22ème numéro du Wall Ciné Pictures, notre rendez-vous « ciné-club » du samedi et ses trois idées de films à voir ou à revoir. Au programme de cette nouvelle escale dans l’histoire du cinéma, le plus beau film d’amour jamais conté, un slasher coréen et un classique hollywoodien entre la tragédie romanesque et le film catastrophe…
LOVE STORY
De Arthur Hiller – 1970 – 1h39
Genre : Drame, Romance – USA
Avec : Ali McGraw, Ryan O’Neal, Tommy Lee Jones, John Marley, Ray Milland…
Synopsis : Un homme issu d’une famille aisée, étudiant en droit à Harvard, rencontre une jeune fille à la bibliothèque où elle travaille pour payer ses études. Malgré le fait qu’ils appartiennent à des classes sociales différentes leur amour devient plus fort que tout mais sera soumis aux épreuves de la vie…
Probablement l’un des plus beaux films d’amour jamais réalisé. Love Story est un drame cruel et poignant, de ces films dont l’histoire est un tire-larmes appuyé que l’on voit venir à des kilomètres, mais qui fonctionne quand même, tant les larmes seront effectivement aussi nombreuses qu’incontrôlables. Récompensé de nombreux Golden Globes, ce classique d’Arthur Hiller, porté par la musique culte de Francis Lai, et par la grâce romanesque du couple Ali McGraw et Ryan O’Neal, demeure encore aujourd’hui, comme l’histoire la plus déchirante que l’on ait pu voir au cinéma. Préparez vos paquets de mouchoirs et laissez-vous porter par cet hymne à l’amour incommensurable.
———————————————————
MIDNIGHT FM
De Sang Man Kim – 2010 – 1h46
Genre : Thriller – Corée du Sud
Avec : Soo Ae, Yoo Ji-tae, Ma Dong-seok…
Synopsis : Ko Sun Young est une star très populaire de la radio. Elle anime de sa voix envoutante et planante une émission nocturne sur les musiques de film. Alors que de nombreux fans sont attachés au son de sa voix et à sa compagnie nocturne, Ko Sun Young va enregistrer sa dernière le lendemain puisqu’elle s’envolera ensuite vers les Etats-Unis pour y soigner sa fille malade. Un auditeur, fan déséquilibré, ne l’entend pas de cette oreille et prend en otage la famille de Ko Sun Young, lui obligeant à dérouler l’émission selon ses désirs à lui…
Inspiré d’un film français des années 80 (Fréquence Meurtre d’Élisabeth Rappeneau avec Catherine Deneuve), Midnight FM est un bon petit thriller coréen méconnu et pourtant foutrement efficace. Réalisateur novice mais armé d’une solide expérience de directeur artistique, Sang Man Kim va signer un film proposant un jeu du chat et de la souris diabolique et sous très haute tension, dans lequel une animatrice radio dont la voix élégamment suave conduit une émission consacrée aux B.O. de films, va devoir faire face à un psychopathe timbré. Fort d’une mise en scène soignée et d’une ambiance particulièrement prenante, Midnight FM a un peu de mal à maintenir son niveau d’excellence d’un bout à l’autre de ses 2 heures, mais il va multiplier les bonnes idées pour s’imposer comme une petite bombe rondement menée. A commencer par son cadre, l’émission musicale sur le cinéma qu’anime la jolie héroïne permettant au cinéaste de manipuler l’histoire du septième art et d’instaurer un jeu de mise en abyme malin et référentiel, servant l’intrigue. D’un suffocant huis clos à distance à une folle course-poursuite urbaine à la nervosité éprouvante, Midnight FM jette son personnage dans une spirale infernale hystérique, riche en tension pure et en rebondissements. Un vrai jeu de montagnes russes alternant affrontement verbal et psychologique, et affrontement physique et violent, le tout dans un thriller sombre et stylisé. Interdit au moins de 18 ans dans son pays.
———————————————————
SAN FRANCISCO
De Woody S. Van Dyke – 1936 – 1h53
Genre : Romance, Catastrophe – USA
Avec : Clark Gable, Jeanette MacDonald, Jack Holt, Spencer Tracy, …
Synopsis : Mary Blake se retrouve à la rue à la suite d’un incendie. Ne sachant que faire ou aller, elle propose ses services à un patron de cabaret, Blackie Norton qui l’engage et finit par en tomber amoureux. Lorsqu’elle va croiser la route de Jack Burley, gérant de l’Opéra de San Francisco, qui lui propose d’intégrer sa troupe, Mary ne peut refuser et quitte Blackie. Mais les démêlés de ce trio vont être perturbés par bien plus grave qu’une dispute pour une femme, un terrible tremblement de terre va ravager la ville…
San Francisco, ou un film pionnier sur lequel tout le cinéma catastrophe des années 70 va s’appuyer, malheureusement sans réussir à bien reproduire sa recette pourtant simple et brillante. En 1936, plus de trente ans avant la vague qui déferlera sur les écrans hollywoodiens, Woody Van Dyke (Tarzan, L’Ennemi Public N°1) avait établi un modèle de construction narrative dont on retrouvera des traces dans le Titanic de James Cameron, 60 ans plus tard. Pendant près d’une heure, son long-métrage va développer une intrigue totalement fonctionnelle et indépendante de ce qu’il réserve pour la suite. Autour de Clark Gable, Jack Holt et Jeanette MacDonald, le cinéaste installe un triangle amoureux sur fond d’amitié déchirée, dans lequel se débattent deux hommes à la lutte pour une femme tiraillée et prise au piège d’une situation inconfortable, sans bonne solution moralement acceptable. Et à travers ce drame romanesque, Van Dyke en profite pour glisser un portrait d’une certaine société bourgeoise américaine de l’époque. Jusqu’ici, San Francisco sonne comme une petite redite de son Manhattan Melodrama, réalisé deux ans auparavant. Mais aux deux-tiers, le film change de registre, et bascule dans le catastrophe pur et dur, sans jamais que cette première moitié passe pour du remplissage destiné à faire patienter le public. Au contraire, la catastrophe va venir s’emboîter au récit, dans une continuité narrative totalement naturelle. Rarement par la suite (précisément dans les années 70), le genre saura trouver un aussi bel équilibre entre les deux blocs constitutifs. Si la partie romantico-dramatique occupe plus de la moitié de l’histoire, le dernier tiers ne risque pas d’être oublié. Van Dyke s’était déjà montré particulièrement doué dans le genre lors de la séquence d’ouverture de Manhattan Melodrama où un incendie ravageait un bateau. Cette fois-ci, il filme de façon saisissante et tendue, un tremblement de terre spectaculaire ravageant littéralement un San Francisco qui va s’effondrer sous les griffes de mère nature. Difficile à croire que le film date des années 30 tant les images quasi-apocalyptiques impressionnent. San Francisco est une réussite à tous les niveaux, un double-film symbolisant la grande tradition des gros spectacles hollywoodiens.
RETROUVEZ LES ANCIENS CHAPITRES DU WALL CINÉ PICTURES ICI
A samedi prochain !
Par Nicolas Rieux