Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Danish Girl
Père : Tom Hooper
Date de naissance : 2015
Majorité : 20 janvier 2016
Type : Sortie cinéma
Nationalité : USA, Angleterre
Taille : 2h00 / Poids : NC
Genre : Drame, Comédie, Biopic
Livret de famille : Eddie Redmayne (Einar/Lili), Alicia Vikander (Greda), Ben Whishaw (Enrik), Amber Heard (Oola), Sebastian Koch (Warnekros), Matthias Schoenaerts (Hans)…
Signes particuliers : Un biopic visant l’émotion et les larmes, par le réalisateur du Discours d’un Roi.
DUEL DE TALENTS À L’ÉCRAN
LA CRITIQUE
Résumé : The Danish Girl retrace la remarquable histoire d’amour de Gerda Wegener et Lili Elbe, née Einar Wegener, l’artiste danoise connue comme la première personne à avoir subi une chirurgie de réattribution sexuelle en 1930. Le mariage et le travail de Lili et Gerda évoluent alors qu’ils s’embarquent sur les territoires encore inconnus du transgenre.L’INTRO :
On l’a bien compris désormais, Tom Hooper aime les histoires vraies et les films d’époque. Sur les cinq longs-métrages réalisés à ce jour par le metteur en scène britannique, trois racontent le parcours de personnages réels et quatre se déroulent dans une époque passée. The Damned United plongeait dans le football anglais des années 70 avec l’histoire vraie du célèbre entraîneur Brian Clough, Le Discours d’un Roi reculait dans les années 30 pour narrer un pan de la vie du Roi George VI, Les Misérables adaptait l’illustre roman de Victor Hugo prenant pour cadre la France du XIXème siècle et aujourd’hui, Danish Girl file du côté du Danemark des années 30, pour s’attacher au portrait d’Einar Wegener, artiste-peintre danois devenu Lili Elbe, et première personne de l’histoire à subir une opération pour changer de sexe. Présenté en compétition officielle au dernier festival de Venise et déjà fortement pressenti pour les prochains Oscars, Danish Girl est un projet qui revient de loin, passé entre de nombreuses mains avant qu’Hooper ne le mène à bien. Nicole Kidman devait en faire sa première réalisation, Tomas Alfredson, Neil LaBute ou Lasse Hallström s’y sont attelés, Charlize Theron, Marion Cotillard, Gwyneth Paltrow, Uma Thurman ou Rachel Weisz avaient été successivement engagées. Au final, cette semi-adaptation librement transposée du roman de David Ebershoff est portée par Eddie Redmayne et son physique androgyne, accompagné de la talentueuse Alicia Vikander et du belge Matthias Schoenaerts. Un clin d’œil du destin quand on pense que le comédien avait joué dans Jupiter Ascending, réalisé par Lana (anciennement Larry) Wachowski.L’AVIS :
Danish Girl est du pur Tom Hooper dans le style et l’âme. Une œuvre belle, adroite, impeccable sous tous rapports. Mais dans le même temps, une œuvre comme à son habitude, très démonstrative, appuyée, sans subtilité autre, que celle déployée par son histoire. Un film peu aidé par son classicisme tout en élégance passéiste, pour ne pas dire poussiéreuse. On aimerait qu’un jour Tom Hooper fasse preuve de créativité, prenne des risques, et livre une vraie proposition de cinéma audacieuse (du moins, autre que Les Misérables, qui en était une, mais atrocement insupportable). En attendant, et une fois de plus, le britannique signe un effort essentiellement porté par sa belle histoire traitée avec un académisme faussement désarmant et recherchant l’émotion oscarisable sur la foi d’une cinégénie parfaitement orchestrée pour soutenir ses ambitions sans chercher plus loin. Et d’ailleurs, à trop s’appliquer à rechercher cette émotion dramatique, le cinéaste finit par annihiler sa visée, erreur récurrente déjà pointée du doigt dans Le Discours d’un Roi. On en viendrait presque à penser rétrospectivement, que The Damned United, son film le plus mineur et méconnu, était une bonne erreur de parcours louable au milieu d’un héritage figé sur papier glacé.Heureusement, le style pachydermique et passablement illustratif de Tom Hooper n’est pas le seul argument de Danish Girl. On en retiendra surtout le duel d’acting auquel se livre ses deux étoiles, Eddie Redmayne et Alicia Vikander, deux génies au sommet de leur art. Dans la veine de ce qu’il avait montré sur Une Merveilleuse Histoire du temps, le premier est formidable d’abnégation et de dévotion à son rôle, alors que la seconde, dégage toujours cette puissante poésie naturelle qui tend à la quintessence de l’art de l’interprétation. Danish Girl, simplement un film d’acteurs ? On n’en est pas loin tant Hooper ne parvient jamais à rendre un tant soit peu subversif et contemporain, un film qui aurait pu s’amarrer à un discours moderne encore d’actualité.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux