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FRANCES HA de Noah Baumbach
DVD – critique (comédie)

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note 4.5
Carte d’identité :
Nom : Frances Ha
Père : Noah Baumbach
Livret de famille : Greta Gerwig (Frances), Mickey Sumner (Sophie), Michael Esper (Dan), Adam Driver (Lev), Michael Zegen (Benji), Grace Gummer (Rachel), Juliette Rylance (Janelle), Patrick Heusinger (Patsh)…
Date de naissance : 2012
Majorité au : 5 novembre 2013 (en DVD)
Nationalité : USA
Taille : 1h26
Poids : 7 millions $

Signes particuliers (+) : Une actrice épatante qui porte à elle-seule sur ses épaules, avec énergie et conviction, cette douce comédie référentielle délurée.

Signes particuliers (-) : Frances Ha, comme son titre l’indique d’emblée, est un film qui tient presque entièrement sur son personnage-star. Attachante et/ou irritante, l’avenir et l’impact du film dépendra totalement du ressenti de chacun éprouvé envers ce singulier personnage. Nous, elle nous a agacée. Profondément. Éperdument.

 

FRANCES HA… L’AIDE !

Résumé : Frances, jeune New-Yorkaise, rêve de devenir chorégraphe. En attendant, elle s’amuse avec sa meilleure amie, danse un peu et s’égare beaucoup…

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L’INTRO :

Quand tout le monde s’enthousiasme passionnément pour une œuvre qui ne s’attire que de bons échos, il faut toujours qu’il y ait cette petite voix gonflante qui s’élève au milieu du concert de louanges, la fausse note énervante qui n’est pas d’accord là où tout le monde semble l’être. Pas de bol, pour Frances Ha, c’est nous qui nous y collons, assumant sans vergogne ce « mauvais rôle ».

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Frances Ha, c’est le nouveau film du cinéaste new-yorkais Noah Baumbach, auteur il y a trois ans de la subtile comédie dramatique Greenberg avec Ben Stiller. Pour son septième long-métrage, Baumbach se plante amoureusement dans sa ville au carrefour des arts, tel un Woody Allen moderne, et signe une petite comédie indépendante centrée sur son étonnant personnage de Frances, jeune femme excentrique et déracinée qui ère et s’égare en cherchant sa voie. Cette fameuse Frances, c’est l’actrice Greta Gerwig, vue dans Sex Friends, To Rome with Love ou justement Greenberg de Baumbach, et qui a par ailleurs co-écrit le scénario de cette douce folie mélancolico-décalée.

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L’AVIS :

Juger Frances Ha comme un bon ou un mauvais film reviendrait à prendre le problème dans le mauvais sens. Car le souci majeur avec le film de Noah Baumbach n’est pas vraiment pragmatique, il ne s’agit pas d’une simple question de qualité intrinsèque mais plutôt un problème de l’ordre de l’affinité, à la manière du récent Inside Llewyn Davis des Frères Coen. Les deux œuvres n’ont strictement rien en commun sur le fond comme sur la forme, mais elles partagent ce trait fondamental de ne pas être un véhicule vers l’univers de leur personnage mais d’incarner leur personnage. Plus clairement, dans les deux cas, ces deux films ne reposent pas sur leur héros (ou anti-héros selon la vision personnelle) mais SONT leur héros qui y monopolise l’espace et constitue leur unique force motrice. Tout va dépendre alors de la perception personnelle et du ressenti de chacun vis-à-vis de ce « mur porteur » à la fois soutien indispensable à la tenue de l’édifice artistique et pièce imposante et incontournable. Il va donc y avoir deux catégories de spectateurs. D’un côté, ceux qui seront séduit par cette pimpante et attachante Frances, fofolle instable, irrationnelle, désorganisée, déjantée, immature et rigolote, et de l’autre, ceux qui l’a trouveront aussi irritante qu’insupportable. Frances, c’est un peu tout ça, sauf que pour certains, son visage premier l’emportera sur le second et pour d’autres, ce sera l’inverse. Et pour nous, ce fut l’inverse…

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Si de premier abord elle n’est pas dénuée de charme avec son ton doux-amer, son énergie euphorisante et son rythme enlevé magnifié par un épatante et excellente Greta Gerwig, la joviale comédie de Noah Baumbach a ce don de finir par agacer ceux qu’elle n’entraînera pas dans sa valse semi-drolatique semi-mélancolique. Partant de là, c’est le début d’un long calvaire qui aura ce don d’excéder à chaque scène, à chaque séquence, à chaque instant saisi de la vie de son personnage sur le mode de la chronique doucement amusée qui n’amuse pas. Frances Ha devient alors horripilant avec son ton épisodique et son esthétique en noir et blanc qui passerait presque pour une caricature d’un cinéma d’auteur néo-rétro-brouchouille, noyé dans un patchwork confus qui se veut une chronique-comédie mais qui finit surtout en OFNI bordélique pas loin du clip déroulant sa playlist cool (et que je te balance de quoi caresser dans le sens du poil en montrant que je suis hype, avec les Stones, Bowie ou McCartney) au gré d’une forme de prétention bien mal dissimulée. Baumbach affiche ses influences alignées sans ménagement ni discrétion les unes à la suite des autres, pour bien étaler sa culture du cinéma européen en général, allemand en particulier et surtout sa fascination envers la Nouvelle Vague française (Godard, Truffaut…) avec un vague fond emprunté à Cassavetes.

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Frances Ha se veut irrésistible et succulent, et l’est sans nul doute pour beaucoup. Sauf que question d’affinité et de sensibilité personnelle probablement, cet auto-pastiche d’un cinéma indé-new-yorkais nous a rebuté, à l’image de son lumineux personnage, sa principale force et dans le même temps son point noir.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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