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JOHN WICK : CHAPITRE 4 de Chad Stahelski : la critique du film

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Nom : John Wick : Chapter 4
Père : Chad Stahelski
Date de naissance : 2023
Majorité : 22 mars 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h50 / Poids : NC
Genre : Action

Livret de Famille : Keanu ReevesDonnie YenBill Skarsgård, Laurence Fishburne, Hiroyuki Sanada, Shamier Anderson, Lance Reddick, Scott Adkins, Ian McShane…

Signes particuliers : Généreux et cool… mais si long. 

Synopsis : John Wick découvre un moyen de vaincre l’organisation criminelle connue sous le nom de la Grande Table. Mais avant de gagner sa liberté, Il doit affronter un nouvel ennemi qui a tissé de puissantes alliances à travers le monde et qui transforme les vieux amis de John en ennemis.

 

CA FRACASSE PAS MAL A PARIS

NOTRE AVIS SUR JOHN WICK 4

Il n’est toujours pas mort. Il est encore plus vénère qu’avant. Et sa furie va s’abattre sur quiconque se dressera sur sa route telles les 7 plaies d’Égypte réunies en un seul homme. John Wick 4, c’est un peu la même idée que John Wick 3. Qui était déjà un peu la même idée que John Wick 2. Pour résumer, plus gros, plus large, plus dense, plus bourrin. On avait quitté un John Wick en bien piteux état à la fin de Parrabellum. Trahi par le « manager » Winston (Ian McShane), avec une balle dans le coffre et une chute vertigineuse du haut de l’hôtel Continental. Désormais, il a compris que sa seule option pour échapper à la mort est de la traquer. Comprenez par là, d’aller tuer les membres de la « Grande Table », le groupe de puissants à la tête de toute l’organisation. Logiquement, dès l’entame de ce quatrième volet, on retrouve notre super-héros (oui, même Captain America ne survivrait pas à tout ce qu’il s’est pris dans la gueule depuis le début) en chasse. Avant que l’intrigue s’affine avec un nouveau méchant à abattre (un marquis français campé par Bill Skarsgard).

On disait en introduction « plus gros, plus large, plus dense, plus bourrin ». Fidèle à la tradition qu’une suite doit toujours voir plus grand que sa prédécesseur (appelons ça le syndrome Fast & Furious), John Wick : chapitre 4 fait tout en plus gigantesque. Plus d’action, plus de péripéties, plus de bastons, plus d’adversaires, plus de morts, plus de lieux (le désert arabe, New-York, Paris, Osaka, Berlin) et bien plus de durée. 2h50 bon sang ! C’est à la fois jubilatoire car ça veut dire presque 3 heures de « johnwickeries » délicieuses mais en même temps terrifiant car un film d’action à intensité maximale étiré sur une telle durée, ça peut frôler l’overdose. La vérité s’établit finalement quelque part entre les deux. Oui, John Wick 4 est un énorme plaisir d’une générosité sans borne, mais oui tout y est beaucoup trop étiré jusqu’à la rupture.

Si l’on devait en tirer un bilan temporel, on dirait que ce quatrième opus a 20-30 minutes de trop. Trente minutes qu’il aurait fallu aller chercher à l’intérieur des différentes séquences plus qu’au niveau des séquences elles-mêmes ou de la structure générale. Car si on se remémore après coup les grands morceaux de bravoure du film, toutes les grosses scènes d’action sont bonnes et tiennent leurs promesses, de la première au Japon aux multiples affrontements épiques à Paris sur le Rond-Point de l’Etoile ou à Montmartre, en passant une séquence jeu-vidéo ou une virée ultra-énervée en Allemagne. Sauf qu’elles sont toutes excessivement longues, dépassant parfois les 20 minutes d’un bloc. Et impossible de couper non plus dans les passages plus « posés » car ceux-ci sont constamment générateurs d’une extrême tension qui formule et façonne toutes les scènes de bastons qui les suivent. A l’image du passage dans le hall de l’hôtel d’Osaka, de la partie de poker à Berlin ou des passages avec Ian « Mister Manager » McShane. John Wick 4 en vient à payer au prix fort son extrême générosité. Un peu comme un dimanche midi chez mamie où elle nous aurait préparé notre bœuf bourguignon préféré. Ça a beau être un kiff tellement c’est bon, à la cinquième louche alors que l’estomac hurle à la mort, on n’en peut plus et on tombe dans l’indigestion ras la gueule. A noter que l’impression de longueur générale est d’autant plus pesante, qu’il faut se farcir un générique interminable pour ne pas rater une scène post-générique à voir.
Néanmoins, si le film est clairement trop long, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas bien. Le tableau ne peut pas être entièrement noirci par un défaut sur lequel on sera probablement tous d’accord. La saga John Wick poursuit son imaginaire en capitalisant à fond sur ses marqueurs clés, d’une part sa mythologie criminelle étendue, d’autre part son maelström d’action humoristiquement cartoonesque avec des séquences d’action badass hyper-spectaculaires où tout y passe, flingues, machettes, couteaux, épées, corps à corps, objets divers et variés comme les bagnoles létales sur l’énorme et drolissime séquence du rond-point de l’Arc de Triomphe ou les escaliers de Montmartre dans une hilarante revisite du mythe de sisyphe. Et au milieu de ce joyeux bordel taré, l’amour du cinéma martial asiatique de Keanu Reeves (déjà à l’honneur dans son Man of Tai-Chi) qui se fait plaisir entre arts martiaux, nunchaku, face à face avec Donnie Yen et clins d’oeil à Ip Man ou Zatoichi.

Dans sa globalité, John Wick 4 régale même s’il souffle un peu le chaud et le froid. En vrac, des scènes visuellement époustouflantes, une mythologie présente mais qui oublie parfois les portes qu’elle avait précédemment ouvertes, une grandiloquence toujours savoureusement déjantée, de grosses ficelles narratives qui semblent bien arranger les scénaristes, un humour ravageur, des chorégraphies intéressantes… mais un Keanu Reeves qui pâtit sérieusement de son âge (on n’est pas tous Tom Cruise et on le sent plus lent, plus lourd, surtout en comparaison d’un Donnie Yen virevoltant), un univers qui assume à fond le délire d’un monde à part (on se croirait presque dans une réalité alternative du multivers où seul ce monde criminel existe avec une totale absence de police dans les villes ou de gens normaux dans les rues – ce qui donne des scènes assez étranges pour ne pas dire lunaires). Bref, au final, John Wick 4 est cool, sans doute moins bon que d’autres (le 3 en tête) mais très cool quand même. Avec une galerie de personnages jubilatoires, du si charimstique Hiroyuki Sanada au génial Donnie Yen, en passant par un fabuleux Scott Adkins ou « l’homme au chien » (un régal). On passe un bon moment… juste un moment beaucoup trop long.

 

 

ndlr : Impossible de ne pas évoquer Lance Reddick, le mythique « concierge » de l’hôtel Continental qui vient de nous quitter quelques jours avant la sortie du film en salles. Son élégance et son charisme indéniable aura marqué la saga. RIP.

 

 

Par Nicolas Rieux

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