A l’occasion de sa venue à Paris il y a quelques semaines, dans le cadre du festival Séries Mania, nous avions eu l’occasion de rencontrer le comédien Bobby Cannavale, fantastique héros de la série Vinyl produite par Martin Scorsese et Mick Jagger.
La série Vinyl : L’histoire de quarante ans de musique à travers les yeux de Richie Finestra, un producteur de disques qui tente dans les années 70 de faire renaître de ses cendres son label en trouvant de nouveaux sons et de nouveaux talents alors qu’il traverse sa crise de la quarantaine. Drogue, sexe, punk et disco deviennent son quotidien…
Retrouvez Vinyl à partir du 18 juin, tous les samedis à 20h40 sur OCS City.
En tant qu’acteur, est-ce difficile de jouer un tel personnage, très excentrique et instable ?
Bobby Cannavale : En un sens, oui. C’est un challenge et c’est ce qui m’a motivé à le faire. Il est si différent de ce que je suis. C’était fun à faire du coup. J’ai essayé de lui apporter un peu de ma personnalité.
Qu’aimez-vous ou que détestez-vous chez Richie Finestra ?
Bobby Cannavale : J’aime beaucoup de choses et je ne déteste rien ! (rires). J’aime son intensité, sa passion, ses croyances, ses goûts, j’aime ses certitudes, sa nature désespérée. Je me retrouve dans certains de ses traits. J’aime vraiment sa passion, c’est quelqu’un de totalement passionné, on ne peut pas lui enlever ça.
Il est comme une sorte de composition de plusieurs véritables personnes du milieu du rock de cette époque, comme Rocco Laginestra ou Neil Bogart…
Bobby Cannavale : Pas à ma connaissance. Personne ne m’a jamais dit que c’était basé sur qui que ce soit de réel. Je sais qui est Neil Bogart ou Rocco Laginestra, mais on ne m’a jamais dit que c’était basé sur eux ou d’autres. J’ai lu beaucoup de livres parlant de cette époque de l’industrie musicale, j’ai rencontré certaines personnes, j’ai passé du temps avec elles, j’ai fait des recherches… Clive Davis, Seymour Stein, Danny Golberg, Danny Fields ont été d’une grande aide. Mais les personnages de la série sont totalement fictifs. Vous savez, j’étais à une cérémonie au Rock and Roll Hall of Fame la semaine dernière, et j’ai rencontré beaucoup de monde du milieu. La plupart avaient regardé la série. Tous se projetaient dans les personnages de la série. C’était assez amusant. Ça prouve bien que ce n’est pas basé sur une personne en particulier.
Justement, pourriez-vous nous parler un peu des recherches que vous avez pu faire et avez-vous appris des choses qui vous ont surpris ?
Bobby Cannavale : J’ai toujours aimé lire des biographies sur le rock, surtout sur les groupes que j’aimais comme Led Zeppelin ou Eric Clapton. Mais c’était des livres centrés sur des groupes ou des personnes. Au final, je ne connaissais pas grand-chose sur le milieu en lui-même. Ce qui m’a le plus surpris, c’est de découvrir à quel point le milieu du crime organisé tournait autour de cette industrie. Le crime organisé exploitait beaucoup les jeunes chanteurs, surtout les jeunes chanteurs afro-américains. Ils en tiraient beaucoup d’argent.
Avez-vous passé des auditions pour le personnage ?
Bobby Cannavale : Non. On m’a fait passer le projet pendant que je travaillais sur Boardwalk Empire en me demandant si j’étais intéressé. La réponse a été rapide.
La drogue est un presque un personnage à part entière. Avez-vous fait des recherches là-dessus aussi, pour savoir comment jouer quelqu’un d’aussi addict à la cocaïne ?
Bobby Cannavale : Oui, j’ai pris beaucoup de coke ! (rires) Non en fait, les gens le savent moins mais j’ai beaucoup joué au théâtre et j’ai déjà joué des personnages de ce type. J’avais déjà fait ce genre de recherches, j’avais rencontré des gens, j’avais assisté à des réunions d’anciens drogués… Martin Scorsese m’avait dit que dans ce milieu et à cette époque, tout le monde consommait de la drogue mais personne n’y réagissait de la même manière. Chacun la consommait à sa façon. Donc il m’a dit de le jouer comme je le sentais, de faire ce que je voulais. La cocaïne est en effet un personnage mais je dirai que c’est plutôt l’addiction qui est un personnage dans l’histoire. L’une des premières choses dont on a parlé avec Terence Winter (le showrunner), c’est… On faisait une série sur le rock n’ roll et l’histoire de cette industrie, mais on voulait que ça parle vraiment de la lutte de ce personnage contre lui-même, ça parle de son envie de laisser une trace dans l’histoire, de laisser un héritage… On voulait montrer son côté un peu ridicule et le fait que Richie aime les choses qui le détruisent. Peu de séries montrent l’addiction de cette manière. C’est un monde difficile. On voulait montrer la dualité de ces gens qui se mettent en danger et qui s’éclatent, dans le même temps.
Quel effet ça faisait d’avoir Mick Jagger comme boss ? Est-ce que le plateau vivait au rythme de la musique en permanence du coup ?
Bobby Cannavale : Non, pas vraiment. On ne travaillait pas comme ça. On n’écoutait pas de la musique à chaque pause. Cela dit, dans toutes les scènes qui se passent au bureau, il y a de la musique en fond. C’est drôle de voir les gens réagir à la musique qui passe. En tout cas, ça rend le show assez unique et différent. Ça ne ressemble pas à une série médicale quoi ! Et sinon, c’était cool d’avoir Mick Jagger comme producteur exécutif. Je l’ai déjà dit par le passé mais il est comme le soleil. Il est tellement iconique, il est plus grand que tout. Il n’était pas tant que ça sur le tournage, vous savez. Mais quand il était là, on passait un peu de temps ensemble et il me racontait des histoires. En 1973, les Rolling Stones était déjà le plus grand groupe de la planète donc il connaissait bien ce monde. Mais ce qui était le plus intéressant, c’était d’observer la façon dont les gens interagissaient avec lui. Ça m’a aidé dans certains choix d’interprétation par rapport à la façon dont mon personnage interagit avec les autres. C’est drôle d’ailleurs de voir comment les gens se comportent avec lui, essayant d’être cool etc…
Son fils joue dans la série, il interprète le leader des Nasty Bits.
Bobby Cannavale : Oui, Jimmy Jagger. Il est épatant. Je ne le connaissais pas avant. J’aime les chansons qu’il joue dans la série, surtout celle dans le dernier épisode. C’est un vrai musicien.
Quel est votre artiste musical favori ?
Bobby Cannavale : Je suis un grand fan de Bruce Springsteen. Je l’ai vu souvent en concert. J’adore Bob Dylan, surtout sa période 70’s. Vous savez, ma mère écoutait beaucoup de musique quand j’étais petit et j’ai toujours baigné là-dedans. J’adore ça et aujourd’hui, je fais pareil qu’elle. Je me lève le matin et je mets de la musique. En ce moment, je suis plus « vieux groupes ». Ça m’a d’ailleurs aidé pour ce rôle. Je me suis plongé dans tout ce qui passait sur les ondes dans les 1971-1973. J’ai du me mettre au groupe Yes mais je ne suis pas un grand fan donc c’était pas simple.
On a parlé de vos goûts musicaux mais pas de vos goûts cinématographiques…
Bobby Cannavale : Je regardais beaucoup de films quand j’étais jeune. J’étais sans arrêt sur ma télé à regarder des films. J’aime les vieux films avec James Dean, Marlon Brando… J’aime Luke La Main Froide… Dans les années 80, la VHS est arrivée et j’ai commencé à regarder les films de Scorsese, les films avec Al Pacino…
Justement, vous évoquez Al Pacino. Votre performance dans Vinyl m’a rappelé sa prestation dans Scarface. Il y a beaucoup d’intensité, beaucoup de folie, comme si vous étiez possédé par votre personnage. Avez-vous improvisé sur le tournage ou tout était-il très écrit ?
Bobby Cannavale : Un petit peu, oui. On s’est réunis tous ensemble chez Martin Scorsese deux mois avant le tournage et on a parlé, on a relu le script, on a répété quelques scènes… On a justement improvisé des choses et du coup, ça a changé certains passages du script. Marty me disait « Je veux que tu gardes ça« . Il aime l’improvisation. Il y a de l’impro dans certaines scènes avec Ray Romano ou P.J. Byrne car ils sont bons pour ça. P. J. Byrne vient du milieu de la finance à la base. Il avait joué dans Le Loup de Wall Street. Il m’a confié qu’il avait totalement improvisé son audition à l’époque. Ce qui est fou, c’est qu’au final, Martin Scorsese lui avait demandé de refaire exactement la même chose dans le film !
Il y a une scène ou vous jouez de la guitare. Vous saviez en jouer avant le tournage ?
Bobby Cannavale : Non, je ne savais pas. Mais j’ai dû apprendre un peu car j’avais cette scène. J’ai appris avec le guitariste de Patti Smith pendant un mois. D’ailleurs, on m’a offert cette guitare après le tournage ! Mais elle est cassée aujourd’hui.
Vous pensez que c’est l’un de vos meilleurs rôles ?
Bobby Cannavale : A ce jour, oui, je pense. C’est vraiment un rôle formidable à jouer.
Terence Winter ne sera pas le showrunner sur la saison 2. Comment avez-vous pris cette décision ?
Bobby Cannavale : J’ai été surpris de l’apprendre et j’en suis triste. Je pense qu’il y avait des divergences artistiques. Terry est un ami, on s’est rencontrés sur Boardwalk Empire et on est proche. C’est curieux car c’est pas comme si on était arrivés sur HBO en mentant sur ce qu’on allait faire… Je suis très fier de la série et de ce que nous avons fait avec Terry. Il va falloir aller de l’avant, mais je ne doute pas que ça va aller pour lui. En tout cas, j’espère que l’on pourra retravailler ensemble.
Vinyl a été reconduite pour une saison 2 par HBO.
D’ici là, la série évènement sera rediffusée en version multilingue sur OCS City à partir du 18 juin. Deux épisodes tous les samedis à 20h40.
Retrouvez également l’intégralité en replay de la saison 1 sur OCS Go.
Merci à Bobby Cannavale, OCS, l’agence Bubbling Bulb, Natacha et Leila.
Propos recueillis et traduits par Nicolas Rieux
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