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AD ASTRA de James Gray : la critique du film [Mostra de Venise]

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Ad Astra
Père : James Gray
Date de naissance : 2019
Majorité : 18 septembre 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h04 / Poids : NC
Genre : SF

Livret de famille : Brad Pitt, Tommy Lee Jones, Ruth Negga, Liv Tyler, Donald Sutherland…

Signes particuliers : Un immense film de science-fiction très « kubrickien ».

BRAD PITT ET JAMES GRAY VERS LES ÉTOILES

NOTRE AVIS SUR AD ASTRA

Synopsis : L’astronaute Roy McBride s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète. Lors de son voyage, il sera confronté à des révélations mettant en cause la nature même de l’existence humaine, et notre place dans l’univers.

Avec une filmographie fascinante depuis ses débuts, James Gray fait partie des cinéastes les plus intéressants à l’heure actuelle dans le paysage cinématographique américain. De Little Odessa, son premier long-métrage, au puissant The Lost City of Z en passant par La Nuit Nous Appartient, Two Lovers ou The Immigrant, James Gray a su se forger une œuvre cohérente et passionnante qui se dévore avec un appétit cinéphile sans limite. Trois ans après avoir arpenté les forêts d’Amérique du Sud pour The Lost City of Z, le cinéaste reste dans la thématique de la quête mais prend la direction de l’espace. Film de science-fiction, Ad Astra propulse Brad Pitt dans les étoiles. L’acteur y incarne un astronaute qui va s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu pour résoudre un mystère menaçant la survie de notre planète.

A qui s’adresse le film de James Gray ? Certainement pas aux amateurs de gros blockbusters bourrins bardés d’action et d’effets spéciaux ultra-spectaculaires. Non, Ad Astra n’est pas un Armageddon moderne ou une énième aventure de conquête spatiale sur fond de film catastrophe injecté de rebondissements en tout genre. C’est même l’antithèse absolue du film pop corn, sa Némésis, davantage un drame qui utilise le genre de la science-fiction pour orchestrer une puissante fresque intimiste flottant sur des thèmes allant du philosophique au théologique en passant par l’anthropologique et le métaphysique. Un vrai et immense film d’auteur qui se confronte à la richesse de ce qu’il soulève avec une conviction cinématographique aussi folle que radicale. Les amateurs de simples distractions parleront peut-être d’un film chiant, mais les cinéphiles vanteront sûrement une splendeur intelligente. Et le fossé entre les deux visions se creusera encore.

Formellement, James Gray est un artiste qui a énormément de cinéma dans sa besace. Il l’a déjà démontré mainte et mainte fois. A nouveau, le cinéaste bouleverse en nous soumettant à la beauté de son regard. Poétique, magnétique, pictural, Ad Astra est tel un tableau permanent où chaque plan pourrait être perçu comme un chef-d’œuvre en soi, dans la composition, dans la photo, dans les textures, dans l’harmonie des couleurs, dans les sons qui les accompagnent. Plutôt que de chercher l’ultra-réalisme spatial (on en est loin parfois), James Gray compose avant tout un formalisme artistique subjuguant où l’on est saisit par la puissance fantasmagorique ou évocatrice des images.

Et puis il y a le fond, insondable tant il est profond. Que raconte James Gray avec Ad Astra ? En réalité, tellement de choses que chacun pourrait appréhender le film différemment, selon son regard, sa sensibilité et l’angle par lequel il se sentira happé par cette aventure humaine et spatiale, intime et universelle, intense et psychologique. On peut y voir une sorte de The Lost City of Z dans l’espace autour de la folie d’un homme dévoré par sa quête. On peut y voir une bouleversante relation filiale évoquant les conséquences de notre héritage personnel dans notre construction identitaire et le besoin du « tuer le père » pour embrasser pleinement sa propre voie. On peut aussi y voir une œuvre existentielle ou métaphysique questionnant le sens de la vie, notre place dans le monde et la difficulté à trouver un sens à notre existence d’humain.
Et enfin, il y a Brad Pitt, omniprésent, fabuleux, dévoreur d’écran, aimant à rétines. Dans les palabres existentielles, dans les silences puissamment incarnés ou dans les interstices où son jeu nuancé s’infiltre, le comédien livre une composition d’exception, au calme viscéral fascinant. Si l’on n’était pas convaincu que l’acteur méritait déjà un Oscar pour sa prestation dans le Once Upon a Time in Hollywood de Tarantino, sa performance toute en intensité chez James Gray achève d’en faire LE candidat poids lourd pour la prochaine édition. Une édition où l’on retrouvera très probablement le film lui-même, sorte d’œuvre monument vertigineuse que n’aurait pas renié un Kubrick, où la profondeur du fond se répand partout dans un récit intense et rythmé avec une intelligente parcimonie.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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