Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Ironclad
Parents : Jonathan English
Livret de famille : James Purefoy, Brian Cox, Paul Giamatti, Derek Jacobi, Kate Mara, Charles Dance, Jason Flemyng, Jamie Foreman, McKenzie Crook…
Date de naissance : 2011
Nationalité : Etats-Unis, Angleterre, Allemagne
Taille/Poids : 2h00 – 25 millions $
Signes particuliers (+) : Sans concession et réaliste dans le rendu visuel des batailles. Divertissant.
Signes particuliers (-) : Manque de moyens et d’ambition. La réal pas toujours adaptée aux scènes filmées. Un scénario un peu léger.
PAS LE TEMPS PLIEZ LES BAGAGES…
Résumé : Au XIIIème siècle, le cruel roi Jean a été banni du trône et contraint de signer la grande charte assurant la liberté au peuple. Furieux, il lève une armée avec l’aide de mercenaires nordiques et tente de récupérer son dû. Un petit groupe d’hommes va se dresser sur sa route…
Ironclad titré Le Sang des Templiers de part chez nous, profite du regain d’intérêt actuel pour le film médiéval (la relecture de Robin des Bois par Ridley Scott, les The Eagle ou Le Dernier des Templiers, la série Game of Throne…) pour se frayer un chemin vers les salles obscures françaises même si sa sortie sera, au final, plus technique qu’autre chose, dans l’indifférence générale du plein mois vacancier de juillet. Un choix qui ne va bien sûr pas aider au succès du modeste film du néophyte Jonathan English, doté d’un modeste budget de 25 millions de dollars, mais au casting diablement attirant composé de James Purefoy (excellent dans Rome) en templier héroïque et de Paul Giamatti en cruel roi Jean, le duo d’opposés étant entouré de trognes parmi lesquelles Brian Cox, Charles Dance, Derek Jacobi, Jason Flemyng et la belle Kate Mara pour apporter un peu de féminité à cet univers viril et crasseux.
Si Jonathan English s’étant illustré dans le passé avec les mineurs Nailing Vienna et Minotaur, il signe ici son premier gros film ambitieux malgré son étroite marge de manœuvre financière classant le film au registre du blockbuster de série B. Reprenant une partie de l’histoire du Roi Jean d’Angleterre avec sa tentative de récupérer le pouvoir après sa déchéance et surtout son opposition à la rébellion par le siège de deux mois du château de Rochester, Ironclad se veut plutôt soigné visuellement en termes de reconstitution historique et malgré quelques contrevérités peu gravissimes dues à la fictionnalisation de l’histoire (le rôle des Templiers et des mercenaires scandinaves étant à prendre avec les pincettes du regard cinématographique et non comme un vrai témoignage historique) le film de Jonathan English s’attache à une partie de l’histoire aussi intéressante qu’un peu oubliée.
Divertissement honnête à la violence crûment réaliste, Ironclad compense ses faiblesses budgétaires en s’efforçant d’aller rapidement à l’essentiel de son récit à savoir la partie huis clos façon Fort Alamo où un petit groupe d’hommes emmené par un soldat membre de l’Ordre des Templiers va tenter tant bien que mal de résister à l’armée constituée par le Roi déchu et revanchard. Si le genre est souvent casse-gueule tant les éternels poncifs sont difficilement évitables (siège héroïque au départ miné à la longue par la faim et la soif), Jonathan English tente de dynamiser son récit pour ne jamais le rendre pénible et longuet et parvient à plus ou moins trouver un bon équilibre dans le rythme de son histoire, la rendant agréablement regardable sans déplaisir. Et le cinéaste de passer pas loin de l’exploit. Mais son Ironclad est au final bien trop bancal et il aura le tort de ne pas toujours faire les bons choix.
A trop vouloir aller à l’essentiel, Ironclad va commencer par pâtir d’une écriture manquant de profondeur dans le développement de la narration (la relation entre James Purefoy et Kate Mara est à ce titre tout bonnement surréaliste de non-sens, la dureté du siège est bâclée, le duel final attendu manque de souffle et tout paraît bien terne en comparaison de l’équivalent du côté de la série The Tudors par exemple). Mais en toute honnêteté, l’intérêt était de toute façon ailleurs. English mise essentiellement sur ses scènes de batailles qu’il tente de rendre le plus épiques possible. Et fort à parier que si celles-ci avaient été optimales, Ironclad aurait pu fièrement défendre son étendard de petit film modeste mais bien troussé malgré ses défauts évidents. Mais pour cela, encore eut-il fallu qu’elles soient correctement filmées et là aussi, le bas blesse. Par souci d’immersion, English opte pour une mise en scène réaliste alternant caméra à l’épaule et plans classiques, choix plus que douteux tant la caméra secouée ne colle finalement que bien mal au genre historique proposé, d’autant que la plupart du temps, les mouvements ne sont que peu justifiés si ce n’est par une volonté de recherche de la vitesse pour submerger le spectateur, technique idiote très prisée du côté des sans idées. La mise en scène est systématiquement à contretemps, bougeant quand elle devrait être fixe et inversement. Effet désagréable donnant plus une impression de maladresse technique que de choix inspiré, ces mouvements nonsensiques vont être accompagnés d’effets gores qui, s’ils participent d’une recherche de réalisme, vont finalement être trop mal dosés pour atteindre cet objectif, sonnant souvent comme forcés pour donner un cachet trash à l’ensemble.
Il y avait du potentiel derrière cet Ironclad mais sans être une purge, le film trop brouillon, peine à se mettre en valeur faute de choix peu judicieux et faute d’exister la même année que la sublime série télévisée Game of Thrones apportant un émerveillement bien plus total à l’univers médiéval même si elle dévie vers l’heroic-fantasy. Toutefois, il est fort à parier qu’avec un bon cinéaste derrière l’œuvre et un budget plus conséquent, on aurait pu tenir là quelque chose de fort. En l’état, on se retrouve juste face à un film trop moyen pour emporter l’adhésion.
Bande-annonce :