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EXCISION de Richard Bates Jr.
Festival – critique (drame horrifique)

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excisionMondo-mètre :
note 3.5
Carte d’identité :
Nom : Excision
Père : Richard Bates Jr.
Livret de famille : Annalynne McCord (Pauline), Traci Lords (Phyllis), Ariel Winter (Grace), Roger Bart (Bob), Jeremy Sumpter (Adam), John Waters (William), Malcolm McDowell (Mr Cooper), Matthew Gray Gubler (Mr. Claybaugh), Ray Wise (Principal Campbell), Marlee Matlin (Amber)…
Date de naissance : 2012
Majorité au : inédit
Nationalité : USA
Taille : 1h21
Poids : Budget NC

Signes particuliers (+) : Le potentiel de ce drame psychologico-horrifique est évident. Et à de rares moments, Richard Bates Jr. le touche du bout des doigts.

Signes particuliers (-) : Malheureusement, Excision est l’illustration qu’un bon court-métrage ne fait pas forcément un bon long-métrage. Son auto-adaptation est ennuyeuse, poussive et pire, le cinéaste tourne en rond autour de son sujet et son personnage sans trop savoir quoi en faire si ce n’est essayer de le souligner non sans prétention.

 

COURT-MÉTRAGE vs LONG-MÉTRAGE

LA CRITIQUE

Résumé : Une lycéenne perturbée développe une obsession sur la médecine et fantasme de pratiquer des opérations chirurgicales sur les autres élèves…

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L’INTRO :

Son excellent court-métrage s’étant taillé une belle réputation en 2008, le jeune cinéaste Richard Bates Jr. se voit accorder le privilège d’en pouvoir le transposer en long-métrage. Quatre ans plus tard, sort Excision, récit de la déchéance d’une adolescente pas bien dans sa peau (normal, elle est moche), pas bien dans sa tête (normal, elle est tarée) et fascinée par la chirurgie et tout ce qui attrait à l’intérieur du corps humain. Pauline ne fantasme pas comme toutes ses camarades sur les garçons, les fringues ou les bijoux. Non, elle, ses fantasmes l’emmènent plutôt du côté des entrailles, des autopsies, des dissections…

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Avec un petit budget en poche et une structure de production indépendante comme soutien, Richard Bates Jr. va développer son drame psychologico-horrifique qui fera le tour de quelques festivals de renom comme Sundance, avant d’atterrir chez nous à L’Etrange Festival. Au casting, une pléiade de beau monde qui ne manque pas de piquer notre curiosité au vif. La star pauline, c’est la bombe Annalynne McCord que Bates va enlaidir puissance 1000 au point de la rendre repoussante avec tout ce qu’il faut d’herpès, de vêtements hideux et de caricature d’une allure générale de lesbienne refoulée à l’air bizarre et psychotique. Autour d’elle, la culte Traci Lords, Roger Bart (Hostel II), Matthew Gray Gubler (Esprits Criminels) mais aussi Ray Wise, John Waters ou encore Malcolm McDowell… Du beau monde qu’on vous disait !

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L’AVIS :

Sur le papier, Excision avait tout du drame d’horreur fascinant dans la façon dont il allait disséquer la psychologie tourmentée d’une véritable dévissée du ciboulot en nous entraînant dans une ambiance mêlant étrange, glauque, sordide et craspec. La réalité est toute autre. C’est même impressionnant de voir la décharge d’ennui couplée à la haute-dose de pénibilité que délivre ce Excision, véritable torture cinéphilique doublée d’une prétention sans borne. Richard Bates Jr. joue la carte du trash bizarre dégueulasse, comme si David Lynch rencontrait Cronenberg dans l’univers d’un pseudo-Lucky McKee pathétique, néo-réal pompeux qui se croit malin et talentueux sans vraiment l’être. L’humour noir appuyé était sans doute censé conférer second degré à la chose mais rien ne prend dans ce monument d’ennui lourdingue et rebutant qui confirme bien l’adage selon lequel, certains courts-métrages sont parfaits… en court-métrages.

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Bates essaie de proposer une alternative aux tortures porn à la mode, qui pullulent ces dernières années avec un succès qui ne démérite pas. Excision se veut plus intelligent, plus subtil, basé sur une vraie vision d’auteur au lieu de répondre à des codes facilement reproductibles et bas du front. L’imagerie déployée est intéressante, l’ambiance malsaine, le personnage complexe, mais rien n’y fait, Excision ne prend pas et assomme, faute de savoir conjuguer avec habileté, comme chez le modèle McKee, cinéma de genre et psychologie torturée. Mais le réel handicap du film est plus à chercher dans le fait que Bates tourne autour de son sujet comme il tourne autour de son personnage, sans trop savoir visiblement comment l’exploiter sur la durée minimale d’un long-métrage (résultat, il se contentera d’un court 80 minutes). Le cinéaste tombe alors dans la répétition inlassable de ses scènes « chocs » qui résonnent les unes avec les autres sans trouver de voie crédible pour progresser en attendant le petit final efficace et plein d’ironie, qu’il nous a concocté.

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Excision le film, plaît visiblement beaucoup, au point de s’être à son tour taillé une belle petite réputation, probablement pour l’originalité de son approche du cinéma de genre, si tant est qu’on le classerait ici. Sauf qu’il s’agit là d’une fausse originalité. Bates ne ressasse que du déjà-fait ailleurs, autrement, et en mieux, et accouche d’une œuvre laborieuse et redondante, à ne clairement pas mettre entre toutes les mains, à commencer par celles du badaud recherchant juste du fun. Mais pas seulement. Car voilà une belle déception.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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