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DE SON VIVANT d’Emmanuelle Bercot : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : De son vivant
Mère : Emmanuelle Bercot
Date de naissance : 2020
Majorité : 24 novembre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h00 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Gabriel Sara, Cécile de France…

Signes particuliers : Prévoir une caisse de Kleenex.

 

FACE À LA MORT

NOTRE AVIS SUR DE SON VIVANT

Synopsis : Un homme condamné trop jeune par la maladie. La souffrance d’une mère face à l’inacceptable. Le dévouement d’un médecin (le docteur SARA dans son propre rôle) et d’une infirmière pour les accompagner sur l’impossible chemin. Une année, quatre saisons, pour « danser » avec la maladie, l’apprivoiser, et comprendre ce que ça signifie : mourir de son vivant.

 

Cinq ans après La Fille de Brest sur le scandale du Mediator, Emmanuelle Bercot revient à la mise en scène avec De Son Vivant, un nouveau long-métrage qui gravite toujours dans l’univers médical mais pour raconter tout autre chose cette fois. Benjamin, 39 ans, apprend qu’il a un cancer du pancréas stade 4. Il ne lui reste plus que quelques mois à vivre. Avec le soutien indéfectible de son omniprésente mère (Catherine Deneuve), il va lutter contre la maladie et pire, contre l’idée de savoir « de son vivant » que la fin est proche.
A Cannes, les occasions de se marrer son plutôt rares tant le festival n’est pas très porté sur les comédies tape-cuisses. Mais cette année, la palme d’or de la plus grosse consommation de Kleenex est revenue à Emmanuelle Bercot. Son film, présenté hors compétition, n’a pas été une partie de plaisir pour les festivaliers, pas plus qu’il ne le sera pour le public qui devra l’affronter fin novembre prochain (histoire de se mettre dans l’ambiance avant les fêtes). Car la question en début de projection n’est pas de savoir si le spectateur va pleurer, mais dans combien de temps ? Va t-il tenir 30 minutes ? 1 heure ? 1h30 ? 1h45 peut-être… De Son Vivant est un douloureux parcours de résistance qui se terminera dans tous les cas, par une vidange lacrymale équivalente à trois bouteilles de Contrex. Ok, encore un film bien pathos et tire-larmes qui ne cherche qu’à soutirer des larmes par la force et la manipulation émotionnelle ? Le penser est un réflexe logique. Mais ce serait une erreur considérable de résumer De Son Vivant à cela tant le nouveau film d’Emmanuelle Bercot est bien plus. Tellement plus.
Le postulat de confronter un homme à sa propre mort imminente, Bercot ne l’exploite pas avec un souci de chialade intensive comme seule et unique fin en soi. La cinéaste profite de ce déclin vers la mort pour dresser un portrait d’homme et, à travers lui, déployer une belle étude humaine sur la fragilité de l’existence, les réussites et les erreurs, les regrets, la manière de conduire son bilan face au clap de fin. Deuxième axe du scénario -qui trouve soit dit en passant un parfait équilibre avec son voisin- Emmanuelle Bercot observe également la maladie côté personnel soignant. Et là encore, la réalisatrice fait mouche parce qu’elle a encore des choses intéressantes à dire. Qu’est-ce qu’un bon médecin ? Quelle est la bonne méthode pour aider un patient à faire face à pareille injustice ? Emmanuelle Bercot montre qu’un bon docteur n’est pas un docteur qui va chercher à rassurer à tout prix ou à donner de faux espoirs mais un docteur qui cherchera toujours à vous dire la vérité, à vous aider à accepter ce qu’il sait inéluctable. Tout l’inverse du concept du charlatan aux fausses promesses. Et Bercot de peindre en parallèle, un beau portrait humain de ceux qui se battent aux côtés des malades en devant gérer leurs propres affects sans pour autant évacuer l’empathie. Pour illustrer ce pan majeur de son long-métrage, la réalisatrice a rencontré un homme, le docteur Gabriel Sara, véritable spécialiste dirigeant un service de chimiothérapie à New-York. C’était lors d’une projection de La Tête Haute aux Etats-Unis. Le médecin a proposé à la cinéaste de l’emmener dans « les tranchées du cancer ». Cinq ans plus tard, un film et un rôle. Car au final, qui mieux que le principal intéressé pouvait faire ressentir sa philosophie de travail.
Au sommet de ce drame terrible et racle-gorge qui en viendrait presque à fonctionner comme un documentaire s’il s’était épargné quelques petits égarements scénaristiques (la gestion ridicule du personnage de Cécile de France par exemple), des comédiens. On ne fait pas un film qui repose quasi entièrement sur l’émotion sans de grands comédiens. Dans le rôle du condamné qui doit faire un grand chemin personnel vers l’acceptation, Benoît Magimel est exceptionnel de véracité dans l’un de ses meilleurs rôles depuis très longtemps. Et face à lui, Catherine Deneuve est admirablement d’effacement, d’un constant soutien au service de son partenaire.

Par Nicolas Rieux

One thought on “DE SON VIVANT d’Emmanuelle Bercot : la critique du film

  1. Et la vie après la mort qui effacé le cancer du pancréas comme toute autre tragédie? Dans un monde marqué par un athéisme infantile , poit étonnant que ce film respecte cette étonnante croyance que la vie viendrait soit de rien, soit du hasard..
    Mourir en chrétien dans une chambre où tous et toutes accompagnaient le mourant ,préparait autrement que ce mur infranchissable pour le néant.

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