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UNDER THE TREE de Hafsteinn Gunnar Sigurðsson : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Undir Trénu
Père : H. Gunnar Sigurðsson
Date de naissance : 2018
Majorité : 15 août 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Islande
Taille : 1h32 / Poids : NC
Genre
: Comédie dramatique

Livret de famille : Steinþór Hróar Steinþórsson, Edda Björgvinsdóttir, Sigurður Sigurjónsson…

Signes particuliers : Humour noir à la nordique.

PETITES GUERRES ENTRE HUMAINS

LA CRITIQUE DE UNDER THE TREE

Résumé : Atli, accusé d’adultère par sa femme, est forcé d’emménager chez ses parents. Il se retrouve malgré lui plongé au sein d’une querelle de voisinage, dont le déclencheur est l’ombre imposante d’un arbre entre les deux maisons. Leur banal conflit se transforme en guerre sans pitié.

On commence à bien connaître l’humour nordique, capable d’une noirceur aussi effrayante que jubilatoire. Avec Under the Tree, le réalisateur islandais Hafsteinn Gunnar Sigurðsson pousse très loin le maniement de l’humour grinçant, pour l’infiltrer dans les pores d’un drame terrible cherchant à analyser les comportements humains en société pour les dessiner dans une étude à la fois intimiste et généraliste dont la férocité est glaçante. Dans cette « comédie dramatique » qui risque d’en décontenancer plus d’un tant le film joue des extrêmes et échappe ainsi à la définition de « comédie » par ce qu’il raconte, comme à celle « drame » par le ton qu’il emploie, Sigurðsson observe un microcosme familial en glissant de personnage en personnage. Dans Under the Tree, deux narrations imbriquées et liées coexistent. Atli est mis à la porte quand sa femme le surprend en train de se masturber devant une vidéo de ses ébats avec une autre femme ! Malgré ses tentatives pour parler à son épouse, il se retrouve à aller squatter chez ses parents. Pour eux, ce n’est pas mieux. Un petit conflit avec leurs voisins à cause d’un arbre toujours pas élagué vire progressivement à la guerre ouverte, alors que pèse le fantôme d’un autre fils qui s’est récemment suicidé. Ambiance à l’approche des vacances d’été…

Si seulement Under the Tree était aussi maîtrisé dans sa confection qu’il n’est malin dans ses intentions, alors Hafsteinn Gunnar Sigurðsson aurait sans doute pu prétendre à signer un petit coup de maître à la saveur aussi douce et amère que glaciale et brûlante. En l’état, cet ofni islandais souffle le chaud et le froid, à l’image de l’évolution de son histoire oscillant entre le rire jaune et l’émotion appuyée, comme il oscille entre la curiosité piquée et la lassitude « dé-passionnante ». Sur chacune des composantes de son entreprise, Sigurðsson ne va réussir que la moitié du chemin, sans jamais parvenir à bien aboutir ses idées pour donner une cohérence géniale à l’ensemble. Dans le rire, on sent où Under the Tree est censé être drôle mais la mécanique humoristique manque de génie d’écriture. Résultat, on n’esquisse que de petits rictus faute de mieux, faute de voir son humour très noir amené avec l’adresse qu’il requérait pour faire son effet dans le Tout. Côté drame, on sent les instants poignants où les larmes pourraient naître de la tristesse insondable qui habite ces petites histoires humaines, mais la construction globale ne ménage pas l’environnement dramaturgique pour rendre bouleversants ses moments tragiques. Dans la construction, on perçoit les intentions du cinéaste islandais mais encore une fois, il se montre malhabile, et à force de faire patienter le spectateur avec la volonté de ne le cueillir que sur la fin avec la concrétisation de son propos, on décroche, incapable de voir clairement où Under the Tree cherche à nous emmener. Si le réalisateur se rattrape dans son final prévisible mais grinçant, on sera passé pas loin de croire que toutes ces simagrées n’avaient aucune intentionnalité, que le film n’était qu’un ramassis de clichés grossiers, que le geste était creux et d’une terrible inutilité.

Heureusement, Sigurðsson avait en réalité une destination en tête et si elle met du temps à venir, elle fait au moins la différence et se révèle comme un voile qui masquait le petit tour de force roublard. Quand elle se dessine, Under the Tree prend tout son sens et c’est à mi-chemin entre la comédie noire, la tragédie domestique et le thriller âcre, que vient s’écrire un commentaire sur la schizophrénie de la société islandaise, où l’apparent calme sociétal régi par des lois simples et strictes, nourri des frustrations grandissantes qui ne peuvent qu’exploser si l’équilibre fragile est malmené. A rebours, on se dit qu’Under the Tree était finalement bien meilleur que ce qu’il n’y paraissait durant son déroulé. Un bon point et une nouvelle critique féroce de la société islandaise après l’excellent Woman at War il y a quelques semaines.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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