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Nom : La Mif
Père : Frédéric Baillif
Date de naissance : 2021
Majorité : 09 mars 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : Suisse
Taille : 2h02 / Poids : NC
Genre : Drame, Thriller
Livret de Famille : Claudia Grob, Amelie Tonsi, Anais Uldry…
Signes particuliers : Sur le thème plus ou moins similaire, tellement mieux que le piètre Compagnons sorti récemment.
Synopsis : Au cœur d’un foyer d’accueil, une bande d’adolescentes vivent avec leurs éducateurs. Comme une famille, elle ne se sont pas choisies et elles vivent sous le même toit. Lorsqu’un fait divers met le feu aux poudres, c’est tout un système sclérosé et rétrograde qui se révèle au grand jour.
UNE FAMILLE DE SUBSTITUTION
NOTRE AVIS SUR LA MIF
De Berlin à Londres en passant par Namur ou Zurich, La Mif a été acclamé (et souvent primé) dans tous les festivals où il est passé au cours de sa belle tournée européenne. Mais l’heure n’est plus aux voyages, place à l’atterrissage dans les salles obscures. Et l’on espère de tout coeur qu’il sera doux et couronné de succès car l’on ne peut que conseiller follement le magnifique film de Frédéric Baillif. Un regard furtif jeté sur la bande annonce pourrait laisser croire à un documentaire austère sur les foyers pour jeunes. Mais non. Il s’agit bel et bien d’une fiction, certes tournée avec les codes du documentaire, mais d’une fiction extrêmement vivante dans laquelle le réalisateur, lui-même ancien éducateur, dresse les portraits de quelques jeunes (en difficulté de vie) dans un foyer pour adolescents.
Préparer La Mif a pris deux ans. Le tourner a pris deux semaines. Ce grand écart ne se résume pas à la simple anecdote chiffrée. Le mentionner est important car c’est à lui que l’on doit la réussite de ce qui va se jouer à l’écran. Durant deux longues années, Baillif a travaillé avec de jeunes comédiens (non-professionnels) qui ont un vécu proche ou indirectement proche, les liant intimement à leur personnage. Exception faite de Claudia Grob qui elle, est une vraie directrice de foyer comme son personnage. A travers des entretiens et des ateliers, le cinéaste les a amenés à apprendre à se nourrir de leurs personnages, à les comprendre, à se les approprier très personnellement. Puis le tournage est arrivé, express, fougueux, avec un souci constant de liberté totale accordée aux jeunes acteurs et actrices. C’est cette rapidité d’exécution, rendue possible grâce au minutieux travail effectué en amont, qui donne au film sa couleur, cette folle énergie communicative qu’il déploie durant 1h50 en immersion. La Mif transpire la sincérité, l’authenticité, mais aussi la sensibilité.
Le film de Frédéric Baillif adopte le procédé du film chapitré. Chaque chapitre est consacré à l’un de ces jeunes. Et entre eux, un événement crucial qui revient sans cesse par petits bouts, car il est venu balayer l’équilibre déjà précaire installé entre ces éducateurs dévoués et ces jeunes ayant trouvé une nouvelle famille de substitution entre ces murs protecteurs. Au gré de ces portraits, au gré des situations, au gré d’une en particulier qui va ébranler l’édifice, Baillif offre à voir un double tableau. Celui de ces jeunes que la vie n’a pas épargnés et qui essaient de se construire tant bien que mal. Celui de cette structure méritante qui essaie de les éduquer, de les façonner malgré les difficultés du quotidien, d’une administration parfois intransigeante et à mille lieux des réalités. Véritable coup au coeur balancé entre la joie, la tendresse, la douleur et la résilience, La Mif est une formidable épopée intimiste qui ne s’enferme jamais dans la torpeur du drame social. Au-delà des malheurs personnels, c’est la vie qui est célébrée dans un film à la fois haut en couleurs et très engagé en faveur de ces jeunes combattifs, de ces éducateurs passionnés. Ca rit, ça gueule, ça s’engueule, ça fait des conneries, ça se console… En somme, ça vit et ça vibre. Les instants de véracité se suivent et ne ressemblent pas… comme la vie.
Par Nicolas Rieux