Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : La French
Père : Cédric Jimenez
Date de naissance : 2014
Majorité : 03 avril 2015
Type : Sortie DVD, Blu-ray
(Éditeur : Gaumont Vidéo)
Nationalité : France
Taille : 2h15 / Poids : 26 M€
Genre : Policier, Biopic
Livret de famille : Jean Dujardin (Pierre Michel), Gilles Lellouche (Zampa), Céline Sallette (Jacqueline), Mélanie Doutey (Christiane), Benoît Magimel (Le Fou), Guillaume Gouix (Alvarez), Bruno Todeschini (le banquier), Feodor Atkine (Gaston-Deferre), Gérard Meylan (Ange Mariette), Eric Collado (Robert), Moussa Maaskri (Franky), Cyril Lecomte (Da Costa), Bernard Blancan (Lulu), Eric Fraticelli (Bianchi), Pierre Lopez-Badosa (frère Zampa)…
Signes particuliers : Pour son second long-métrage, le natif de Marseille Cédric Jimenez passe au polar et s’intéresse à l’organisation criminelle surnommée « la French Connection » au travers du duel acharné entre le Juge Pierre Michel et le truand Gaëtan Zampa.
LA FRENCH : UN POLAR SOIGNEUSEMENT MANUCURÉ
LA CRITIQUE
Résumé : Marseille. 1975. Pierre Michel, jeune magistrat venu de Metz avec femme et enfants, est nommé juge du grand banditisme. Il décide de s’attaquer à la French Connection, organisation mafieuse qui exporte l’héroïne dans le monde entier. N’écoutant aucune mise en garde, le juge Michel part seul en croisade contre Gaëtan Zampa, figure emblématique du milieu et parrain intouchable. Mais il va rapidement comprendre que, pour obtenir des résultats, il doit changer ses méthodes. L’INTRO :
Deux ans après le thriller Aux Yeux de Tous, le réalisateur Cédric Jimenez enchaîne avec son second long-métrage de fiction, un ambitieux polar « historique » revenant sur la confrontation épique entre le jeune juge Pierre Michel, dépêché au Grand Banditisme dans le Marseille des années 70 et Gaëtan « Tany » Zampa, parrain de la mafia phocéenne derrière la très célèbre organisation baptisée « la French Connection », qui avait déjà inspiré le cinéaste William Friedkin avec son classique oscarisé de 1971 porté par Gene Hackman. Couvrant une période d’environ six ans, entre 1975 et 1981, La French réunit deux amis à la ville pour incarner son les deux faces de son duel d’opposition, Jean Dujardin dans la peau du Juge Michel et Gilles Lellouche, qui endosse le costume du terrifiant Tany Zampa. Autour de ce duo choc, une pléiade de comédiens talentueux et hétéroclites allant de Céline Salette à Mélanie Doutey, de Benoît Magimel à Guillaume Gouix, en passant par Bruno Todeschini, Feodor Atkine, Gérard Meylan ou Eric Collado (qui a bien changé depuis l’époque des comiques Nous C Nous avec son pote Dujardin).L’AVIS :
À la fois factuel et stylisé, solide et soigné, La French est exactement ce que l’on en attendait. Un polar tout en tension, en puissance et en énergie, dessinant une fresque criminelle qui swingue au rythme d’une bande originale d’enfer, magnifiant le face à face redoutable entre deux adversaires opposé sur un ring de boxe appelé Marseille. Vaste partie d’échec gangstériste entre le Bien et le Mal, se permettant quelques incartades pour troubler son manichéisme (un Juge qui en appelle à des méthodes limites pour répondre à celles de son adversaire et un criminel qui arriverait presque à être touchant au-delà de sa cruauté apparente), La French est la quintessence du cinéma moderne de policiers et de voyous, à la fois mordante et usant parfaitement des codes du genre actuel, tout en se payant un ton rétro convoquant le bon cinoche des années 70 (voire 80) et témoignant de la culture cinéphile de son auteur, qui glisse discrètement ça et là, quelques plans référentiels à French Connection, à Scarface, à Scorsese, à Melville, à Lautner et les autres.De la reconstitution sublimement vintage d’une époque à sa BO démente, de l’interprétation solide (malgré quelques dérives cabotines) à sa narration serrée, efficace et dense, La French est du bon cinéma de gangster percutant. Un biopic partiel habile et maîtrisé, documenté et hautement cinématographique, riche et haletant, avec peu voire aucun coups de mous, où l’on ne sent pas le temps passé à être ainsi plongé dans cette guerre contre le crime rondement menée. L’obstination d’un homme plein de convictions virant à l’obsession aveuglée vs un caïd tout en nuances, tel est le propos d’un polar qui confirme bien une chose : voilà un genre que l’on maîtrise décidément bien dans nos contrées. La French confirme toutes ses promesses et mène sa barque avec virtuosité, entre suspens, violence, drame psychologique et même un zeste d’humour. On regrettera seulement une fin un peu expédiée et employant quelques raccourcis éloignant le film de l’histoire réelle. Pour le reste, cette French est réalisée avec grande application, montant en régime tout au long de sa terrible chronique désenchantée.
LE TEST BLU-RAY/DVD ET LES SUPPLÉMENTS
Une fois n’est pas coutume, pour ceux qui seraient amenés à être hésitant sur le choix de la galette à s’offrir, on vous orientera très vite vers le Blu-ray de La French, aussi bien pour des raisons techniques que pour des raisons de richesse de l’édition. D’abord, parce que le Blu-ray arbore une très une belle image, plus respectueuse des choix du metteur en scène Cédric Jimenez, notamment au niveau du grain et de la photographie d’ambiance (un peu trop parfois, cela dit, avec une image qui par moments manquera un peu contraste). de son côté, le DVD se veut techniquement plus faible, avec une image davantage baveuse et marquant cruellement de netteté. Une préférence marquée qui se prolongera jusque dans les bonus.
Le Blu-ray de La French propose notamment en exclusivité (et donc absent du DVD), un long making-of de près de 53 minutes, très complet pour tout savoir des coulisses du film. Passionnant, riche et varié, il entrecoupe par de nombreuses images du tournage, des interviews du réalisateur Cédric Jimenez, des comédiens Gilles Lellouche, Jean Dujardin ou Céline Salette, mais aussi de l’accessoiriste ou de la coutumière, qui peuvent ainsi revenir sur le travail de reconstitution des années 70. Jimenez parle ainsi longuement de tous les aspects de son long-métrage, évoquant son casting rêvé qui s’est finalement matérialisé, son travail sur certaines scènes spécifiques ou avec ses acteurs. On découvre un cinéaste très soucieux de la direction des comédiens, très minutieux et toujours à l’écoute de ses partenaires. On se retrouve rapidement en immersion totale au plus près du tournage grâce à de nombreuses scènes de vie et de travail sur le plateau. Le tout complété par quelques prises ratées (comme un fou rire entre Jean Dujardin et Guillaume Gouix) et anecdotes, comme le fait que la première scène tournée par une Céline Salette à peine débarquée sur Marseille, fut la scène difficile et exigeante de fin. Autre supplément, commun celui-ci au DVD et au Blu-ray, 7 minutes de scènes coupées. On s’y attardera guère car la grande majorité sont des plans ou de brefs passages anecdotiques, à l’intérêt très limité. Aucune séquence sera suffisamment marquante pour que l’on se pose la question du choix de la coupe.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux