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CLASS 1984 – critique (thriller)

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note 7
Carte d’identité :
Nom : Class of 1984
Père : Mark L. Lester
Livret de famille : Perry King (Andrew), Merrie Lynn Ross (Diane), Tim Van Patten (Peter), Michael J. Fox (Arthur), Roddy McDowall (Terry), Stefan Arngrim (Drugstore), Keith Knight (Baynard), Lisa Langlois (Patsy), Al Waxman (Stewiski)…
Date de naissance : 1982
Majorité au : 29 septembre 1982 (salles)
Nationalité : USA
Taille : 1h38
Poids : 4,3 millions $

Signes particuliers (+) : Un film culte des années 80, pépite choc de l’univers de la série B, mordante, violente, engagée. Un film au discours alarmiste sur la montée terrifiante de la violence chez une jeunesse de plus en plus incontrôlable.

Signes particuliers (-) : Class 1984 évite d’enfoncer certaines portes un peu trop complexe pour lui, et préfère se maintenir à un niveau un peu moralisateur et un peu réac. Le film a du coup ses limites, définies par sa conception de divertissement d’exploitation.

 

UN FILM D’ANTICIPATION, VRAIMENT ?

Résumé : Andrew Morris intègre son nouveau poste de professeur de musique dans un lycée difficile. rapidement, il va être confronté à la violence scolaire, notamment à travers la bande de Peter Stegman, un délinquant ingérable. Entre l’enseignant et l’élève, la tension va monter crescendo…

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L’INTRO :

En ces temps de politique ultra-sécuritaire dans les écoles, de mise en avant permanente des priorités données à l’éducation comme fondement des sociétés, de surprotection des mineurs, de quotidien sans cesse entaché par des faits divers horrifiants (voir la recrudescence aux Etats-Unis notamment, des massacres commis dans des lycées par des lycéens déséquilibrés), de rébellion de la jeunesse contre l’ordre établi ou l’autorité, rien ne valait un petit retour sur le film choc et culte de Mark L. Lester (sur une idée et un scénario de Tom Holland, le père de Vampire, Vous avez dit Vampire ? ou du premier Chucky) réalisé en 1982 : Class 1984. Récemment, le thriller horrifique anglais de Johannes Roberts, F, nous rappelait le bon vieux temps où ce film légèrement « futuriste » faisait scandale dans les salles de cinéma, frappé d’une interdiction aux moins de 18 ans en France et condamné pour sa violence sèche et sa morale « révoltante ». Petit retour dans le temps, direction les années 80 et un lycée comme microcosme exemplaire de la nouvelle violence urbaine emmenée par une jeunesse qui personnifie à elle seule la fin d’une époque et l’évolution terrifiante d’un monde vers quelque-chose de pas beau à voir en matière d’insécurité et de bouleversement de l’ordre établi. Un monde qui se délite, rongé par un mal qui ne fait que croître.

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L’AVIS :

Class 1984 est un pur film d’exploitation culte à la croisée du thriller et du film d’action, mais lorgnant surtout vers un discours résolument engagé et très polémique pour son époque. Plus de 25 ans après le Graine de Violence de Richard Brooks, Mark L. Lester (Commando et tout plein d’autres séries B d’action généralement viriles) traitait à nouveau de la montée de la violence chez les jeunes et notamment face au corps enseignant pris à partie. Le film faisait surtout suite à toute une série d’œuvres des années 70 désacralisant la jeunesse (avec en premier lieu les incontournables Orange Mécanique de Kubrick et Les Guerriers de la Nuit de Walter Hill) en la présentant sous un jour moins angélique, moins innocent, moins sacré ou intouchable. Comme dans ses glorieuses références, Class 1984 nous met face à une jeunesse regroupée en gangs, irrespectueuse de tout, des valeurs comme de l’autorité, une jeunesse violente, incontrôlable, se cachant derrière son statut protégé pour commettre larcins et crimes. Une jeunesse malfaisante qui pourrit la société de l’intérieur, terrorisant les gentils, combattant ceux qui lui tiennent tête. Une jeunesse qui s’adonne à toute sorte de trafic à commencer par celui de la drogue. Une jeunesse fléau qui œuvre pour le mal et contamine le peu de belles valeurs restantes. On est loin des chères têtes blondes adorables d’un ancien cinéma révolu où l’innocence de l’enfance était intouchable.

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Pourtant, c’est bien là le fond du problème soulevé par le film qui se paie un petit côté réac et moralisateur pas piqué des vers. Mark L. Lester se farcit avant tout le monde adulte en le désignant ouvertement comme le responsable de ces dérives gangreneuses. Le cinéaste ne fait pas dans la dentelle (ça n’a jamais été son créneau en même temps) et accouche d’un film qui concrètement, ne s’aventure pas très en profondeur dans le problème de la jeunesse qui fout le camp. Lester se résume à un constat clair et évident et tire les ficelles de surface qui le mène à quelques réponses certes réductrices mais en même pas complètement fausses. Laxisme du monde adulte et des dirigeants qui pratiquent la politique de l’autruche, laxisme des autorités qui esquivent plutôt que de se confronter au problème, laxisme des parents qui érigent leur progéniture au rang de demi-dieu incapable du moindre mal, et enfin laxisme presque forcé de tous ceux qui, par peur, ne font rien pour changer les choses. Le film est certes simpliste dans son approche de la question car avant tout, il est un thriller de genre, violent et au doux relent de vigilante style les films d’un Charles Bronson, mais il n’est pas non plus dénué d’intérêt dans sa réflexion, tout aussi basique soit-elle. Class 1984 a été réalisé en 1982 et présente une sorte de futur anticipatoire très proche puisque l’action se déroule deux ans plus tard. Et curieusement, ce qu’il présente était peut-être de la science fiction en son temps, mais trouve une résonance nettement plus claire vu depuis notre époque. Portiques de sécurité et détecteurs de métaux à l’entrée des établissements, gangs s’adonnant au trafic de drogue finement organisé en plein enceinte scolaire, racket, vandalisme, prostitution, agression voire meurtre sur d’autres élèves ou directement sur les professeurs, irrespect absolu, perturbation du système… La réalité proposée par le film n’est aujourd’hui qu’une triste banalité qu’il préfigurait avec talent, l’annonçant au détour d’un long carton d’introduction mettant en garde sur la recrudescence des actes de violence en milieu scolaire. Le futur d’anticipation ici narré nous aura finalement rattrapé et bien vite et cette jeunesse sans repères est aujourd’hui bien réelle.

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S’il n’est pas d’une finesse sociologique à toute épreuve, Class 1984 cernait néanmoins une réalité environnante dangereuse qu’il poussait à l’extrême pour mettre en lumière un changement du schéma social traditionnel, ce qui lui permet de s’extraire d’une potentielle critique contre une impression de gratuité ou de sensationnalisme de bas étage (même si un peu quand même). La jeunesse longtemps préservée, n’est plus la même qu’il fut un temps et il serait peut-être temps de s’adapter. Celle du film est sadique, cruelle, sans pitié, vicieuse, à l’image du héros intelligent faisant le mal pour le mal même si le cinéaste glisse quelques micro-éléments explicatifs qu’il préfère laisser de côté plutôt que d’enfoncer des portes trop complexes pour son film (absence du père, influence de la violence télévisuelle). Et c’est au final le message global d’un film qui au-delà de cela, verse ensuite dans le bon thriller hardboiled qui envoie sec. L’affrontement entre un professeur qui se rebelle et cette bande dirigée par un jeune homme incarnant le mal malin à l’état pur, va donner lieu à une bobine énervée et ultra-violente. Attaqué à l’époque pour sa violence frontale, Class 1984 est en effet un petit brûlot qui dépote, un film tendu montant en régime au fil des minutes alors que la pression se fait de plus en plus in-canalisable. Le film ne va alors rien épargner en séquences marquantes : agressions brutales, viol, nudité, prise de drogue, pétage de plomb d’un professeur (le français La Journée de la Jupe avec Adjani n’a rien inventé) combats violents avec quelques plans chocs comme un découpage de bras à la scie circulaire ou une pendaison traumatisante… De quoi satisfaire quand même amplement son statut de série B d’exploitation rondement menée et pas avare en action.

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Class 1984 ne se résume pas seulement à son efficacité, pas plus qu’il ne se résume à son caractère alarmiste ou à son histoire vantant l’autodéfense face à l’inaction de ceux qui devraient agir. Le film de Mark L. Lester est un tout, série B violente et virulente, tour à tour engagée dans une idéologie et dans le même temps basiquement efficace et divertissante dans les moments qu’elle ménage. Il mélange adroitement ses ingrédients pour aboutir à une bisserie choc agressive et hargneuse, remarquablement exécutée tout en se dédoublant d’un discours qui prend cependant bien le soin de préciser qu’il ne s’agit pas là d’une peinture de la jeunesse en général mais d’une minorité gangréneuse qui perturbe la masse, ce qui se comprend non seulement aux nombreux dialogues le répétant mainte et mainte fois mais également parce qu’il introduit un joli message sur l’importance de la transmission du savoir et la beauté de la passion de l’enseignement pour la bonne graine attachante désireuse d’apprendre. Deux suites naîtront de ce classique culte (qui au passage marque les débuts d’un Michael J. Fox tout jeunot dont c’est le second long-métrage) qui inspirera des films comme The Substitute, le haut du panier de la série B d’exploitation made in eighties. Un efficace film coup de poing nihiliste (soi-disant inspiré de faits réels) basculant du côté du vigilante movie, bien mieux écrit que la moyenne de ses congénères et doté d’une excellente montée en puissance vers un final paroxysmique intense. Comme quoi exploitation ne rime pas forcément avec bis nanardeux.

Bande-annonce :

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