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CYRANO de Joe Wright : la critique du film

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Nom : Cyrano
Père : Joe Wright
Date de naissance : 2021
Majorité : 30 mars 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h04 / Poids : NC
Genre : Drame historique et musical

Livret de Famille : Peter DinklageHaley BennettKelvin Harrison Jr., Ben Mendelsohn…

Signes particuliers : Rien de neuf sous le soleil de Pagnol. 

Synopsis : Cyrano De Bergerac est un homme bien en avance sur son temps qui brille autant par la dextérité de sa répartie que par celle de son épée. Mais persuadé que son apparence le prive à jamais de l’amour de celle qui lui est chère, la resplendissante Roxanne, il ne se résout pas à lui avouer sa flamme, la laissant ainsi succomber aux charmes du beau Christian.

 

CYRANO POUSSE LA CHANSONNETTE

NOTRE AVIS SUR CYRANO

Bon… Déjà, la tragédie de Cyrano de Bergerac en musical avec le nanisme comme handicap au lieu da la célèbre péninsule nasale… Fallait être armé d’une sérieuse motivation pour aller se plonger dans le nouveau Joe Wright, l’élégant cinéaste britannique qui, quand il l’entend, peut être capable de sombrer dans la lourdeur la plus sirupeuse qui soit. Et pour le coup, avec la tragédie romanesque d’Edmond Rostand, il avait matière. Mais au diable les conventions et le sacro-saint « respect des classiques », l’art doit être vivant et pouvoir se réinventer perpétuellement. Donc en soi, pourquoi pas revisiter le chef-d’œuvre de Rostand autrement. Sauf que « autrement » n’est pas forcément synonyme de « bien ». Et ça, Cyrano le démontre bien. On n’ira pas jusqu’à dire que le film est une atroce souffrance de deux heures semblable à l’insupportable revisite des Misérables par Tom Hooper il y a dix ans, mais pas loin. Ce qui le sauve des affres de la purge abyssale, c’est que par intermittence Joe Wright signe une poignée de scènes superbes. Mais pour quelques passages majestueux, quelques chansons poignantes (celle des soldats au front est magnifique) et quelques phrasés bien interprétés, son Cyrano accumule les moments d’une « gênance » fossoyeuse. Ce Cyrano (adapté du musical d’Erica Schmidt), c’est un peu Docteur Jekyll et Mister Hyde. Quand il est Jekyll, il est capable de séduire, voire d’enivrer. Quand il est Hyde, il se fourvoie dans un risible aussi embarrassant que surréaliste. Et malheureusement pour lui, il est plus souvent Hyde que Jekyll.
80% des chansons sont une torture auditive. Les chorégraphies éventées (rappelant du sous Mylène Farmer première époque) s’empêtrent dans un ridicule à fuir. Mais le pire vient étonnement de la mise en scène du pourtant classieux cinéaste britannique qui n’hésite pas à recourir à des motifs visuels saugrenus tutoyant des sommets de kitsch. Kitsch, le mot est lâché. Là où Les Misérables était un pur naufrage artistique de bout en bout, Cyrano a des arguments à défendre mais il les balaie par le grotesque presque parodique de certains passages d’une laideur abominable. Comme ce recours à la juxtaposition d’images digne d’un soap des années 80. Ou cette manie de se vautrer dans une esthétique de clip vintage à la Kim Wilde.

Sur le fond, le glissement d’un handicap vers l’autre (le nanisme en lieu et place du nez proéminent) était une idée intéressante. Elle tendait à montrer que Cyrano de Bergerac n’a jamais été une simple histoire « sur un homme ayant un gros nez ». C’était avant tout un récit sur le regard de l’autre, sur le rejet de la différence, sur l’acceptation de soi et sur les complexes qui trahissent notre confiance en nous. La translation d’une amusante originalité physionomique vers un handicap plus marginalisant (avec un Peter Dinklage incarnant avec conviction ce côté « freak » objet de moquerie crasse) était un « terrain de jeu » intéressant pour donner davantage d’ampleur universelle à l’histoire et au passage, pour lui offrir une portée plus actuelle pour ce qu’elle représente en soi. Mais tristement, Joe Wright n’en fait pas grand-chose si ce n’est la sertir d’une superficialité terne couplée à une lourdeur exaspérante. Machine à Oscars (déjà candidate pour les costumes ou les décors avec ses images de la splendide cité de Noto en Sicile où le film a été tourné), Cyrano est un épouvantail ironique. En voulant moderniser, il ringardise.

 

Par Nicolas Rieux

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