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Nom : Le Lycéen
Père : Christophe Honoré
Majorité : 30 novembre 2022
Type : sortie en salle
Nationalité : France
Taille : 2h02 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de Famille : Avec Paul Kircher, Juliette Binoche, Vincent Lacoste…
Signes particuliers : L’exploration d’une psyché troublée entre deuil et apprentissage sentimental.
Synopsis : Lucas a 17 ans quand soudain son adolescence vole en éclats. Avec l’aide de son frère, monté à Paris, et de sa mère, avec qui il vit désormais seul, il va devoir lutter pour apprendre à espérer et aimer de nouveau.
HONORE SE REPLONGE DANS SES SOUVENIRS
NOTRE AVIS SUR LE LYCEEN
Le cinéma de Christophe Honoré a toujours eu une dimension assez personnelle mais jamais autant que sur Le Lycéen, son nouveau long-métrage. Le cinéaste s’y remémore l’état de fébrilité dans lequel il s’est retrouvé à l’adolescence après la mort de son père. Un événement traumatique qu’il exorcise d’une certaine manière avec Le Lycéen, récit balancé entre deuil et apprentissage sentimental. Si Honoré retrouve son fidèle compagnon Vincent Lacoste (pour la quatrième fois), c’est au jeune Paul Kircher, 20 ans à peine, qu’il offre le rôle bouleversant de ce garçon dont l’équilibre vacille. Découvert dans T’as Pécho ?, Paul Kircher explose à l’écran et prouve qu’il recèle un immense talent pas vraiment exploité sur la médiocre comédie de Adeline Picault.
Le deuil, la douleur, le travail de reconstruction, l’exploration de soi, le doute, les questionnement restés en suspens, les certitudes, un apprentissage sentimental et de la sexualité, tout cela se bouscule et s’entrechoque dans Le Lycéen, magnifique portrait d’un gamin dont l’équilibre ne tient que sur jambe après ce soudain décès paternel. Le film s’ouvre sur un face caméra où Lucas partage ses pensées troublées. Un dispositif qui reviendra tout au long de cette chronique fragmentée et qui illustre à lui seul les intentions d’Honoré. Le Lycéen est comme une confession psychanalytique. La sienne des années plus tard, mais surtout celle de son personnage dans lequel il se projette. Le Lycéen, c’est l’exploration des pensées qui traversent cet adolescent perdu. Perdu dans son deuil, perdu dans sa vie. Ses états d’âme rythment le film, et rythment aussi ses interactions avec son entourage, sa mère effondrée (excellente Juliette Binoche), son frère dur qui peine à comprendre ce petit frère qui fait n’importe quoi (tout aussi excellent Vincent Lacoste). Christophe Honoré observe tout ça avec beaucoup de délicatesse, de subtilité et de passion émotionnelle. Le Lycéen est déchirant, organique, vivant, il s’impose comme un parcours chaotique en direction d’une renaissance. Avec sur son chemin, des éclats de lumière, de mélancolie, d’espièglerie, de spleen solitaire, de romanesque. A l’arrivée, un film magnifique, magnifiquement mis en scène, magnifiquement interprété.
Par Nicolas Rieux