Nom : Loups-Garous
Père : François Uzan
Date de naissance : 23 octobre 2024
Type : disponible sur Netflix
Nationalité : France
Taille : 1h34 / Poids : NC
Genre : Comédie, Fantastique, Aventure
Livret de Famille : Franck Dubosc, Jean Reno, Suzanne Clément, Jonathan Lambert…
Signes particuliers : Fallait oser pondre un navet pareil.
Synopsis : Après avoir découvert un mystérieux jeu de cartes, une famille se retrouve dans un village au Moyen Âge et doit chaque nuit affronter de dangereux loups-garous.
TOUS AUX ABRIS !
NOTRE AVIS SUR LOUPS-GAROUS
1993, Jean Reno voyage du Moyen Âge vers l’époque moderne. 2024, Jean Reno voyage de l’époque moderne vers le Moyen Âge. Et avec lui, Franck Dubosc ou encore Suzanne Clément. Adaptation du jeu de société Les Loups-garous de Thiercelieux pour Netflix, Loups-Garous est un ambitieux pari signé François Uzan (la comédie On sourit pour la photo) : faire une sorte de Jumanji à la française avec des ingrédients de comédie temporelle et de film d’aventure. Sauf que Loups-Garous est à Jumanji ce que la pâtée Whiskas est à la bouffe pour enfants, un non-sens.
Désireux de jouer en famille au jeu de son enfance, aka Les Loups-Garous de Thiercelieux, Jérôme Vassier et les siens se retrouvent mystérieusement projetés dans le jeu… en plein Moyen Âge. Commence pour eux une quête afin de regagner leur époque en essayant de survivre aux mille et un dangers des temps obscurs et aux loups-garous menaçants.
On en a connu des navets, des gros, des petits, des innommables, des rigolos, des pathétiques, des énervants. Mais alors là… Là on touche au sacro-saint, au caviar, à la quintessence sublimée du navet. Le genre qui est nul et qui le sait sans doute au fond de lui. Le genre qui l’étale sans honte, comme s’il était fier et autosatisfait de sa connerie. Le genre qui donnerait presque des envies d’appeler le service client de Netflix pour demander si l’on se foutrait pas un petit peu de notre gueule.
Un film, c’est un scénario avec des intentions, des comédiens pour l’interpréter, puis une mise en scène pour le mettre en boîte et enfin une post-production pour le fignoler. Loups-Garous réussit l’exploit de tout foirer dans l’ordre au point que, même en en attendant rien, on se surprend à être quand même déçus. À la base, il était une fois un scénario qui non content d’avoir le QI d’un mulot, des personnages ridiculement caricaturaux et des blagues plus lourdes que des parpaings, se paye aussi le luxe d’être totalement incohérent avec lui-même. Les personnages sont projetés dans leur jeu de société ET voyage dans le temps. Bah non les amis, faut choisir en fait. Soit tu es propulsé dans un jeu et tu évolues dedans, soit tu es propulsé dans le temps avec les délires de continuum espace-temps et tout le bordel… mais l’un et l’autre ensemble, c’est pas possible, ça marche pas. C’est à la portée d’un collégien de piger que ça ne tient pas debout et que deux films cohabitent alors en un seul. Quand Alan Parrish est projeté dans la boîte de jeu de Jumanji, tout ce qu’il va y vivre pendant des années n’aura aucune influence sur notre réalité et son déroulé puisqu’il est enfermé dans un jeu. Mais ça, Loups-Garous s’en malaxe la nouille avec insouciance. On voit d’ici les gusses qui ont du se dire « Heu… Mais Jean-Mi, ça colle pas là. Oh t’inquiète mon Kevin, c’est pour Netflix, les gens vont regarder de toute façon donc on s’en tamponne, on va pas se faire chier à tout réécrire maintenant. Au pire, ils râleront sur les réseaux sociaux, ça donnera envie aux autres de regarder par curiosité et on suivra ça tranquillou sur nos Iphone en se marrant devant notre tartare sauce thaï et notre Perrier rondelle. Te bile pas. ». Le pire c’est que c’est vrai, effet de curiosité, le bidule nawako-crétin cartonne sur Toudoum.
Après un scénario digne de ce nom (tant pis pour ça, on repassera), on caste des comédiens. Et alors là… Franck Dubosc cabotine gentiment en tête d’affiche. Le pire, c’est qu’il est presque le plus sincère dans l’affaire, celui qui fait l’effort d’essayer d’y croire. Autour de lui, Jean Reno joue comme un patate germée, Suzanne Clément avait manifestement des factures à payer, Jonathan Lambert sert à rien… Passons pour en arriver à la fabrication et la mise en scène. François Uzan ne nous jamais surpris avec un quelconque génie, ce n’est pas aujourd’hui qu’il va commencer. Mais alors là, le bonhomme se surpasse pour illustrer un enchaînement de séquences lunaires. Une reprise d’Allumer le Feu de Johnny version Moyen Âge au luth électrique. Véridique, ils ont osé et on tutoie le haut-niveau de la gêne. Ou de la souffrance. Ou les deux. En même temps, le film nous sert aussi du Balavoine, du Michel Sardou façon troubadour et tout un tas de références jouant logiquement le décalage modernité / Moyen Âge pour les besoins de la comédie. Le tout avec des décors et des costumes piqués dans les poubelles du Puy-du-Fou ou commander chez Gifi. Pitié, vite Les Visiteurs pour se laver les yeux brûlés à l’acide de l’indigence consternante. Et puis cerise sur le gâteau, la post-production. Rappelons qu’il fallait encore des loups-garous du titre. Nouveau grand moment, on se coltine des effets spéciaux à faire passer ceux du Loup-Garou de Paris pour du Star Wars.
Production catastrophe et catastrophique qui d’emblée trahit le principe du jeu (on sait qui est le loup-garou direct sans préliminaires ni vaseline), Loups-Garous est une purge comme on en voit pas si souvent mine de rien (et heureusement). Le film n’est là que pour capitaliser sur la notoriété du jeu et alimenter la plateforme en contenu familial sans rechercher ne serait-ce qu’un semblant de qualité déguisée. Pourquoi faire ? Scénario indigent et débile, troupe qui cachetonne en n’en ayant rien à secouer, photo et mise en scène plus plate qu’une table basse, cessez d’en jeter, ça déborde ! Mais non, Loups-Garous ne veut pas en rester là. Il pense qu’il peut faire mieux. Pire, il pense qu’il peut être « intelligent » par petites touches disséminées. Et là, le délire lunaire prend une ampleur inimaginable. Sur fond de comédie rigolote et populaire, le film se met en enquiller des commentaires sociaux à la pelle, à commencer par les valeurs du féminisme pas franchement à la mode au Moyen Âge. « Femmes, rebellez-vous ! » clame Suzanne Clément pendant qu’une épouse réclame quand même le droit à avoir sa petite taloche de temps en temps, au moins ça, c’est le minimum ! Ben voyons. Et c’est sans parler de la finesse avec laquelle ça évoque l’homosexualité (malaise puissance 10 au carré), la jeunesse de 2024 (le jeune en quête identitaire car son look laisse des doutes), les influenceurs (qui cherchent la visibilité mais chopent le pouvoir d’invisibilité – waouh brillant !)… En mode pilotage automatique direction l’aéroport de Beurk-Dégueu, l’avion Loups-Garous a atterri sur la piste de Netflix avec un équipage qui fait joyeusement de copieux doigt-d’honneur aux spectateurs. On vous donne de la merde mais soyez déjà contents d’avoir des trucs nouveaux à regarder sur votre télé. Au moins Netflix joue le jeu de la salle de cinéma en donnant envie d’éteindre sa télé pour retourner au cinéma. C’est sympa de leur part hein.
Par Nicolas Rieux