Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : American Hero
Père : Nick Love
Date de naissance : 2015
Majorité : 08 juin 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre, USA
Taille : 1h28 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique, Fantastique
Livret de famille : Stephen Dorff, Eddie Griffin, Luis Da Silva Jr…
Signes particuliers : Le génial Stephen Dorff illumine un film qui n’exploite pas toujours adroitement son potentiel.
IL Y A LES AVENGERS ET IL Y A MELVIN…
LA CRITIQUE
Résumé : Melvin est super-héros malgré lui. La trentaine bien entamée, il habite encore chez sa mère et ne vit que pour la fête, les femmes et la drogue. Jusqu’au jour où il réalise que la seule façon pour lui de revoir son fils, que la justice lui interdit d’approcher, c’est d’accepter son destin, et d’exploiter ses super pouvoirs pour lutter contre le crime. Mais dans un monde dans lequel personne ne comprend ni sa situation, ni d’où il tient ses incroyables pouvoirs, ces derniers pourraient bien causer sa perte…L’INTRO :
Méconnu en France, le cinéaste Nick Love en est déjà à son sixième long-métrage outre-manche. Certains auront peut-être déjà entendu parler du britannique pour son génial The Sweeney, dont le bien fun Antigang était le remake hexagonal. Son petit dernier, présenté en clôture au festival de Gérardmer cette année, est le premier à se frayer un chemin vers les salles obscures. American Hero, porté par l’excellent Stephen Dorff, suit les pas d’un raté trimballant sa loose dans une Nouvelle-Orléans décrépie, jamais vraiment remis des ravages de l’ouragan Katrina. Mais la particularité de Melvin, c’est qu’il a un pouvoir étonnant venu dont on ne sait où. Melvin peut faire bouger des objets par la pensée. Un « truc » qui pourrait faire de lui une sorte de super-héros des temps modernes, mais qu’il n’utilise pas vraiment, préférant se vautrer dans la vacuité de son existence, les beuveries épiques, la consommation de joints et de coke à outrance, le chômage et sa vie chez maman. Le pire, c’est que Melvin est de surcroît follement intelligent, cultivé, généreux, littéraire et mélomane. Il a tout pour lui, mais il préfère passer à côté de son existence tel un quadragénaire immature.L’AVIS :
Très séduisant sur le papier, American Hero l’est également à l’écran, du moins pendant un temps. Le dernier long-métrage de Nick Love ne manque pas d’idées intéressantes, et se présente sous la forme d’une chronique filmée comme un reportage où les différents habitants du quartier de Melvin parlent de lui. Le spectateur s’attache à ce personnage étonnant, le portrait fonctionne, on saisit le drame de son inertie, on s’amuse de sa personnalité drolatique, on se prend d’affection pour Lucille, son ami cloué sur un fauteuil roulant après avoir été touché en Irak… American Hero veut jouer la carte de la comédie dramatique intimiste sans artifices ni spectaculaire, et Nick Love laisse venir ses idées, qui filtrent une à une en arrière-plan. Par exemple, l’errance de ces habitants d’une Amérique un peu oubliée et abandonnée à son sort, en l’occurrence ici, une Nouvelle-Orléans qui aura autant souffert des ravages de l’ouragan Katrina, que de la crise économique. Aussi, ces soldats revenus du front mutilés et dont on ne fait que trop cas. Plus général, American Hero essaie de déployer également un propos positif (et un brin naïf) sur le fait que tout le monde peut devenir un héro du quotidien en faisant juste attention aux autres et en participant au bien-être de la vie collective. Parfois touchant ou amusé, souvent tendre et plein de bons sentiments derrière sa facture d’anti-film classique, American Hero avait du cœur, mais ses battements erratiques ne parviennent pas toujours à l’irriguer.La cause du sentiment de déception mesurée, c’est l’impression de voir sans cesse un effort inabouti, un film qui ne va jamais au bout de ses idées et intentions, un film qui esquisse mais ne creuse pas ce qu’il peut avoir de bon. American Hero paye un peu le statisme de son personnage. Alors que le scénario dessine le portrait d’une rédemption, on a curieusement la sensation que le grand chemin parcouru par son anti-héros héroïque ne fait que quelques mètres. Et finalement, du début à la fin, la grandeur de ses ambitions se confronte à la petitesse de son illustration. Le script d’American Hero manque de consistance, tourne un peu à vide, et ronronne perpétuellement autour de son sujet, faute d’avoir quelque-chose de fort à raconter. C’est d’autant plus frustrant que le terreau dans lequel il s’érige, recelait d’un potentiel fou, que Stephen Dorff livre une prestation éclatante, et que ses rares effets spéciaux sont très convaincants.Sorte de Chronicle en plus minimaliste et en plus social, souffrant aussi d’un financement équivalent au budget culture du Burkina Faso, American Hero bénéficie d’un certain capital sympathie, qui le rend attachant et le sauve en grande partie de la maigreur de son histoire, de sa redondance ou de sa relative vacuité. Au final, un noble effort frustrant.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux