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OCEAN’S 8 de Gary Ross : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Ocean’s 8
Père : Gary Ross
Date de naissance : 2018
Majorité : 13 juin 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre
: Thriller, Comédie, Braquage

Livret de famille : Sandra Bullock, Cate Blanchett, Anne Hathaway, Rihanna, Sarah Paulson, Helena Bonham Carter, Mindy Kaling, Awkwafina, Elliot Gould, James Corden…

Signes particuliers : Peu utile mais distrayant.

PLACE AUX FEMMES !

LA CRITIQUE DE OCEAN’S 8

Résumé : Cinq ans, huit mois, 12 jours… et le compteur tourne toujours ! C’est le temps qu’il aura fallu à Debbie Ocean pour échafauder le plus gros braquage de sa vie. Elle sait désormais ce qu’il lui faut : recruter une équipe de choc. À commencer par son « associée » Lou Miller. Ensemble, elles engagent une petite bande d’expertes : Amita, la bijoutière, Constance, l’arnaqueuse, Tammy, la receleuse, Nine Ball, la hackeuse et Rose, la styliste de mode. Le butin convoité est une rivière de diamants d’une valeur de 150 millions de dollars. Le somptueux bijou sera autour du cou de la célèbre star Daphne Kluger qui devrait être l’objet de toutes les attentions au cours du Met Gala, l’événement de l’année. C’est donc un plan en béton armé. À condition que tout s’enchaîne sans la moindre erreur de parcours. Enfin, si les filles comptent repartir de la soirée avec les diamants sans être inquiétées… 

Onze ans après la fin de la trilogie Ocean’s, la franchise aux braqueurs de haut vol est de retour sans son capitaine Steven Soderbergh, mais surtout sans sa clinquante distribution masculine composée entre autres de George Clooney, Brad Pitt ou Matt Damon. Suivant la vague de féminisation qui souffle sur Hollywood depuis quelques temps pour le meilleur et pour le pire (on n’est pas prêt de digérer le reboot de SOS Fantômes), la saga Ocean’s envoie valser les costards sur mesure et sort les belles robes de luxe pour une suite qui fait place nette aux femmes. Emmené par Sandra Bullock (sœur de Danny Clooney Ocean), Ocean’s 8 réunit Cate Blanchett, Rihanna, Sarah Paulson, Helena Bonham Carter, Mindy Kaling, la rappeuse Awkwafina ou encore Anne Hathaway, pour un nouveau casse spectaculaire préparé de main de maître. Ou plutôt de maîtresse…

Peut-être en partie parce que le tsunami boueux SOS Fantômes lui avait pas mal savonné la planche du haut de sa nullité crasse, mais force est d’avouer que pas grand monde n’attendait impatiemment ce pseudo-reboot de la saga Ocean’s version ladies. D’autant que ce projet exhumé des placards transpirait l’opportunisme et le coup de producteurs, plus que le fruit d’une réelle initiative artistique comparable à celle qui avait porté Soderbegh au moment de rajeunir l’excellent L’Inconnu de Las Vegas. D’ailleurs, le film ne fait que relancer le débat sur l’utilité de ces remakes féminisés. Les femmes ne peuvent pas pas avoir leurs propres rôles et/ou franchises plutôt que de se voir refourguer les trucs des hommes une fois passés de mode ? Bref, dirigé par l’obéissant faiseur Gary Ross (Hunger Games), Ocean’s 8 débarque donc dans un contexte propice aux attaques et préjugés faciles, mais s’il n’est pas exempt de nombreux défauts, reconnaissons-lui au moins le mérite de s’en tirer mieux que redouté. Le principal problème du film de Ross est de nous resservir une mécanique que l’on connaît par cœur sans rien y apporter. D’une part, parce qu’on l’a bien vu à l’œuvre sur les précédents volets de la franchise, et d’autre part parce qu’elle est quasi immuable à la plupart des films du genre. Par conséquent, Ocean’s 8 ne fera pas dans la surprise, et même quand il s’y essaie, pas de bol pour lui, on voit venir ses tentatives à des kilomètres. Surtout que Gary Ross n’est pas Soderbergh et que sans la finesse du metteur en scène de Traffic, cet Ocean’s 8 ne parvient jamais à faire preuve de génie pour entreprendre plus qu’une simple variation féminisée offrant un demi-spectacle vaguement sympathique. Assez pauvre côté écriture avec un scénario qui se cantonne à ses grandes lignes, Ocean’s 8 ne brille guère plus par son orchestration visuelle tant Ross assure le service minimum avec une réalisation aussi fonctionnelle qu’impersonnelle. Et comme si le film était conscient de sa misère alors qu’il tente l’arnaque de faire passer du doré pour de l’or, Ocean’s 8 se sent obligé de multiplier les renvois et références aux précédents Ocean’s (caméo à l’appui), comme pour justifier son existence qui tient sur un fil.

Mais à la limite, on pourra toujours lui pardonner ses innombrables faiblesses et son incapacité à s’élever au-delà de la petite série B sans saveur, car malgré ses facilités et son écriture rudimentaire, Ocean’s 8 amuse un œil jamais vraiment excité mais au moins distrait. Rondement mené en suivant les traces d’une recette qui a fait ses preuves, cette relecture au féminin ne peut compter sur son originalité ni sur le talent de son metteur en scène, mais elle peut capitaliser sur son principal argument de vente, son casting ! Bien que tout le monde ne soit pas logé à la même enseigne. Derrière une Sandra Bullock sur-liftée qui n’a pas grand-chose à défendre, Cate Blanchett fait des merveilles comme d’habitude (on lui demanderait de jouer un phoque malade dans un biopic sur un inuit, qu’elle parviendrait à sublimer le rôle), Helena Bonham Carter fait du Helena Bonham Carter (traduction, elle est la lunaire de service), Rihanna assure ses quatre lignes de dialogue avec humour, et Anne Hathaway livre une prestation d’une formidable drôlerie en mannequin agaçante et autocentrée. Bref, ça fait peu pour supporter un film mais couplé au fait que l’on n’a pas trop le temps de s’y emmerder, Ocean’s 8 réussit à limiter la casse même s’il est reste totalement anecdotique voire terriblement dispensable.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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