Carte d’identité :
Nom : Jurassic World
Père : Colin Trevorrow
Date de naissance : 2014
Majorité : 10 juin 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h04 / Poids : 150 M$
Genre : Aventure, SF
Livret de famille : Chris Pratt (Owen), Bryce Dallas Howard (Claire), Ty Simpkins (Gray), Vincent D’Onofrio (Hoskins), Jake Johnson (Lowery), Irrfan Khan (Simon), B.D. Wong (Dr Wu), Omar Sy (Barry)…
Signes particuliers : 14 ans après le dernier volet en date signé Joe Johnston, la saga culte Jurassic Park fait son grand retour à l’écran dans un nouvel opus à double tranchant, à la fois sauvé et entravé par sa démarche. Le réalisateur Colin Trevorrow s’est efforcé de revenir aux sources du film originel de Steven Spielberg par un film qui s’inscrit dans son sillage et dans sa continuité. Spectacle solide, haletant et référentiel, Jurassic World est donc porté par sa proximité d’avec le classique de 1993 et fait oublier le médiocre troisième chapitre, mais dans le même temps, il souffre d’une comparaison perdue d’avance, et qu’il développe de lui-même.
LE PARC EST OUVERT
LA CRITIQUE
Résumé : L’Indominus Rex, un dinosaure génétiquement modifié, pure création de la scientifique Claire Dearing, sème la terreur dans le fameux parc d’attraction. Les espoirs de mettre fin à cette menace reptilienne se portent alors sur le dresseur de raptors Owen Grady et sa cool attitude.L’INTRO :
Le train de la nostalgie est en marche. En 1993, on découvrait stupéfait Jurassic Park, chef d’œuvre et film culte de Steven Spielberg adapté du roman de Michael Crichton. L’île de Isla Nuba, un parc à thème révolutionnaire créé par un milliardaire aux allures de grand-père sympathiquement mégalo, des dinosaures ressuscités, un petit groupe venant tester le spectacle promis… et les déboires que l’on connaît tous. « Dieu crée les dinosaures. Dieu détruit les dinosaures. Dieu crée l’homme. L’homme détruit Dieu. L’homme crée les dinosaures. Les dinosaures mangent l’homme.« . 22 ans plus tard, la phrase emblématique prononcée par le scientifique Ian Malcolm (Jeff Goldblum) n’est plus qu’un lointain et mauvais souvenir. En 2015, le parc est enfin ouvert et opérationnel, drainant des touristes du monde entier. Et Jurassic World s’apprête à ressusciter la franchise, 14 ans après le décrié troisième volet signé Joe Johnston. Allez savoir pourquoi mais étrangement, ce quatrième opus de la saga est né sous une bonne étoile. Depuis le lancement du projet, Jurassic World excite, suscite l’impatience, emballe les fans. Dès mai 2014 et une première photo officielle tweetée par le réalisateur Colin Trevorrow, Jurassic World est devenu l’un des films les plus attendus de l’année 2015. Pourquoi ? Certainement pas pour son auteur, Trevorrow demeurant un choix aussi audacieux qu’étonnant avec son unique réalisation primée à Sundance et inédite en France (Safety not Guaranteed). Parce que son casting affiche un fort capital sympathie entre le cool Chris Pratt, la belle Bryce Dallas Howard et notre Omar Sy national ? Parce que le cinéaste semble être passionnément attaché au film originel du barbu Spielberg, ici producteur exécutif et dont l’ombre plane au-dessus du projet ? Ou peut-être parce qu’enfin, la saga remet les pieds sur la mythique Isla Nuba, l’île où tout a commencé, en promettant monts et merveilles ? Toujours est-il que les dernières bandes annonces avaient, au choix, soit encore un peu plus attisé les torrents de salive, soit déçus certains qui n’y voyaient qu’un déluge de numérique aux furieux accents de blockbuster hollywoodien rappelant le dernier et dispensable opus en date. Le temps de l’espérance est de toute manière terminé, l’heure est au verdict…L’AVIS :
Pour ceux qui redoutaient le pire après être restés dubitatifs devant des images laissant transpirer quelques craintes prévisibles de se trouver confrontés à un actioner sans saveur, soyez rassurés, Jurassic World est finalement une bonne surprise. Soucieux de bien faire, Colin Trevorrow a mis tout en œuvre pour essayer de coller au modèle originel tout en sachant pertinemment, qu’il restera éternellement en retrait d’un classique dont l’aura n’a jamais été ternie en 22 ans. Le réalisateur livre un spectacle solide, bien troussé malgré son inexpérience, généralement agréable avec son récit trépidant, sa générosité sans faille et ses CGI d’excellente facture. Et s’il ne parvient pas toujours à cristalliser ses volontés, c’est avant tout car Jurassic World est animé d’une philosophie presque schizophrène qui trouble sa noble démarche. En réalité, ses défauts ne sont que le fruit d’un retour de bâton de ses intentions louables à vouloir évoluer dans une proximité trop irradiante d’avec le classique originel de 1993. Il était clair dès le départ que toute tentative de comparaison avec le chef d’œuvre initial de Steven Spielberg allait s’avérer aussi inutile qu’improductive. De fait, il était important de juger sur pièce ce quatrième opus en le déchargeant du fardeau que représente l’héritage de Jurassic Park, premier du nom. Malheureusement, l’erreur commise par Trevorrow est de nous pousser bien malgré nous, à ce test comparatif auquel on avait à cœur de ne pas s’adonner.Projet enflammé par ses bonnes intentions de départ, l’incendie « excitatoire » est finalement atténué par le fait que le cinéaste essaie de toutes ses forces de marcher sur les traces de son aîné en enfilant des chaussons trop grands pour lui. Colin Trevorrow ambitionnait un retour aux sources souhaité et espéré par les fans tout en s’efforçant de trouver sa propre voie dans la saga. Une philosophie hésitante, à la fois louable et périlleuse mais qui, à l’arrivée, ne lui rend pas service et paradoxalement, le sauve dans le même temps de la catastrophe. A trop vouloir renouer avec l’esprit de Jurassic Park, ce nouveau chapitre finit par confondre hommage et copiage logiquement inférieur, au point que les trop nombreux points communs partagés, poussent le spectateur à un parallèle que Jurassic World aurait gagné à éviter. Multipliant les délicieux clins d’œil référentiels adressés au spectateur en mode fan servicing nostalgique et reprenant les fondements de la structure narrative du chapitre inaugural, Trevorrow finit par livrer une sorte de nouveau Jurassic Park bis. Sur l’échelle jurassienne, voilà ce qu’est à l’arrivée ce quatrième acte, le fils génétique d’un premier volet auquel on est allé piquer l’ADN encore conservé dans la sève. On frôle le inception cinématographique ! Ainsi, on retrouve grosso modo dans cette résurrection à deux doigts du croisement entre la suite et le reboot, le même canevas, un déroulé narratif très similaire, des intentions très proches, et des personnages quasi-équivalents, que ce soit directement ou dans les fonctions qu’ils occupent dans le récit. Sauf qu’à faire dans la redite, le film de Colin Trevorrow s’expose à l’évoquée comparaison et perd la bataille sur quasiment tous les points. Heureusement pour lui, Spielberg à l’époque, avait placé la barre tellement haute, que même inférieur, Jurassic World parvient à s’en tirer avec les honneurs à ainsi rester dans son sillage sans broncher. L’effort en sera de fait très prévisible et sans surprises, mais il parvient à maintenir le cap en redressant la barre d’une franchise abîmée par un troisième volet qui virait trop dangereusement vers la série B de pacotille à la saveur aussi fade qu’était inexistante sa vision cinématographique ayant trahi l’essence même de la saga jurassique.Sans peine meilleur que ce dernier, formellement moins bien mis en scène que le second acte et presque naturellement inférieur au premier Jurassic qui restera ad vitam eternam la pierre angulaire dominant la saga, Jurassic World tient en tout cas une place de choix dans la franchise, et si l’on parvient à occulter la sensation de revoir Jurassic Park en moins bien, le spectacle répondra alors aux attentes placées entre ses mains, assurant la continuité de la série en l’amenant vers une direction impeccablement justifiée par le scénario, qui se paye au passage, une petite métaphore facile du cinéma hollywoodien en général, voyant le public se lasser de ce qu’il a déjà-vu et l’obligeant à redoubler d’efforts dans la démonstration spectaculaire obsédante pour satisfaire ses exigences, quitte à déraper dans sa quête du plus gros, plus impressionnant, plus sensationnel (en somme, toute l’intrigue au centre de ce nouveau film). Une direction dont on notera qu’elle ouvre très logiquement la porte à des suites possibles, mais qui auront du mal à trouver un moyen de ne pas se diriger vers le clone du second volet cette fois-ci, sorti en 1997.Dans tous les cas, malgré son inexpérience, Colin Trevorrow ne loupe pas le rendez-vous qu’il avait avec les fans. Très rapidement, la musique impériale de John Williams retentit, très rapidement, les retrouvailles avec l’île d’Isla Nuba provoquent le frisson, très rapidement le parc à succès dévoile sa magie et très rapidement, les dinosaures sont à l’honneur dans un long-métrage qui leur taille logiquement la part belle avec un bestiaire large où les incontournables répondent présents à l’appel alors que les nouveaux tentent de s’imposer, même si l’attraction principale, le redouté Indominus Rex, ne parvient jamais à s’élever au niveau de terreur qu’inspirait jadis le légendaire T-Rex. C’est toute la triste histoire de l’entreprise Jurassic World finalement, qui propose de très bonnes choses mais inlassablement en-deçà de son modèle, nous laissant entre petite déception et satisfaction quand même de retrouver un semblant de Jurassic Park. Et J.W. d’être un peu à l’image de son parc à thème, un spectacle extasiant mais qui fait des sorties de route mettant en péril l’entreprise. Heureusement pour lui, elles n’ont pas des conséquences aussi tragiques mais affaiblissent seulement sa position. Et comme son parc manque d’une nouvelle attraction forte sidérant le public, Jurassic World manque lui d’une (ou plusieurs) scène forte, qui resterait gravée dans les mémoires. Le premier les enchaînait par dizaines, le second en avait quelques-unes à son compte (l’attaque des raptors dans les hautes herbes est entrée dans les annales). Jurassic World, lui, manque d’iconisme. Il manque de beaucoup de choses mais l’essentiel de son absence de saveur suprême, s’incarne à n’en pas douter dans cette qualité régulière qui lui permet de tenir la cadence, mais qui manque de points d’orgue transcendant le spectacle proposé.A commencer par des personnages globalement sympathiques et qui répondent tous à des homologues à chercher dans le film originel, le charisme, l’étincelle et le capital attachement en moins, tous se révélant plus fades, plus plats, plus creux. Dès lors, difficile de vibrer d’angoisse quand l’empathie ne fonctionne pas aussi bien qu’elle le devrait. En d’autres temps, on était terrifié et sous pression devant les péripéties des Sam Neill, Laura Dern, Jeff Goldblum, Samuel L. Jackson ou le duo de gamins Ariane Richard & Joseph Mazello. Même le sort des « méchants » était source d’un stress abominable, à l’image de la rencontre mythique entre le saboteur Dennis Nedry (Wayne Knight) et le dilophosaure cracheur de venin. Ici, Chris Pratt, Bryce Dallas Howard ou le nouveau tandem de gamins, ne parviennent jamais à nous communiquer leurs émotions. Sans parler de notre Omar Sy national, visiblement rajouté comme un cheveu sur la soupe à l’histoire et qui n’a quasi aucune utilité dans le récit. Résultat, Jurassic World se rabat davantage vers le film d’aventure, au demeurant réussi, à défaut de pouvoir renouer avec le pouvoir terrorisant de son modèle et son sens de l’équilibre parfait. On frémit très rarement devant J.W. mais fort heureusement, l’intensité du spectacle vient rattraper cette faiblesse.Néanmoins, avec son intrigue bien ficelée, son sens de l’action savamment dosée, son graphisme et production design de qualité, son humour étonnamment très second degré assumé (le coup des talons) et ses effets spéciaux parvenant à un bon compromis entre le numérique et l’animatronique, Jurassic World réunit tous les ingrédients nécessaires à une nouvelle immersion propre et impeccable dans l’univers Jurassic qui nous avait tant manqué. En soi, ce quatrième chapitre contente, rassure, et s’en sort plutôt honorablement face à la pression de toucher à un mythe sacré. Son absence de prise de risque aide, il faut bien avouer. A coup sûr, Jurassic World devrait même combler toute la nouvelle génération qui n’aura pas vécu la claque de 1993 car dans les faits, Trevorrow récite adroitement sa leçon. Les fans de la première heure, eux, auront peut-être plus de maille à partir avec l’effet de redite dont la qualité n’égale pas (et ne pouvait égaler) le maître-étalon. Comme un bon plat d’un traiteur doué ne sera jamais l’équivalent de son pendant version restaurant gastronomique cuisiné avec soin au fourneau, Trevorrow n’est pas Spielberg. Il n’empêche qu’on le remerciera d’avoir remis la franchise sur le droit chemin.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
J’hésitais à aller voir le film car les premières critiques étaient mauvaises. En fait j’ai pas été déçu mais agacé du début jusqu’à la fin. Ça tient pas debout. Une looongue séquence sur les enfants. Plus de figurants à L’écran que de dinosaures. Dialogues pas bien écrits, du langage courant, un pitch qui tient en une ligne. Un nouveau dinosaure improbable. Pas deux personnes qui ont sursauté dans la salle. Un film écrit par un gamin, une violence graphique évitée donc pas peur. Une sorte de téléfilm à dino à gros budget. Même les effets spéciaux ne surprennent pas alors qu’il y a 23ans de différence avec le premier film! Un peu d’accélération à la fin mais ça tient pas debout. Et Spielberg derrière, j’y crois pas.
Pas nul, mais raté. Vous êtes prévenus !
Je te trouve un peu dur sur ce coup-ci, même si je partage beaucoup de tes arguments. Après, le téléfilm à dino, c’est plutôt le Jurassic Park 3 ça !
Bonjour,
je me permets de relever deux erreurs dans votre chronique:
1. « Très rapidement, la musique impériale de John Williams retentit, très rapidement… » —> Bien que des thèmes du premier film soient utilisés, la bande originale de Jurassic World est de Michael Giacchino.
2. « […] la rencontre mythique entre le saboteur Dennis Nedry (Wayne Knight) et les raptors. » —-> Dennis Nedry ne rencontre jamais les vélociraptors. Il est en revanche confronté à un dilophosaure.
Merci Mathieu pour le Dilophosaure, ça m’avait fait tiquer aussi ^^
Mathieu, très juste poru le dilophosaure. Je pensais à deux idées en même temps et ça s’est mixé du coup. En revanche, c’est bien de la musique originelle de Williams dont je parle pour le début du film et non celle (de soutien) de Giacchino. Ce n’est pas une erreur.