Mondociné

COW-BOY de Delmer Daves : la critique du film [Sortie Blu-ray/DVD]

Partagez cet article
Spectateurs

∑ PLAT COW-BOY BD DEFnote 6.5 -10
Carte d’identité :
Nom : Cowboy
Père : Delmer Daves
Date de naissance : 1958
Majorité : 24 juin 2015
Type : Sortie DVD/Blu-ray
(Editeur : Carlotta Films)
Nationalité : USA
Taille : 1h32 / Poids : NC
Genre : Western

Livret de famille : Glenn Ford (Tom Reece), Jack Lemmon (Harris), Anna Kashfi (Maria Vidal), Brian Donlevy (Doc Bender), Dick York (Charlie), Victor Manuel Mendoza (Mendoza), Richard Jaekel (Curtis), James Westerfield (Mike)…

Signes particuliers : Une pépite méconnue du western signée d’un Delmer Daves abordant le genre sous un jour différent. A redécouvrir dans une toute nouvelle version restaurée en 4k et éditée par Carlotta Films (disponible également dans la même série, le chef d’oeuvre 3h10 pour Yuma).

LA VRAIE VIE DES COW-BOYS

LA CRITIQUE

Résumé : Frank Harris souhaite à tout prix briser la monotonie de sa vie de réceptionniste au Grand Hôtel de Chicago. Il rêve de devenir cow-boy, mener une vie d’aventures dans de grands espaces. Aussi, lorsque Tom Reece, riche éleveur de bétail, fait une halte dans son hôtel, Harris saute sur l’occasion : il parvient – non sans mal – à le convaincre de faire partie du prochain voyage. Hélas, la vie de cow-boy n’est pas aussi attrayante que Harris l’imaginait…COW-BOY 02L’INTRO :

Ambassadeur mésestimé du western (on entend par là, plus méconnu que les « stars » à la John Ford, Anthony Mann ou John Sturges), Delmer Daves aura pourtant offert quelques pépites au genre, en plus de l’un de ses plus grands chef d’œuvre, le matriciel 3h10 pour Yuma. Entre autres, Cow-Boy, western aux allures d’aventure humaine, incarné dans l’opposition de deux légendes, Glenn Ford et Jack Lemmon. C’est un an après Yuma que Daves aura signé ce long-métrage plus mineur mais néanmoins fort intéressant à bien des égards, inspiré des mémoires du véritable Frank Harris. Un film qui ressort aujourd’hui dans une toute nouvelle édition restaurée en 2k, parue sous la bannière de l’éditeur cinéphile Carlotta Films.

COW-BOY 18L’AVIS :

Loin des règlements de comptes, des duels au soleil, des poursuites à cheval et autres aventures haletantes, Delmer Daves change de registre avec Cow-Boy, et signe un pur western quasi-initiatique, se rapprochant à la limite davantage du Fordien Le Convoi des Braves en ce sens qu’il met à l’honneur plus un univers que les ressorts dramatiques qui ont souvent marqué ses histoires. Le cinéaste se lance sur les pistes poussiéreuses empruntées par les convoyeurs de bétails, à la rencontre de ces vrais cow-boys purs et durs, ceux qui souffrent de cette vie usante qu’ils affectionnent néanmoins, car c’est la leur. Et Daves de démystifier le western et la figure splendidement libre du cow-boy à travers des personnages qui n’ont rien de héros iconiques. Le premier, Reece (Glenn Ford), est un dur à l’humanité toute relative, qui va s’acharner à égratigner la vision idéalisée du second, Harris (Jack Lemmon), rêvant de grands espaces, de nuits à la belle étoile, de gueuletons entre camarades soudés et d’aventures excitantes. Motivé par une romance espérée qui l’attendrait au Mexique, Harris va progressivement apprendre à s’endurcir, au point de perdre de son humanité naïve détruite sur l’autel de la découverte d’une réalité moins glamour qu’attendue, celle d’un monde éreintant où une vache vaut plus que la vie d’un homme, celle où la mort guette en permanence à travers des dangers insignifiants du quotidien, celle où l’on en bave plus que l’on s’émerveille. Les enjeux de Cow-Boy sont finalement plus de l’ordre du documentaire sur un mode de vie que portés par une trame romanesque ou lyrique. Delmer Daves livre un film plus sombre, parfois même cruel, dés-idéalisant un mythe cher au cinéma américain.COW-BOY 09Les intentions de Delmer Daves avec Cow-Boy étaient nobles, raconter les parcours inversés de deux hommes à travers la confrontation de leurs caractères opposés. Le rêveur humaniste va progressivement égratigner la carapace du dur insensible et vice versa. Film aux antipodes du sensationnalisme mais proposant un regard différent sur le genre, Cow-Boy perd néanmoins en grandeur par la faute d’une mise en scène moins précise, moins virtuose, par l’emprise plus relative du cinéaste sur son sujet hautement casse-gueule. Reste une belle remise en question du genre et de ses emblèmes les plus valeureux, et le duel entre deux immenses comédiens, Jack Lemmon faisant ce qu’il sait faire de mieux à savoir le naïf un peu gauche, et Glenn Ford lui opposant son charisme légendaire.

3D COW-BOY BD DEFLE BLU-RAY & LES SUPPLÉMENTS

Dans la lignée de celui de 3h10 pour Yuma, le Blu-ray de Cow-Boy édité par Carlotta Films est une totale merveille, bluffante dans le travail de restauration en 4k effectué. Si la présence d’un peu de grain ne lui confère pas une netteté aussi parfaite que son voisin, reste néanmoins une image puissante qui permet de redécouvrir le classique de Delmer Daves dans des conditions quasi-optimales. Côté son, le DTS-HD Master-Audio 1.0 n’a pas un souffle renversant mais il a le mérite d’avoir été soigné et travaillé, proposant ainsi un bel équilibre entre musique et voix. COW-BOY 06Question suppléments, on ne pourra pas dire que Carlotta Films ne met pas tout en œuvre pour gâter les cinéphiles. Le Blu-ray de 3h10 pour Yuma proposait un entretien avec Michael Daves. Le fils du cinéaste revenait sur la carrière de son père, ses débuts et plus largement sur son chef d’œuvre. Cet entretien n’était qu’une première partie, et le Blu-ray de Cow-Boy offre la suite de cet échange passionnant. Ici, Michael Daves évoque durant 11 minutes, ses souvenirs de jeunesse sur les plateaux de son père qu’il partage généreusement avec nous, nous invitant à pénétrer dans sa mémoire nostalgique et fascinée. Deux autres modules reviennent ensuite sur l’exceptionnelle photographie du film puis sur son générique. Le premier, « Images de l’Ouest : Un Hommage à Charles Lawton Jr » décrypte le travail de l’illustre chef opérateur par la voix de son assistant de l’époque, Richard H. Kline. Enfin, « Comment marquer un film » est l’occasion pour l’universitaire Jan-Christopher Horak de s’attarder sur le travail de Saul Bass, illustre graphiste américain qui a signé les génériques mémorables de beaucoup de classiques du cinéma (Sept ans de Réflexion ou Sueurs Froides, par exemple) et qui avait témoigné une nouvelle fois de son talent sur celui de Cow-Boy. Au total, plus de quarante minutes de suppléments de grande qualité. 

EXTRAIT :

Par Nicolas Rieux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux