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THE WHALE de Darren Aronofsky : la critique du film

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Nom : The Whale
Père : Darren Aronofsky
Date de naissance : 2023
Majorité : 08 mars 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h57 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Brendan FraserSadie SinkTy Simpkins

Signes particuliers : Complètement raté en dehors de la performance de Brendan Fraser. 

Synopsis : Charlie, professeur d’anglais reclus chez lui, tente de renouer avec sa fille adolescente pour une ultime chance de rédemption.

 

LA RESURRECTION DE FRASER / LE PLONGEON D’ARONOFSKY

NOTRE AVIS SUR THE WHALE

Six ans après le semi-flop de son claustrophobique Mother ! avec Jennifer Lawrence, Darren Aronofsky est de retour avec The Whale, l’adaptation d’une pièce de théâtre de Samuel D. Hunter. L’histoire d’un homme atteint de forte obésité qui ne sort plus de chez lui et se tue à petit feu entre boulimie et dépression. The Whale l’observe sur une semaine décisive de sa vie, où la fin est proche mais où sa fille refait surface après des années de contact rompu. Le rôle, ô combien difficile (ayant nécessité jusqu’à 6 heures de maquillage par jour), est incarné par Brendan Fraser. Aronofsky aime les résurrections. En 2008, il relançait la carrière chaotique du grand Mickey Rourke. Dans une moindre mesure, en 2017, il tentait de donner un coup de fouet à celle de Jennifer Lawrence qui s’enlisait entre déceptions et blockbusters fades. Aujourd’hui, c’est le vétéran Brendan Fraser qu’Aronofsky tente de remettre dans la lumière, après une très longue période d’absence.

Et la carrière de Darren Aronofsky de poursuivre son bien étrange déclin. Où est passé le jeune radical de Pi ? Ou est passé l’artiste choc de Requiem for a Dream ? Où est passé le poète métaphysique de The Fountain ? Où est passé le conteur pur de The Wrestler ? Où est passé le génie viscéral de Black Swan ? Il n’a jamais semblé si loin alors qu’Aronofsky semble aujourd’hui vouloir mettre toutes ces qualités dans un shaker mal secoué. Noé avait été un premier virage dans le mur. Le bolide Aronofsky marchait encore sur trois roues mais il a souffert de l’impact violent de Mother !, expérience cacophonique déroutante balancée entre fascination hébétée et rejet absolu. S’il pouvait encore espérer se relancer après quelques réparations (concrètement une pause de six ans), les dommages semblent désormais irrémédiables. Avec The Whale, Aronofsky torpille et coule par le fond notre croyance en un retour en grâce.
Dans ce mélodrame consternant aux allures de chronique humaine mal-aimable, Aronofsky ne raconte rien en substance de ce portrait misérabiliste d’une déchéance tragique qu’il érige en spectacle glauque et creux. Seul le regard anxiogène sur un écorché vif pathétique est là pour tenter de nous maintenir à flot, mais sa vacuité, son inconsistance et sa niaiserie laissent pantois. Pensait-il que l’émotion suffirait à faire fonctionner son entreprise cafardeuse ? Erreur. Elle est un carburant bien trop lourd pour faire ronronner le moteur d’un film qui s’empêtre dans son voyeurisme vulgaire et dans sa lourdeur mortifère. Un film que le cinéaste n’assume même pas jusqu’au bout, préférant la suggestion métaphorique à l’excès auquel il nous a préparé tout du long.

Avec un tel sujet, The Whale réclamait à corps et à cri retenue et pudeur. C’est ce qui l’aurait sauvé, ce qui aurait pu le rendre beau et poignant, sincère et authentique. Mais Aronofsky a pris l’autre voie, celle menant au garage de ces longs-métrages tellement surchargés et forcés, qu’ils en deviendraient presque des parodies involontaires du genre auquel ils se frottent. Dans le drame plombant, The Whale est grossier et grotesque. Dans la peinture de ses personnages, il échoue complètement tant sa galerie est peuplée de figures insupportables. Comme la fille de cette « baleine » meurtrie incarnée par Sadie Sink (Stranger Things), probablement l’un des jeunes personnages les plus détestables que l’on ait pu voir ces derniers temps sur un écran, et que le mal-être existentiel ne rattrape jamais. Ou comme ce jeune évangéliste auquel on ne croit jamais tant il a tout de la ficelle narrative grossière.

Alors oui, Brendan Fraser est exceptionnel, oscarisable dans l’absolu tant le rôle est taillé sur mesure pour briller dans les cérémonies à récompenses. Mais la prestation sidérante d’un comédien ne suffit à faire d’un mauvais film, un bijou impérissable. Englué dans son pathos indigeste et incapable de faire naître un vrai propos pertinent sur la grossophobie, The Whale paraît tellement cynique qu’il inspire plus le rejet que la fascination.

 

Par Nicolas Rieux

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