerre Mondiale qui a défiguré l’Europe. Il y a comme un curieux air de déjà-vu là-dedans… Ah oui, Les Autres d’Alejandro Amenabar par exemple, il n’a pas fallu chercher bien loin.
A l’instar de l’excellent film de l’ibérique réalisé en 2001, The Awakening (ou La Maison de l’ombre en français) mélange ambiance angoissante, « effets de peur » destinés à terrifier et faire sursauter le spectateur capté par l’atmosphère sinistre et lugubre dans cette immense bâtisse accueillant un pensionnat pour enfants, et élégant parfum historique avec une belle reconstitution des années 20 britanniques. Appliqué, Nick Murphy élabore un beau suspens reposant sur des fondements assez classiques du genre et réussi à construire une atmosphère captivante, du moins durant sa première heure. Avec sa mise en scène à la fois simple et élaborée donnant la part belle aux images magnifiques de ces lieux austères et non sans une pointe de gothique dans l’âme, le cinéaste s’inspire du meilleur de la nouvelle génération de l’horreur européenne, espagnole en tête, du film évoqué d’Amenabar aux films de Guillermo Del Toro, L’Echine du Diable en tête, en passant par L’Orphelinat de Bayona, mais aussi du style anglais de la Hammer ou français avec le Saint-Ange de Laugier. On ne pourra toutefois pas accuser le cinéaste d’avoir marché sur les plates bandes de La Dame en Noir de James Watkins sorti la même année, car les deux métrages ont été réalisé en même temps, mais l’esprit et le style restent similaires, témoin d’un nouvel élan du cinéma britannique pour des films fonctionnant plus à l’angoisse qu’à l’horreur pure.
Durant deux bons tiers, The Awakening tient parfaitement la route et parvient sans peine à nous embarquer dans son histoire qui tient en haleine essentiellement grâce à son ambiance. Nick Murphy ne propose pourtant pas grand-chose de bien novateur mais le soin apporté à sa mise en scène léchée (superbe photographie au passage), la crédibilité de son récit et le rythme plutôt soutenu dans les séquences fantastico-effrayantes sans trop en faire, font plus qu’illusion dans un film qui réussit à se montrer intéressant et angoissant, laissant le souffle en apesanteur par sa faculté à surprendre avec des « trucs » auxquels on a pourtant été sevré ces dernières années par une surexploitation du genre. Oppressant, La Maison des Ombres bénéficie également d’un scénario soigné dans ses petits détails qui étoffent une histoire et qui rendant au passage, ses personnages suffisamment attachants pour que l’on ait envie de s’intéresser à leur parcours et à leur aventure mystique dans un film questionnant (sans trop de profondeur non plus) des thèmes comme la vie et la mort. Sombre, soutenu par un classicisme de ton visuellement splendide, intrigant, The Awakening avait tout pour lui jusqu’à malheureusement un dernier tiers qui accuse une baisse de régime notable et qui vient s’égarer laborieusement dans une direction à twists pas des plus finaudes. Nick Murphy fait compliqué et emprunte des chemins tortueux pour finalement nous amener vers une résolution de son intrigue assez décevante dans son envie de surprendre le spectateur à tout prix. Le réalisateur patine alors dans un dernier tiers qui perd de son emprise, moins intéressant, moins intense et plus poussif dans sa quête de surprise finale. Si dans un premier temps, on serait même tenté de hurler à l’incohérence narrative, c’est parce qu’il nous prépare un amoncellement de rebondissements dramatiques qui, dans leur enchaînement maladroit, finissent par trouver du sens. L’ambiance prenante instaurée depuis le début décline alors pour disparaître dans une théâtralité dommageable s’harnachant à des codes faciles et éculés que bien ont traité en mieux avant lui. Murphy se perd en route à trop avoir voulu faire compliqué là où il n’était pas difficile de faire simple. A emprunter des portes ouvertes qu’il traverse sans se prendre l’encadrement en pleine figure, il finit par se rater sur la seule qui été restée close par son récit, qu’il enfonce sans ménagement pour nous ouvrir vers un final maladroit et bordélique, à la limite du facile et du prévisible.
Inédit en salles, La Maison des Ombres déçoit par son inconstance et frustre surtout par son incapacité à résoudre adroitement une énigme brillamment construite pendant plus d’une heure intense et réussie. Rebecca Hall apportait sa beauté simple et son jeu subtil à son personnage de traqueuse de supercheries fantomatiques à mi-chemin entre incrédulité et envie de croire, de même que Dominic West donnait de l’épaisseur à son personnage d’ancien soldat de la grande guerre aux cicatrices morales et physiques apparentes. Deux protagonistes vivant avec leurs traumatismes et évoluant dans une histoire haletante mais qui perd de sa crédibilité en virant dans son final, au grand n’importe quoi superflu et artificiellement imaginé. Mais malgré cette baisse qualitative, The Awakening reste tout à fait regardable, essentiellement pour sa première heure qui devrait contenter les fans du genre par sa maîtrise. A défaut d’être original, on se rabattra sur son efficacité et sa solidité presque de bout en bout.
Bande-annonce :
Comment expliquez-vous la fin où on ne comprend rien!