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THE FATHER de Florian Zeller : la critique du film

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Spectateurs

Carte d’identité :

Nom : The Father
Père : Florian Zeller
Date de naissance : 2020
Majorité : 26 mai 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : France, USA
Taille : 1h38 / Poids : Budget NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Anthony Hopkins, Olivia Colman, Mark Gatiss, Rufus Sewell, Imogen Poots, Olivia Williams…

Signes particuliers : Un coup de maître.

 

 

QUAND LA MÉMOIRE S’EN VA…

NOTRE AVIS SUR THE FATHER

Synopsis : THE FATHER raconte la trajectoire intérieure d’un homme de 81 ans, Anthony, dont la réalité se brise peu à peu sous nos yeux. Mais c’est aussi l’histoire d’Anne, sa fille, qui tente de l’accompagner dans un labyrinthe de questions sans réponses.


Meilleur scénario adapté et meilleur acteur pour le grand Anthony Hopkins, aux BAFTA puis aux Oscars. Sans parler de la pelletée de nominations aux quatre coins du globe. The Father a fait parler de lui ces dernières semaines en faisant une belle moisson dans les prestigieuses cérémonies médiatisées. Et c’est mérité tant le film du français Florian Zeller est une réussite indéniable qui extirpe des émotions très fortes sur la foi d’une histoire aussi tragiquement simple que narrativement retorse. Anthony, 81 ans, vit seul dans un grand appartement, non loin de sa fille qui vient le voir quotidiennement car même s’il ne cesse de prétendre le contraire, il n’est pas au meilleur de sa forme, souvent un peu confus voire perdu. Non, on reprend, Anthony, 81 ans, vit dans un grand appartement en compagnie de sa fille et de son mari qui n’ont de cesse de s’en occuper car il est souvent confus. Non, on reprend… Anthony, 81 ans vit… C’est ainsi que fonctionne The Father, drame poignant construit comme un thriller à suspens. Le film de Florian Zeller passe son temps à récrire son histoire, à changer les lieux, les dates, les situations et les personnages qui les animent. Parce que la vérité, c’est qu’Anthony, 81 ans, est atteint d’Alzheimer (ou quelque chose de ressemblant, le mot n’étant jamais ouvertement lâché) et qu’il mélange tout. The Father raconte son quotidien de son point de vue d’homme confus qui ne sait plus, qui oublie, qui est perdu.

En optant pour cet angle observant la maladie de l’intérieur, The Father montre avec terreur ce que ressentent les personnes atteintes d’Alzheimer ou de démence. Rarement l’on a pu avoir une telle radiographie précise des effets de ce fléau psychologique, à tel point que si l’on est bel et bien face à une fiction, The Father pourrait très bien être vu comme un documentaire instructif pour savoir comment se comporter face à un proche malade. Car grâce au drame terrible de Florian Zeller, on comprend mieux, on comprend bien, on comprend tout (ou presque). Et le résultat est aussi effrayant que déchirant. Alzheimer, ce n’est pas seulement voir sa mémoire partir, c’est voir sa vie partir. Ne plus savoir où l’on est, qui l’on est, qui l’on a été, qui sont les gens autour de nous. Parfois, une simple absence devient une angoisse inimaginable quand on a l’impression que toute la réalité a changé, comme si l’on était le malheureux héros d’un scénario de film d’épouvante où une entité jouerait avec nous en manipulant le réel et le tangible. Perturbant.

Les forces de The Father sont nombreuses, Anthony Hopkins et Olivia Colman en tête. Exceptionnels, ils livrent une prestation bouleversante, habitée, et se plient avec entièreté à un scénario d’une étourdissante intelligence d’écriture. Il en fallait du talent pour tenir la partition sans jamais déboîter et perdre le contrôle. Florian Zeller, dont c’est le premier long-métrage (adapté de sa propre pièce de théâtre) a tout fait bien, sans fausse note, sans accroc. Son portrait est d’une justesse constante. Jamais le film ne sombre dans le pathos obscène ou la lourdeur écrasante (façon le Amour de Michael Haneke), jamais il ne simplifie sa problématique, jamais il ne rend son sujet artificiel. D’un bout à l’autre, tout est affaire de perceptions, de ressentis, de jeux et mécanismes de narration et de montage. Et le spectateur est témoin de cette confusion à la fois de l’intérieur et de l’extérieur. Cette position changeante alors que le puzzle se construit pas à pas, octroie au film une grande partie de sa force. Plus Anthony perd de sa lucidité, plus le spectateur en gagne et comprend l’horreur de ce qui se joue sous ses yeux.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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