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ALONE (DON’T GROW UP) de Thierry Poiraud : la critique du film

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alonenote 3 -5
Nom : Don’t Grow Up
Père : Thierry Poiraud
Date de naissance : 2014
Majorité : 1er avril 2016
Type : Sortie VOD
(Éditeur : Condor)
Nationalité : France, Espagne
Taille : 1h22 / Poids : NC
Genre : Thriller, Horreur

Livret de famille : Darren Evans, Fergus Riordan, McKell David…

Signes particuliers : Encore une preuve que le cinéma de genre français a de la valeur !

ADULTES EN COLÈRE

LA CRITIQUE

Résumé : Sur une île isolée au large de l’Écosse, six adolescents se réveillent seuls dans leur pensionnat: surveillants et professeurs ont mystérieusement disparu. D’abord ravis d’être libérés de toutes contraintes, ils finissent par prendre la route, en quête de réponses. Devant eux se dessine progressivement l’apocalypse: infectés par un virus inconnu, les habitants se sont transformés en prédateurs sanguinaires. Pire, le fléau semble toucher uniquement les adultes. Désormais, pour survivre, le groupe doit répondre à deux questions: comment quitter l’île ? Et à quel âge devient-on adulte ?…ALONE_FILM_5L’INTRO :

On a de cesse de le dire et de le répéter mais en dépit de ce que peuvent affirmer les mauvaises langues, en France, on n’est pas de manchots question cinéma de genre. Bien au contraire. Certes, on n’a pas les moyens du cinéma américain, certes, les ambitions peuvent parfois pâtir de cet état de fait, et certes, la frilosité des producteurs (et distributeurs) n’aident pas forcément à la mise en place d’une identité forte. Mais quand on compile les tentatives de ces dernières années, on se rend vite compte que notre production de genre ne vaut finalement ni mieux ni pire qu’une autre, et qu’elle souffre bien trop souvent d’un bashing manquant clairement d’objectivité et fondé sur le triste fait simpliste que « c’est français ». Dernier venu dans la danse, le franco-espagnol Alone (également titré Don’t Grown Up à l’international) signé Thierry Poiraud (Atomik Circus, Goal of the Dead) et tourné en langue anglaise. Alone, ou une sorte de survival adolescent jouant avec un ressort bien connu de l’horreur, qu’il inverse non sans malice et ambitions.ALONE_FILML’AVIS :

Il serait très facile de s’attarder seulement sur les défauts de Alone, dans l’optique de pointer du doigt uniquement le verre à moitié vide. Ce serait sans prendre en compte que ce même verre, est parallèlement à moitié plein, et d’un breuvage de qualité. Comme beaucoup, Thierry Poireaud s’inspire d’un cinéma des années 70-80 qui a visiblement construit et nourri son amour du cinéma de genre. On connaît par cœur les classiques mettant aux prises des enfants tueurs et des adultes terrifiés devant la soudaine barbarie de leur progéniture angélique. Du Village des Damnés aux Révoltés de l’an 2000 en passant par le plus récent The Children, l’imagerie des enfants assassins et démoniaques a toujours fasciné au cinéma. Thierry Poireaud inverse donc l’idée et c’est cette fois-ci, les enfants qui sont à la merci d’adultes devenus agressifs et meurtriers, se retournant contre leurs chérubins après avoir été touchés par un mystérieux virus plongeant une île écossaise dans le chaos.ALONE_FILM_3Sur le principe, Alone repose sur un pitch assez sommaire, d’autant que les évidentes contraintes budgétaires ne lui permettent pas de l’étoffer comme il aurait pu le faire avec davantage de moyens. Mais même s’il ne témoigne pas d’une ambition folle sur le papier, même s’il a recours à des motifs déjà-vu et même si sa conception est assez simple dans l’absolu des choses, Alone parvient à se dégager une voie qui le mène sans trop d’embuches, vers une réussite plutôt intéressante. Réfléchissant sur ce que c’est au fond qu’être « adulte », la série B de Thierry Poiraud a surtout le mérite d’être très bien exécutée, non seulement dans son efficacité et son imagerie horrifique, mais aussi dans sa mise en scène, à la fois élégante et léchée, soutenue au passage par une somptueuse photographique dès plus admirable. Divertissant et d’une nature assez épurée, Alone peut aussi compter sur quelques scènes fortes, qui lui confèrent une saveur brutale et sans concessions. On pense notamment à ce passage implacable où l’un des héros, impuissant, ne peut porter secours à une fillette prise au piège d’une mère ayant sombré dans la folie meurtrière. Si la tension aurait pu être plus palpable avec davantage de péripéties et de rythme (revoilà le mal des restrictions financières qui réapparaît), Alone parvient à habilement compenser ses carences en tirant le meilleur de ses décors variés (ville, forêt, désert), décors associés à la portée intelligente d’une fable où la trajectoire des personnages résonne avec la notion du passage à l’âge adulte (quand, comment, pourquoi), cet entre-deux où l’on est à la fois à la merci du regard des grands et des plus petits, cet entre-deux où l’on appartient pas encore à l’un et plus à l’autre, chose que le film illustre de forte belle manière, avec une subtilité symbolique qui en anoblit encore davantage la démarche.ALONE_FILM_2Récompensé au PIFFF 2015, Alone est une énième preuve de la vitalité du cinéma de genre français, que l’on n’a pas fini de soutenir avec l’espoir qu’un jour, il puisse bénéficier d’un regard à la hauteur de ce qu’il peut être capable de proposer grâce aux talents qui l’animent avec une passion indéfectible et courageuse. Alone n’a pas eu la chance de se voir offrir une fenêtre pour une sortie en salles, mais il est à découvrir en VOD à compter du 1er avril, et ce n’est pas du tout une mauvaise blague !

LA BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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