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LA FAVORITE de Yorgos Lanthimos : critique et test Blu-ray

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : The Favourite
Père : Yorgos Lanthimos
Date de naissance : 2018
Majorité : 12 juin 2019
Type : Sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : USA
Taille : 2h00 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique

Livret de famille : Emma Stone, Rachel Weisz, Olivia Colman, Nicholas Hoult…

Signes particuliers : 10 nominations aux Oscars, 1 prix. L’injustice de l’édition 2019.

LE MEILLEUR FILM DE YORGOS LANTHIMOS

LA CRITIQUE DE LA FAVORITE

Synopsis : Début du XVIIIème siècle. L’Angleterre et la France sont en guerre. Toutefois, à la cour, la mode est aux courses de canards et à la dégustation d’ananas. La reine Anne, à la santé fragile et au caractère instable, occupe le trône tandis que son amie Lady Sarah gouverne le pays à sa place. Lorsqu’une nouvelle servante, Abigail Hill, arrive à la cour, Lady Sarah la prend sous son aile, pensant qu’elle pourrait être une alliée. Abigail va y voir l’opportunité de renouer avec ses racines aristocratiques. Alors que les enjeux politiques de la guerre absorbent Sarah, Abigail quant à elle parvient à gagner la confiance de la reine et devient sa nouvelle confidente. Cette amitié naissante donne à la jeune femme l’occasion de satisfaire ses ambitions, et elle ne laissera ni homme, ni femme, ni politique, ni même un lapin se mettre en travers de son chemin.

On n’arrête plus Yorgos Lanthimos. Un an et des brouettes après la sortie de son Mise à Mort du Cerf Sacré qui avait connu les honneurs d’une sélection en compétition officielle à Cannes, le cinéaste est déjà de retour avec La Favorite, un film en costume ultra-nommé aux Oscars et réunissant Emma Stone, Rachel Weisz, Olivia Colman et Nicholas Hoult. Il faut dire que ça se bouscule au portillon pour tourner avec le génie grec depuis le triomphe de The Lobster. Avec La Favorite, Lanthimos nous entraîne dans l’Angleterre du XVIIIème siècle, pour une plongée amusée, voire parfois délirante, dans les coulisses de la Cour de la reine Anne Stuart.

Des costumes pompeux, du parquet qui craque, du faste et des dorures, des duels au pistolet, des bougies et des tunnels de dialogues sur fond de tragédie baroque… Non merci, le menu n’intéressait pas monsieur Lanthimos. Après avoir révélé un style bien à lui, marqué par une humour entre l’acerbe et le cynique, Yorgos Lanthimos déboule dans un genre qu’il va dégommer comme un chien dans un jeu de quilles. Le metteur en scène dépoussière le registre du film en costume en l’approchant avec un modernisme surprenant, sans toutefois jouer la carte du formalisme décalé façon Marie-Antoinette. Dans le récit comme dans les dialogues ou la mise en scène, La Favorite ose un style qui tranche, un rythme vif, un langage qui détonne, et un récit qui conjugue les jeux de pouvoir au féminin puisque les « héros » sont des « héroïnes ». Avec une virtuosité du geste qui éclabousse l’effort d’un panache assez sidérant (même si l’on n’est pas toujours très fan de ces plans disgracieux utilisant de larges focales déformantes), Yorgos Lanthimos signe une sorte de délicieuse tragicomédie aux griffes acérées, lesquelles empoignent le récit entre rire, drame, ironie et cruauté.

Mais pour qui a vu The Lobster pour ne citer que lui, on sait que Lanthimos n’est pas adepte d’un cinéma gratuit et dénué de profondeur. Il le prouve encore une fois avec une œuvre fascinante de multiplicité dans ses niveaux de lecture. En creux de ce regard historique sur la cour britannique du XVIIIème, le film déploie un discours fleuri et impertinent sur la bassesse des hautes sphères de pouvoir. Les personnages y sont tous fielleux, vils, égoïstes, cruels, lâches et manipulateurs. Toujours en quête d’un commentaire politique adossé sur un langage aussi aiguisé que des lames tranchantes, Lanthimos déguise la pertinence de son propos, s’amusant d’une époque lointaine pour composer un miroir de celle d’aujourd’hui, où rien n’a fondamentalement changé. Pour bien ancrer sa proposition, le cinéaste n’hésite pas à enlaidir ses protagonistes, comme un masque extérieur de leur laideur intérieure qui jaillit dans leur apparence, leurs actions ou leur parlé. La Favorite devient ainsi une satire mordante sur la médiocrité humaine, la cupidité, la soif de pouvoir et l’envie rapace de gravir l’échelle sociale pour les uns ou de tenir son rang et ses privilèges pour les autres. Pour faire vivre cette pseudo farce amèrement dramatique et délicieusement rieuse, un trio de comédiennes formidables (Emma Stone, Rachel Weisz et Olivia Colman régalent) qui n’hésitent pas à beaucoup donner d’elles-mêmes dans un jeu de jubilation pervers. Et alors que l’élégance se mêle au grotesque, que le trivial épouse un esthétisme raffiné ou que les sentiments s’opposent aux rivalités, La Favorite d’apparaître comme le meilleur film de Lanthimos à ce jour, le mieux maîtrisé de bout en bout et délesté des petits défauts d’équilibre qui pouvaient habiter ses beaux efforts précédents. Un régal jouissif, grinçant et virtuose !

LE TEST BLU-RAY DE LA FAVORITE

Parce que La Favorite est clairement l’un des meilleurs films de l’année, on espérait une édition Blu-ray à la hauteur de ses nombreuses nominations aux Oscars. Autant dire que celle éditée par la 20th Century Fox souffle le chaud et le froid. Côté chaud, on soulignera la qualité de l’image absolument à tomber. La définition est admirable, respectueuse du grain de la pellicule (le film n’a pas été tourné en numérique) comme de ses innombrables détails visuels. En dépit de quelques mouvements de caméra que la compression a du mal à suivre, on est dans de la haute volée. En revanche, le son est un peu plus versatile. Si la piste VOST nous offre un puissance DTS-HD Master Audio 5.1 d’une précision impeccable, la piste VF apparaît un peu plus en-dessous, moins fine, moins balancée, moins aboutie. Mais la vraie déception vient surtout des suppléments. Quatre scènes inédites pour un total de deux minutes (et une seule vraiment intéressante) et un making-of de 22 minutes seront les seules choses à se mettre sur la dent. Si le making-of est assez original dans sa conception, il reste néanmoins un peu court sur pattes et n’offre pas un panorama complet de la production du film. Une pointe de frustration reste au final.


BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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