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THE SADNESS de Robert Jabbaz : la critique du film

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Nom : The Sadness
Père : Robert Jabbaz
Date de naissance : 2021
Majorité : 06 juillet 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : Taïwan
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Horreur

Livret de Famille : Regina LeiBerant Zhu

Signes particuliers : Le film le plus gore de l’année.

Synopsis : Après un an de lutte contre une pandémie aux symptômes relativement bénins, une nation frustrée finit par baisser sa garde. C’est alors que le virus mute spontanément, donnant naissance à un fléau qui altère l’esprit. Les rues se déchaînent dans la violence et la dépravation, les personnes infectées étant poussées à commettre les actes les plus cruels et les plus horribles qu’elles n’auraient jamais pu imaginer…

 

BOUCHERIE TAIWANAISE

NOTRE AVIS SUR THE SADNESS

Quand un certain cinéma asiatique underground décide d’envoyer du trash, il fait rarement dans la dentelle. On garde un souvenir ému de la violence foudroyante de films tels que J’ai Rencontré le Diable, les The Raid ou le furieux The Night Come for Us. Alors autant dire que quand il touche volontairement au gore avec la volonté de tâcher, les litrons d’hémoglobine coulent à flot. Comme dans l’apocalyptique The Sadness, film de « zombies » taïwanais signé du réalisateur canadien Rob Jabbaz. Le cinéaste y narre une énième pandémie à base de virus qui mute, transformant la population en infectés assoiffés de pulsions incontrôlables, de violence et/ou de sexe. Classique.

Pas besoin d’aller chercher bien loin pour trouver l’idée du projet. The Sadness n’hésite pas à baliser son entreprise de références ouvertes à la récente pandémie Covid-19. Elle n’est jamais explicitement mentionnée mais on comprend vite que le film renvoie à une mutation hardcore du virus pangolin. A partir de là, il tire le fil du gore pour dérouler un énième film d’horreur catastrophe où tout part en sucette dans un Taïwan impuissant face à la propagation. En France, le Covid a inspiré Dany Boon. En Asie, c’est… autre chose.

 

Dans l’esprit, on est loin du Dernier Train pour Busan. The Sadness se réclame davantage du gros délire super-bisseux que de la solide production léchée. Sans aucunes limites, on est plus proche d’un déjanté à la Braindead, évacuant tout sérieux au profit d’un grotesque entre le dégueu qui tâche et l’hilarité portnawak traduite par des images à l’amusante exagération surréaliste, entre orgies sexuelles sanglantes, victimes longuement déchiquetées, têtes explosées et autres pénétration oculaire (un must de bon goût celle-là), doigts, seins ou carotides sectionnés. Les joyeuseries défilent avec une généreuse abondance et Rob Jabbaz repeint tout en rouge avec du viscère à gogo, car boire ne suffit pas, il faut à manger aussi.
Très quelconque d’un point de vue narratif ou esthétique (malgré quelques fulgurances), The Sadness recycle du déjà-vu 212 fois mais il le fait avec une décomplexion absolue et un panache franchement amusant, même s’il ne dure qu’un temps. Car sur la longueur, cette farce burlesque et cartoonesque s’épuise un peu faute d’avoir autre chose à proposer dans son fourre-tout foutraque, qu’un gigantesque déchaînement de mauvais goût servi sur commande. Choquer par plaisir jouissif est un art difficile qui peine souvent à esquiver les dangers du gratos vulgaire ou du cynisme et The Sadness oscille souvent entre la sincérité de la blague jusqu’au-boutiste et l’opportunisme dérisoire. Mais on préfèrera en retenir quand même sa folie frappadingue aux excès savoureux et ses quelques idées nichées en creux derrière le feu d’artifice sanguinolent, comme une critique de la vision (ultra-sexualisée) de la femme dans certains pays asiatiques abonnés à la frustration au quotidien.

 

 

Par Nicolas Rieux

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