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AFTER MY DEATH de Kim Ui-seok : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : After my Death
Père : Kim Ui-seok
Date de naissance : 2017
Majorité : 21 novembre 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Corée du Sud
Taille : 1h53 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Jeon Yeo-bin, Seo Young-hwa, Jeon So-nee…

Signes particuliers : Intéressant dans l’idée, ennuyeux dans l’exécution.

UN DRAME OPPRESSANT SUR LA JEUNESSE CORÉENNE

LA CRITIQUE DE AFTER MY DEATH

Synopsis : La disparition soudaine d’une élève d’un lycée pour jeunes filles précipite la communauté scolaire dans le chaos. Famille de la victime, enseignants et élèves cherchent à fuir toute responsabilité, l’image de l’école étant en jeu. Pourtant, sans indice ni corps, on suspecte un suicide. Young-hee, l’une de ses camarades d’école, dernière à l’avoir vue vivante, est suspectée par tout le monde, à commencer par la mère de la victime. Bouc-émissaire idéal, Young-hee va chercher à n’importe quel prix à échapper à la spirale de persécutions qui l’accablent. Mais quel secret, quel pacte peut-elle bien cacher… ?

Primé au réputé festival de Busan en Corée du Sud, After My Death est le premier long-métrage du néo-cinéaste Ui-seok Kim, lequel s’intéresse à l’un des fléaux les plus graves de la société coréenne, son taux de suicide alarmant, parmi les plus élevés au monde, qui frappe notamment la jeunesse. Au lendemain de la disparation de l’un de ses meilleurs amis, le scénariste-réalisateur a voulu retranscrire ce qu’il avait ressenti à ce moment-là. C’est ainsi qu’a germé After My Death, drame désespéré sur une communauté scolaire plongée dans le chaos après la disparition d’une des leurs, probablement suicidée.

Le sujet du film de Ui-seok Kim est fort, important même pourrait-on dire pour qui voudrait se servir du cinéma pour s’exprimer sur de vrais problèmes sociétaux. Malheureusement, After My Death est symptomatique d’un réel essoufflement du cinéma coréen qui, après plus d’une décennie de gloire et d’inventivité, peine à trouver un nouvel élan pour se réinventer tant thématiquement qu’esthétiquement. De plus en plus, le cinéma coréen tourne autour des mêmes sujets et s’embourbe dans sa culture du thriller dramatique (ou du drame teinté de thriller) sombre et anxiogène. Ce qui passait pour un style nouveau et maîtrisé il y a quelques années, tourne aujourd’hui à l’auto-caricature presque factice. Avec After my Death, on retrouve ce discours critique sur la jeunesse écrasée par la pression et les conventions d’une société rigide, hiérarchisée et ultra-compétitive, on retrouve ces éternelles mêmes thématiques sur le patriarcat, la culpabilité, les problèmes de l’éducation, les relations parents-enfants ou le deuil. Visuellement, on retrouve également cet habituel ton sombre, ce mélange de thriller à enquête et de drame sociétal… Autant d’éléments jadis intéressants mais devenus des poncifs après avoir été utilisé mainte et mainte fois, par Kim Ki-Duk et tant d’autres derrière lui. Reste qu’au-delà de son peu d’originalité, After my Death aurait pu être un film correct. Mais Ui-seok Kim ne semble jamais être en mesure d’observer son sujet sous un angle nouveau, comme a pu le faire par exemple Shin Su-won avec Seunsung il y a quelques années.

Derrière, c’est tout un film qui se délite sous le poids de partis pris mal maîtrisés. Comme ce recours à une noirceur si extrême qu’elle en devient lassante en plus de désamorcer toute possibilité d’empathie. Personne ne semble récupérable dans After my Death, des élèves aux parents en passant par les autorités ou le corps enseignant. L’égoïsme règne en maître, le désespoir est omniprésent, les rivalités, la méchanceté et le harcèlement sont établis, les adolescents s’affrontent et les adultes sont lâches, menteurs ou malveillants. Il n’est certes pas du devoir du film de trouver des réponses à un constat mais en même temps, Ui-seok Kim n’interroge jamais et se contente d’un regard pour le regard sans rien n’amener avec lui. Autre problème, ce recours permanent aux non-dits. A force de s’empêtrer dans ce procédé narratif pour préserver un semblant de suspens en jouant la carte du flou sur tout, After My Death finit par perdre le spectateur dans un dédale d’indifférence. Et pour ceux qui auraient survécu à tout cela, c’est l’absence totale de rythme qui risque de venir achever. After My Death baigne dans une atmosphère lancinante qui semble auto-contempler sa propre lenteur. On l’imagine volontiers destinée à souligner le ton morbide d’un film épousant les contours déprimants de son histoire, mais trop c’est trop et d’un potentiel d’intérêt, le film de Ui-seok Kim bascule dans l’ennui.


BANDE-ANNONCE :

Par David Huxley

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