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BONES AND ALL de Luca Guadagnino : la critique du film

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Nom : Bones and All
Père : Luca Guadagnino
Majorité : 23 novembre 2022
Type : sortie en salle
Nationalité : Italie, USA
Taille : 2h10 / Poids : NC
Genre : Drame, Horreur

Livret de Famille : Avec Timothée ChalametTaylor RussellMark Rylance

Signes particuliers : Troublant, émouvant, obsédant. 

Synopsis : Maren part à la recherche de sa mère et rencontre Lee, un adolescent à la dérive qui va l’embarquer dans un road trip enflammé sur les routes de l’Amérique profonde. Leur amour naissant sera-t-il suffisamment fort pour résister à leurs démons, leur passé et le regard d’une société qui les considère comme des monstres ?

 

D’AMOUR ET D’OS

NOTRE AVIS SUR BONES AND ALL

Quatre ans après sa revisite du Suspiria de Dario Argento, l’italien Luca Guadagnino persévère dans l’horreur graphique ? Oui… et non. Car malgré son histoire de cannibalisme perpétré par une caste de marginaux mangeurs d’humains, difficile de classer catégoriquement Bones and All, son nouveau long-métrage, dans la pure section épouvante-horreur. Ce serait trop le limiter et réduire ses ailes. Oui, il y a une composante de genre. Et oui, elle est marquée, voire insoutenable pour les âmes les plus fragiles. Mais au fond, Bones and All est avant tout un drame teinté de romance, moulé dans un road movie pas loin de la balade tragique. Pour le définir, on pourrait presque dire que Bones and All est au film de cannibales ce que le The Addiction d’Abel Ferrara était au film de vampires. En somme, une œuvre qui fait du genre un socle et non une motivation, une œuvre davantage tournée vers un trouble psychologique et un cheminement intimiste, plus que vers des artifices horrifiques effrayants. Ça fait toute la différence, ça rend Bones and All passionnant, magnifique, émouvant.

Porté (fabuleusement) par la jeune Taylor Russell (Escape Game) et Timothée Chalamet, Bones and All -que l’on aurait très bien pu aussi baptiser « Love and Bones »- est une balade tancée entre des sentiments contraires, d’un côté une forme de mélancolie désespérée face à l’affliction d’une condition trop lourde à porter, de l’autre un voyage plein d’espoir en quête de réponse, d’acception et d’altérité. A l’image de cette dualité, le film de Luca Guadagnino est riche en contrastes, alternant une imagerie nocturne ténébreuse et la lumière du jour dans les grands espaces traversés tout au long de ce voyage à travers l’Amérique et ses États. Comme si le Aux Frontières de l’Aube de Kathryn Bigelow rencontrait La Balade Sauvage de Terrence Malick avec le Grave de Julia Ducorneau en guide.

Au fil des rencontres, au gré des découvertes sur son passé, à mesure que le spectre d’un avenir terrifiant grandit, la jeune Maren bouleverse dans son rapport à sa condition (de mangeuse de chair). Elle ne l’a pas choisie, elle ne peut ni l’accepter ni l’occulter, elle voudrait la combattre mais rien ne l’y aide. Relève t-elle d’un déterminisme empreint de fatalité ou peut-elle la dépasser ? C’est tout l’enjeu du drame qui se noue dans le film de Guadagnino, lequel épouse autant le film d’horreur psychologique que le romantisme noir. Des images sublimes marquent la rétine, un vrai regard sur l’Amérique des désaxés sociaux accompagne le récit, et le spectateur d’être constamment tenu par une fable à la fois troublante, obsédante, déchirante.

Un détail. Amusant de songer au fait que Guadagnino s’intéresse ainsi au cannibalisme réaliste après avoir offert à Armie Hammer son plus grand rôle… lui dont la carrière s’est tristement terminée après le « scandale » de ses penchants cannibales. Mais il n’y a bel et bien aucun rapport ni coïncidence.

Par Nicolas Rieux

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