Nom : Blitz
Père : Steve McQueen
Date de naissance : 09 novembre 2024
Type : Disponible sur Apple+
Nationalité : USA, Angleterre
Taille : 2h00 / Poids : NC
Genre : Drame, Guerre
Livret de famille : Saoirse Ronan, Harris Dickinson, Benjamin Clementine…
Signes particuliers : Souvent bien fait, jamais brillant.
Synopsis : L’épopée de George, un garçon de 9 ans vivant à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale et que sa mère Rita envoie se réfugier dans la campagne anglaise. Mais George, déterminé à retourner chez sa mère et son grand-père Gerald dans l’est de Londres, se lance dans une aventure extrêmement dangereuse, tandis que Rita, folle d’inquiétude, se lance à sa recherche.
ITINERAIRE D’UN ENFANT PAS GATÉ
NOTRE AVIS SUR BLITZ
Steve McQueen retrouve le registre du film historique, onze ans après son puissant
Twelve Years à Slave. Après l’Amérique esclavagiste du XIXème, c’est l’Angleterre de la Deuxième Guerre Mondiale que filme cette fois le cinéaste. Avec comme point commun, le désir de filmer les tourments d’un peuple et de parler du racisme séculaire. Dans
Twelve Years à Slave, c’étaient les tourments des esclaves noirs réduits en sous-race exploitée. Dans
Blitz, ce sont ceux des britanniques alors que Londres étaient constamment bombardée par l’aviation nazie. Avec au centre, un enfant métisse victime de rejet pour sa couleur de peau. Ce chaos terrible où la mort tombait du ciel toutes les nuits ou presque, Steve McQueen le raconte en partie à travers le regard d’un petit garçon envoyé, comme les autres enfants londoniens, dans la campagne anglaise pour les mettre à l’abri le temps de la Guerre. Mais George ne veut pas et s’échappe du train pour retourner auprès de sa mère. Le début d’un long périple initiatique pour le garçonnet qui va voir l’horreur de la guerre défiler sous ses yeux.
À ses débuts, Steve McQueen avait fasciné par ses films sombres, puissants et radicaux tels que Hunger ou Shame. De cette époque, il ne reste que des bribes éparses dans Blitz. Si le film est capable de quelques élans de noirceur parfois inattendus, il n’en demeure pas moins comme une jolie fable conventionnelle manquant d’un peu d’intensité et surtout d’aspérités. Le metteur en scène y mêle deux histoires directrices, d’un côté la résilience du peuple britannique face aux affres d’une guerre frappant les civils la nuit, les contraignant à vivre continuellement dans la peur de l’alarme appelant à rejoindre un abris d’urgence, et de l’autre une histoire de racisme autour de ce petit garçon rejeté pour sa couleur de peau dans des temps où la solidarité fraternelle devait être le maître-mot d’un peuple terrorisé. Deux histoires qui tentent d’évoluer l’une avec l’autre mais qui forcent le cinéaste -et son film- a une certaine lourdeur didactique. Dans sa construction, Blitz souffre de ce classicisme parfois un peu ampoulé et engonçant cette fresque mélodramatique dans un costume artistique assez guindé. Dans son construction, mais aussi dans son écriture ou sa mise en scène. Steve McQueen ne convoque que peu d’originalité dans sa manière de raconter le fameux blitz londonien, sa seule incartade est d’y adjoindre cette histoire de rejet de la différence dans des temps qui ne se prêtaient pas à la haine.
Néanmoins, à défaut de s’imposer comme un grand film apportant quelque chose au sujet en particulier ou au cinéma en général, Blitz est une variation d’Olivier Twist dans la Seconde Guerre Mondiale qui tient à peu près la route, oscillant entre le spectaculaire et des tentatives de poésie initiatique. Quand Steve McQueen s’oriente vers un cinéma plus estampillé « divertissement », son talent a tendance à être moins éclaboussant (voir Les Veuves). C’est une nouvelle fois le cas ici avec un film qui sera sûrement mineur dans sa carrière malgré son grand sujet. Car rien ne vient vraiment bousculer le spectateur dans cette odyssée dramatique bien faite, si ce n’est des tentatives artificielles et schématiques d’émotion touchante. Rien, et certainement pas cette construction très sérielle (Georges et le train, George et le soldat noir, George et les détrousseurs de cadavres…) donnant l’impression d’une succession d’épisodes formant une grande aventure.
Par Nicolas Rieux