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ASTERIX ET OBELIX : L’EMPIRE DU MILIEU de Guillaume Canet : la critique du film

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Nom : Astérix et Obélix : l’empire du milieu
Père : Guillaume Canet
Date de naissance : 2023
Majorité : 1er février 2023
Type : sortie en salle
Nationalité : France
Taille : 1h51 / Poids : 65 M$
Genre : Comédie

Livret de Famille : Guillaume CanetGilles LelloucheVincent Cassel, Marion Cotillard, Zlatan Ibrahimovic, Angèle, Pierre Richard, Gérard Darmon, Ramzy Bédia, Jonathan Cohen, Leanna Cha, Julie Chen, José Garcia, Manu Payet, Philippe Katerine, Jérôme Commandeur, Audrey Lamy, Orelsan, Franck Gastambide, Vincent Desagnat, Linh-Dan Pham…

Signes particuliers : Un divertissement pantagruélique, brouillon et inégal, mais qui ne mérite pas la violente volée qu’il subit depuis sa sortie. 

Synopsis : Nous sommes en 50 avant J.C. L’Impératrice de Chine est emprisonnée suite à un coup d’état fomenté par Deng Tsin Quin, un prince félon. Aidée par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule pour demander de l’aide aux deux valeureux guerriers Astérix et Obélix, dotés d’une force surhumaine grâce à leur potion magique. Nos deux inséparables Gaulois acceptent bien sûr de venir en aide à la Princesse pour sauver sa mère et libérer son pays. Et les voici tous en route pour une grande aventure vers la Chine. Mais César et sa puissante armée, toujours en soif de conquêtes, ont eux aussi pris la direction de l’Empire du Milieu…

 

CANET NE FILE PAS LA GAULE

NOTRE AVIS SUR ASTERIX ET OBELIX : L’EMPIRE DU MILIEU

Le voilà le fameux film censé sauver le cinéma français de sa période moribonde. Le blockbuster de tous les temps (65 millions d’euros quand même). Le film au casting ultime. Le film porteur de tous les espoirs car s’il marche au box office, d’autres superproductions pourraient voir le jour. Le film qui… bla-bla-bla. Guillaume Canet, toute sa clique et le patron de Pathé Jérôme Seydoux, tous s’y sont mis lourdement pour bien marteler et vendre la nouvelle et ambitieuse adaptation des aventures des vaillants gaulois Astérix et Obélix. Des aventures qui vont les emmener cette fois dans la lointaine Chine ancestrale, au temps des Empereurs et des luttes de pouvoir intestines. Depuis sa sortie et depuis qu’il affole le box office, Astérix et Obélix : l’empire du milieu a fait couler beaucoup d’encre. Généralement pour en dire le pire. Mérité ? On va parler franchement, on a un peu l’impression qu’à force de jouer la carte du chantage affectif (en mode « si vous n’allez pas voir le film, le cinéma français ne s’en relèvera pas »), qu’à force de promouvoir le film avec les gros sabots d’un taureau en rut et qu’à force de s’en prendre violemment à la critique si elle n’est pas favorable, Canet et toute sa bande se sont mis pas mal de monde à dos et ont généré une forme de tension à l’encontre du film, de laquelle sont parfois nés des préjugés. La vérité est peut-être moins cynique que le discours qui a porté l’arrivée du film en salle.
Car très franchement encore, il serait malhonnête de ne pas reconnaître au film de Guillaume Canet quelques gags amusants, quelques répliques drôles, quelques noms de personnages bien trouvés (le méchant Deng Tsin Quin entre autres) ou encore quelques idées comme cette incorporation de sujets d’actualité, de la place de la femme au mieux-manger par exemple (même si c’est planté très sagement et sans finesse). Non, très franchement (encore), Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu ne sera jamais le malaise entrevu lors de ses 5-10 premières minutes ratées. Rapidement la machine se met en marche et alors que le film est le premier en prises de vues réelles à reposer sur une histoire originale, il peut se targuer de garder le cap sur les fondamentaux de l’univers d’Uderzo et Goscinny. Ce qui est sûr, c’est que L’Empire du Milieu est loin d’être le pire film de la série (les deux derniers en date, Aux Jeux Olympiques et Au Service de sa Majesté étaient de sacrées purges). Évidemment, c’est loin d’être le meilleur aussi, Alain Chabat et son mythique Mission Cléopâtre peuvent dormir tranquille. La version animée d’Astier aussi.
Néanmoins, si la critique est si virulente, tout n’est pas à mettre sur le compte de l’agacement ou des idées préconçues. Si Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu n’est pas aussi déshonorant qu’on l’entend à droite à gauche, le tableau n’est pas forcément rose non plus. Guillaume Canet paie peut-être par moments sa boulimie de gags et de blagues. Le film est lancé sur un rythme frénétique et quand il y a quantité, il y a souvent déchet. En l’occurrence, son Astérix est très inégal. Pour un rire acquis, une saynète plus mauvaise voire parfois affligeante (le premier passage de Zlatan par exemple). Mais on pourra aussi dire que c’est souvent le lot de l’extrême générosité. Et pour le coup, il y en a pas mal dans ce nouvel opus de la saga aussi boulimique qu’Obélix devant un buffet de sangliers. Tout ne passe pas, certaines choses cassent, mais la balance est équitable.
En dehors de l’inégalité de l’humour, plusieurs choses. Des effets spéciaux pas toujours très fringants, un scénario trop décousu, une mise en scène parfois pataude, une direction artistique pas toujours séduisante… Et puis vient la question (épineuse) des interprètes. L’entame est compliquée pour Gilles Lellouche (la première scène est tellement mal jouée !) mais force est de reconnaître que l’on finit par s’habituer à ce nouveau Obélix, d’autant que passer derrière Gérard Depardieu n’était pas chose aisée. Il parvient à s’attirer une certaine sympathie sur le long terme avec son jeu pétillamment enfantin. Une chose est sûre, on s’habitue beaucoup moins à Guillaume Canet en revanche, qui peine à coller au costume du virevoltant Astérix. En plus de jouer souvent faux ou à contretemps, l’acteur-réalisateur paraît « vieux » pour le rôle. Ironique quand on sait qu’il a pourtant sensiblement le même âge que Christian Clavier lorsqu’il en a hérité en 1999. Idem derrière le duo vedette. Vincent Cassel en Jules (ou Jul puisqu’il fait un clin d’œil au rappeur) César régale, Jonathan Cohen en fait des caisses, Marion Cotillard cavale très loin derrière Monica Bellucci en Cléopâtre, l’armée de caméo marche aléatoirement…
Et au final ? Au final, tirer à boulets rouges sur le film semble parfois le fruit d’une volonté idéologique de le faire. Car malgré ses défauts évidents (pour ne pas dire béants), Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu est loin d’être le navet vendu à droite à gauche. Oui c’est très brouillon et dispersé. Oui ça sonne un peu « enchaînement de sketches ». Oui c’est parfois un peu mou ou trop sage. Plein de reproches déstabilisants qui nous font nous interroger sur certaines choses. Comme l’hésitation entre clins d’œil amusants ou mauvaises reprises sur certains gags. Une scène culte de La Chèvre entièrement reproduite avec Pierre Richard, une citation d’Audiard d’un côté, une réplique des Bronzés par-là, une musique de Morricone à gauche, une référence à Karaté Kid à droite… Bref, l’ensemble reste divertissant, boitillant et sans génie mais efficace et certainement pas détestable. Une sorte de bordel composite à l’image de son titre : au milieu.

 

Par Nicolas Rieux

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