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COCO de Lee Unkrich & Adrian Molina : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Coco
Père : Lee Unkrich, Adrian Molina
Date de naissance : 2017
Majorité : 29 novembre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre
: Animation

Livret de famille : Avec les voix en VO de Colin Farrell, Nicole Kidman, Barry Keoghan, Alicia Silverstone…

Signes particuliers : Ça ressemble à La Légende de Manolo… mais c’est du Disney.

LE NOUVEAU PIXAR EST ARRIVÉ

LA CRITIQUE DE COCO

Résumé : Depuis déjà plusieurs générations, la musique est bannie dans la famille de Miguel. Un vrai déchirement pour le jeune garçon dont le rêve ultime est de devenir un musicien aussi accompli que son idole, Ernesto de la Cruz. Bien décidé à prouver son talent, Miguel, par un étrange concours de circonstances, se retrouve propulsé dans un endroit aussi étonnant que coloré : le Pays des Morts. Là, il se lie d’amitié avec Hector, un gentil garçon mais un peu filou sur les bords. Ensemble, ils vont accomplir un voyage extraordinaire qui leur révèlera la véritable histoire qui se cache derrière celle de la famille de Miguel…

Un an après Vaiana, dans lequel les studios Disney se réappropriaient une légende polynésienne pour justifier ses avancées en termes d’animation de l’eau, la branche Pixar revient avec un film qui exploite toute l’imagerie traditionnelle mexicaine. A défaut d’une avancée technique flagrante, il semble évident qu’il s’agit là d’une volonté de percer sur le marché hispano-américain. Pour cela, le duo de scénaristes Adrian Molina & Matthew Aldrich n’a d’ailleurs pas hésité à s’inspirer ouvertement du dessin-animé La Légende de Manolo, sorti trois ans plus tôt, où là aussi un guitariste voyageait dans le monde des morts. Pourtant, là où le conte fantastique produit par Guillermo Del Toro relevait d’un romantisme touchant et mature, celui-ci est marqué par un manque d’ambition en se limitant à un point de vue enfantin naïf. On avait pourtant connu Pixar plus inspiré, et même inventeur de concepts scénaristiques très ingénieux, le dernier en date étant Vice-Versa, il y a deux ans. Pourtant, depuis quelques années, et en particulier depuis que le studio multiplie les suites dispensables à leurs propres succès (Monstres Academy, Le Monde de Dory, Cars 2 puis 3…), il semble souffrir d’une baisse de créativité rédhibitoire.

La façon dont se construit le récit est des plus classiques : un jeune garçon va essayer de s’émanciper de ses parents pour vivre ses rêves et se lancer dans une quête initiatique, accompagné d’un sidekick rigolo, qui va lui permettre de combiner les deux, pourtant initialement irréconciliables. On l’aura compris, Coco est avant tout un hymne à la famille, dans le sens le plus puéril de ce qu’il implique. Une morale qui est d’ailleurs ici lourdement assénée, sans grande subtilité. De façon plus étonnante, ce que le film semble dénoncer en filigrane n’est autre que le cinéma, et la crédulité sur laquelle se créé les icônes. On aimerait y voir un discours politique, mais la naïveté prévisible avec laquelle est amené le twist central rend difficile d’y accoler une finalité un tant soit peu transgressive.

L’originalité du film est assurément à chercher dans son univers visuel, qui emprunte allégrement dans le folklore mexicain et en particulier à celui du « jour des morts ». Une tradition peu connue en France, et d’ailleurs traduite par « Jour des ancêtres » en VF, mais qui justifie la rencontre entre cet enfant vivant et ses aïeuls morts. En termes d’animation, ce postulat fantastique se traduit par des personnages-squelettes, leur permettant une plus grande fluidité de mouvements, ainsi que des décors bariolés, bien loin de l’esthétique macabre de La Légende de Manolo. Là où les animateurs ont toutefois fait d’énormes améliorations techniques, c’est assurément sur les textures de la peau… dommage du coup que la majorité des personnages n’en aient pas !

L’humour, comme l’émotion du film, est globalement mal dosé. Hormis l’inévitable easter egg de la camionnette Pizza Planet et Dante, le chien errant (à qui Pixar a d’ailleurs consacré un court-métrage), il y a très peu d’éléments comiques qui fassent mouche. Le fait qu’il s’agisse pour la plupart de clins d’œil propres à la culture mexicaine vient confirmer que la politique commerciale de Pixar est incontestablement de viser un public-niche. Le suspense étant très faible, toute la charge émotionnelle est contenue dans le dernier quart d’heure du film, mais se retrouve justement si concentrée qu’elle relève alors du tire-larmes poussif. On aurait également pu croire que le sujet du film légitime des scènes musicales mémorables, mais encore une fois celles-ci sont peu nombreuses et très calquées sur les clichés latinos qui ne parleront assurément pas au jeune public européen. A propos de jeune public, les enfants les plus jeunes pourraient trouver les fantômes et autres squelettes assez effrayants, là où justement Pixar avait réussi à faire un excellent travail pour leur rendre accessibles les monstres de Monstres et Cie. Définitivement, ce Coco est un long-métrage mineur qui ne fait que confirmer l’idée que le temps où la bande à John Lasseter révolutionnait le cinéma d’animation est bel et bien fini.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

 

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