Nom : 37
Père : Arthur Môlard
Date de naissance : 20 novembre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h45 / Poids : NC
Genre : Thriller
Livret de Famille : Guillaume Pottier, Melodie Simina…
Signes particuliers : Un thriller loupé.
Synopsis : Vincent, chauffeur-routier, prend en stop une jeune femme qui prétend s’appeler Trente-Sept. Très vite, son comportement étrange éveille les soupçons du routier. Mais Vincent lui-même n’est peut-être pas aussi innocent qu’il n’y paraît… Entre le chauffeur et sa passagère s’engage alors un jeu diabolique qui va bientôt devenir totalement hors de contrôle.
SORTIE DE ROUTE
NOTRE AVIS SUR 37, L’OMBRE ET LA PROIE
Et v’là-t’y pas que le cinoche français tente d’aller jouer sur les plantes bandes du thriller de série B à l’américaine. Remarquez, pourquoi pas, on n’est jamais à l’abri d’un nouveau succès surprise à la Taken. Avec ses petits airs de roller coaster tendu comme le string de Kim Kardashian opposant un camionneur et une mystérieuse auto-stoppeuse dans un face à face sous stress intense, 37 : l’ombre et la proie lorgnait gentiment du côté des Duel et autre The Hitcher. Malheureusement il ne fait que lorgner, et encore de loin, dans le noir, et avec les deux yeux qui louchent.
Premier long-métrage d’Arthur Môlard, 37 : l’ombre et la proie monte à bord du 38 tonnes de Vincent, un chauffeur-routier qui prend en stop une jeune femme enceinte prétendant s’appeler Trente-sept. Déjà, c’est chelou comme nom, mais bon. Au moment où la petite Lolita met un pied dans son camion, tout le monde a pigé que Vincent vient de faire une belle grosse connerie. Tout le monde sauf lui (logique, sinon il n’y aurait pas de film). Très vite, le covoiturage va déraper et virer au jeu diabolique entre le routard pas finaud et sa flippante passagère.
Étudiant, Arthur Môlard avait une passion pour les films à suspense de M. Night Shyamalan. Cinéaste, le bonhomme veut maintenant faire comme son aîné, des films à twist qui scotcherait le spectateur dans son fauteuil. Problème, si ledit spectateur s’enfonce dans son siège, ce n’est pas d’angoisse mais plutôt de consternation devant un thriller qui pourrait bien concourir au navet d’or de l’année.
Ne maîtrisant jamais son engin à la puissance d’un DTV en promo « 1 acheté, 15 offerts », 37 : l’ombre et la proie se paye une sortie de route XXL en multipliant les tonneaux jusqu’au crash final. Bilan, un mort (le film) et de sacrés dégâts sur un spectateur estropié par un tel étalage de nullité cinématographique. Le film d’Arthur Môlard cumule tellement de tares que l’on ne saurait même pas par où commencer s’il fallait les lister. Peut-être par ses comédiens, qui jouent aussi mal que les intermittents du spectacle des sitcoms AB ? Ou par sa mise en scène, qui pense tenter des trucs mais qui se vautre souvent dans le ridicule. À moins que le vrai problème soit les dialogues, d’une crétinerie à faire passer les productions Besson pour des adaptations de Shakespeare. À se demander s’ils n’auraient pas été écrits par un dramaturge habitué à la finesse des dialogues de pornos. Non, en réalité, le mal est bien plus profond que tout ça, il gangrène l’édifice à sa base. Le principal problème de 37 : l’ombre et la proie, c’est qu’il repose sur un scénario grotesque plombé, d’une part par son mille-feuilles d’incohérences à en bouffer son fauteuil de cinéma, et d’autre part par son enchaînement de twists improbables qui se succèdent frénétiquement au point de déclencher plus de larmes de rire que de palpitations cardiaques.
D’une bêtise à bouffer du foin, 37 sombre parce que rien ne tient debout (non, l’argument « mais c’est un film » ne marche pas) et parce qu’il veut tellement rendre fou le spectateur en multipliant les renversements de situations (un twist, deux twists, trois, cinq, douze, drapeau blanc, par pitié n’en jetez plus) qu’il en devient contreproductif et risible. Déjà que l’on était très perplexe quand à sa manière, un peu gênante, de reprendre à son compte un sujet d’actualité grave et sérieux pour le tourner à la sauce thriller sensationnaliste façon le Revenge de Coralie Fargeat… 37 essaie de faire tout son possible pour se montrer haletant et efficace. Et l’on aurait aimé saluer ses louables motivations, d’autant que ce genre de tentative de thriller psychologique hargneux est assez rare est France. Mais c’est effroyablement mauvais et il est difficile d’en sauver quoique ce soit qui serait de nature à le défendre. D’un bout à l’autre, 37 roule contre lui-même (et l’on se demande sincérement pourquoi le film sort en salles et non sur une pateforme de SVOD où il aurait davantage eu sa place).
Par Nicolas Rieux