Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : The Fate of the Furious
Père : F. Gary Gray
Date de naissance : 2017
Majorité : 12 avril 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h16 / Poids : 230 M$
Genre : Action
Livret de famille : Vin Diesel, Dwayne Johnson, Jason Statham, Charlize Theron, Ludacris, Tyrese Gibson, Michelle Rodriguez, Nathalie Emmanuel, Scott Eastwood, Kurt Russell, Helen Mirren, Lucas Black, Elsa Patacky…
Signes particuliers : Pas le meilleur opus de la saga mais encore un sacré spectacle totalement fun !
UN NOUVEAU DÉLUGE D’ACTION
LA CRITIQUE DE FAST & FURIOUS 8
Résumé : Maintenant que Dom et Letty sont en lune de miel, que Brian et Mia se sont rangés et que le reste de l’équipe a été disculpé, la bande de globetrotteurs retrouve un semblant de vie normale. Mais quand une mystérieuse femme entraîne Dom dans le monde de la criminalité, ce dernier ne pourra éviter de trahir ses proches qui vont faire face à des épreuves qu’ils n’avaient jamais rencontrées jusqu’alors. Des rivages de Cuba au rues de New York en passant par les plaines gelées de la mer arctique de Barrents, notre équipe va sillonner le globe pour tenter d’empêcher une anarchiste de déchaîner un chaos mondial et de ramener à la maison l’homme qui a fait d’eux une famille.
Il y a les blockbusters ricains alimentaires et oubliables, et il y a la saga Fast & Furious, sorte d’excroissance hollywoodienne super-protéinée où la seule règle existante se résume à une absence totale de limites dans le sur-spectacle fun et archi-portnawak. Depuis 2011 et le cinquième chapitre de la franchise aux bagnoles qui font des cascades à toute berzingue, la saga Fast & Furious a redéfini son essence pour devenir une perpétuelle et frénétique recherche du « over-the-top », chaque épisode se devant de repousser encore plus loin, les délires assénés par son prédécesseur. Surtout, depuis ce même chapitre 5 jadis réalisé par Justin Lin, la saga a cessé de se limiter au « fast » de ses courses de voitures armées de moteurs supra-gonflés en chevaux, pour virer vers des mastodontes d’action invitant vraiment le « furious » dans la danse. Ainsi, on se demande sans cesse ce que la saga va bien pouvoir nous sortir de son chapeau en terme de séquences ultra-spectaculaires à l’improbabilité aussi excitante que jouissivement exagérée. Dans le détail, on restait sur l’excellent opus réalisé par James Wan, lequel avait parfaitement intégré les codes de la saga et avait su les magnifier dans une savoureuse orgie pop-cornesque alliant déluge d’action ébouriffante et surréaliste, humour dévastateur nourri aux punchlines ravageuses, et iconisme au second degré génial. Plus clairement, c’est depuis que la saga Fast & Furious s’est mise à assumer son furieux grand n’importe quoi faisant du grotesque, tout un art de la grandiloquence, qu’elle est devenue jubilatoire, à l’image de ce monumental saut des bagnoles en parachute dans l’opus précédent. Et c’est désormais ce que l’on attend de chaque nouvel épisode de la série la plus musclée du moment : des dérapages cinématographiques parfaitement contrôlés où les courses de bagnoles sont désormais intégrées dans des films d’action totalement tarés. Restait la peur, un jour, de l’enrayement du moteur et de l’essoufflement de la machine, surtout après la mort tragique de l’emblématique Paul Walker, ce huitième chapitre étant le premier sans la présence de la star initiale.
Avec ce huitième opus, la saga F&F se retrouve confrontée à un problème que l’on avait vu venir de loin. Après avoir grimpé dans les tours depuis trois chapitres pour toujours doubler son prédécesseur dans la course à la folie déjantée du spectacle total, il était prévisible que le moteur de la franchise connaisse un jour quelques à-coups contraignant l’imbattable bolide à perdre une manche. C’est le cas cette fois-ci avec un épisode loin d’être loupé, mais un peu en-deçà des derniers méfaits de la série. L’heure de l’essoufflement serait-elle venue ? Oui et non. Clairement, Fast 8 n’est pas au niveau des frappadingues 6ème et 7ème opus. Si on devait le comparer à une référence préexistante, on aurait plutôt tendance à évoquer le 5ème film de Justin Lin, soit un blockbuster solide et dans l’esprit de la saga, mais pas le meilleur chapitre vu ces dernières années. En cause, son scénario d’une part, et la mise en scène de F. Gary Gray (Straight Outta Compton) ensuite.
Côté écriture, la saga F&F ne nous a jamais habitué à une grande finesse. Au contraire, elle s’est toujours présentée comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, armée d’un haut sens de l’exagération bodybuildée cultivant le nawak le plus absolu, avec un panache incarné dans son second degré résolument fendard. Sauf qu’on marchait à fond dans le délire sans jamais vraiment se poser de questions sur la crédibilité de ce que l’on nous racontait. Mais malgré cette bienveillance des spectateurs davantage focalisés sur les embardées épiques de l’action que sur les recoins du script, Le Destin des Furieux (son titre américain) peine à maîtriser la grossièreté de son histoire très (trop) artificielle, alors que le film glisse plus d’une fois hors piste à force de sortir de son chapeau, des ressorts et rebondissements flirtant avec le ridicule. Ces derniers viennent par ailleurs, s’ajouter à une trame générale parfois incohérente, franchissant la ligne jaune du contrôle de son caractère grotesque que l’on aimait tant. A force de tirer le scénario par les cheveux, ils ont fini par casser et la sortie de route est seulement rattrapée par le plaisir coupable que l’on prend encore, devant cette nouvelle débauche d’agitation hystérique et complice, rondement menée par nos furieux copains de cinoche.
Reste l’essentiel. Et pour çà, Fast 8 assure toujours le job avec panache, malgré la semi-déception de la mise en scène de F. Gary Gray, plus fonctionnelle et spectatrice que virtuose et inspirée. Très préoccupé par son devoir d’efficacité suprême, lui qui dirige pour la première fois un blockbuster d’action de cette envergure (et on ne l’avait déjà pas senti au top sur la série B qu’était Le Négociateur), le cinéaste n’a pas su se lâcher pour se laisser aller à toutes les audaces créatives et sa mise en images se cantonne souvent aux mêmes artifices un brin démodés et utilisés abusivement (les ralentis par exemple). A sa décharge, on admettra qu’il n’était pas évident de passer derrière James Wan, dont le génie geek avait su faire des merveilles. Néanmoins, entre ses hallucinantes séquences d’action ultra-musclées (les voitures qui pleuvent dans New-York, la scène de la prison ou toute la partie en Russie), son sexisme bien appuyé qui régalera encore le public masculin, et son humour qui fait mouche, essentiellement imputable à l’éternel sidekick rigolo Tyrese Gibson et à la savoureuse battle virile entre Dwayne Johnson et Jason Statham qui nous gratifie de punchlines fracassantes, Fast 8 est un bolide de divertissement menant efficacement son affaire en s’appliquant à contenter les fans venus admirer un spectacle toujours aussi dantesque, à condition de débrancher le cerveau pour bien profiter de l’inénarrable force de la saga : reformuler les bases de la médiocrité cinématographique pour les transformer en des sommets de fun hallucinant. Et dire que c’est parti pour encore trois épisodes au moins ! Le plaisir n’est pas prêt de s’arrêter mais il va falloir tout de même, trouver de nouvelles idées et faire davantage exister les dernières recrues secondaires invitées dans la bande (Nathalie Emmanuel ne sert strictement à rien et Scott Eastwood aura besoin de s’affirmer pour prendre le relai d’un Kurt Russell prêt à passer le flambeau). Bref, sans être un must à afficher en tête de gondole de la franchise, Fast 8 offre ce que l’on venait y chercher, et c’est déjà pas mal pour une saga qui célèbre son huitième anniversaire !
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux