Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Grace de Monaco
Père : Olivier Dahan
Livret de famille : Nicole Kidman (Grace Kelly), Tim Roth (Rainier III), Frank Langella (Tucker), Paz Vega (Callas), Parker Posey (Madge), Milo Ventimiglia (Rupert Allan), Robert Lindsay (Onassis), Derek Jacobi (Fernando D’Aillieres), Roger Ashton-Griffiths (Hitchcock), André Penvern (De Gaulle) …
Date de naissance : 2014
Majorité : 14 mai 2014 (en salles)
Nationalité : France, USA, Belgique, Italie
Taille : 1h42 / Poids : Budget 30 M€
Signes particuliers (+) : x
Signes particuliers (-) : La grâce… Tout ce que n’a pas ce Grace de Monaco aux allures de guimauve écœurante, symbole parfait des risques guettant un biopic raté, le danger du grotesque risible en premier lieu. Avec ce « Crasse de Monaco », Dahan se loupe tant dans ses intentions que dans ses choix artistiques ou son discours. Un naufrage gênant sous perfusion de glucose et de glamour, qui empile les tares comme des jetons de Casino. Horrible.
PAS DE PRINTEMPS POUR GRACIE
LA CRITIQUE
Résumé : Lorsqu’elle épouse le Prince Rainier en 1956, Grace Kelly est alors une immense star de cinéma, promise à une carrière extraordinaire. Six ans plus tard, alors que son couple rencontre de sérieuses difficultés, Alfred Hitchcock lui propose de revenir à Hollywood, pour incarner Marnie dans son prochain film. Mais c’est aussi le moment ou la France menace d’annexer Monaco, ce petit pays dont elle est maintenant la Princesse. Grace est déchirée. Il lui faudra choisir entre la flamme artistique qui la consume encore ou devenir définitivement : Son Altesse Sérénissime, la Princesse Grace de Monaco. L’INTRO :
30 ans après la mort de l’icône en 1982, démarre la production de ce Grace de Monaco sous la houlette du cinéaste Olivier Dahan, biopic master déjà auteur de La Môme sur Edith Piaf. Une sorte de biographie très partielle ne recherchant pas le portrait hagiographique de la légende mais seulement à revenir sur une période charnière de sa vie, ce moment en 1962 où alors que les tensions politiques et fiscales entre la Principauté et la France avaient atteint leur point culminant, elle va se délester de ses habits d’ancienne actrice de cinéma pour embrasser réellement son destin d’Altesse sérénissime à la tête d’un peuple. Un épisode temporellement « anecdotique » mais narrativement fondateur de la construction du mythe « Grace de Monaco ». Symbole unique de la perfection princière, incarnant beauté, élégance, glamour et intelligence, mais aussi courage, sagesse, abnégation et compassion, la princesse Grace prend les traits de la star déclinante Nicole Kidman alors que Tim Roth endosse le costume du souverain Rainier dans un film qui se retrouve à faire l’ouverture du très prestigieux Festival de Cannes. Un choix qui n’aura pas manqué d’en interpeler plus d’un, le film étant précédé d’une réputation épouvantable entre ses premières images peu emballantes, sa sortie repoussée de plusieurs mois ou encore le conflit artistique médiatisé entre le réalisateur et le distributeur américain Harvey Weinstein autour d’une affaire de remontage. Dernière flèche, la famille Grimaldi qui se désolidarise d’un projet jugé inexact et sur-glamourisé. Pour une fois, ils ont bien fait…
L’AVIS :
Autant la Princesse Grace restera à jamais un emblème mythique voire mystique de sa fonction, autant ce Grace de Monaco par Olivier Dahan devient lui un emblème du grotesque qui peut enrober le pire des biopics aux intentions navrantes. Même en creusant jusqu’aux plus profondes nappes de pétrole ou en cherchant à retourner le problème dans tous les sens, une évidence s’impose, il est absolument impossible de sauver quoique ce soit de ce naufrage atterrant d’idiotie, que le ridicule tue en prenant soin de piétiner ensuite son cadavre laissé exsangue. Grace de Monaco est à l’image du Rocher monégasque, un affreux caillou superficiel semblable à un désert émotionnel au clinquant de pacotille, figé dans un mélange de naphtaline, de cire et de glucose écœurant.
Englué jusqu’à la gêne dans la mélasse « guimauvée » (surtout mauvais) Grace de Monaco est une anomalie filmique sans point de vue, écartelée quelque part entre la fade critique aussi light qu’une Volvic à l’Antésite des contraintes d’une monarchie étouffante et l’ode risible à un mythe over-sanctifié. Tartignole à bouffer du foin, façonné à grands coups d’aberrations historiques et de fictionnalisation débilitante, esthétisé comme un chamallow nauséeux à grands renforts de filtres agaçants de mièvrerie cinégénique ou de flous volontaires à en croire le projecteur déréglé, Grace de Monaco essaie de s’éloigner du biopic traditionnel pour dresser un portrait de femme sur fond de géopolitique pour les nuls avec un soupçon de facture de film d’espionnage politique rétro-kitsch tout droit sorti d’OSS 117 avec soixante ans de retard sur son temps.
On aurait aimé au moins dégager quelque-chose de positif, aussi furtif soit-il, de ce ratage caractérisé aux allures de tremblante gélatine édul-colorée. Un semblant de mise en scène proprement exécutée, la prestation d’une comédienne surnageant malgré la montée des eaux, une certaine beauté dans le classicisme… Mais c’était sans compter sur la capacité d’Olivier Dahan à empiler les tares les unes sur les autres pour bâtir un mur bancal ruinant tous ses efforts pour faire fonctionner cette entreprise niaise relevant du non-sens dans l’âme. De ses plans iconiques sombrant dans le ridicule au nivellement par le bas de ses thématiques, de la typologie de ses personnages virant au comique du cliché en passant par la musique sirupeuse à en saigner des tympans, de sa façon d’inlassablement sur-appuyer chacun de ses choix jusqu’au grotesque, à une direction d’acteurs frôlant le parodique (faut voir Tim Roth clope au bec et mains dans le poche se la jouer John Wayne à la Cour ou Nicole Kidman dirigée comme dans une pub pour un parfum Lancôme)… Grace de Monaco est aussi insignifiant qu’il peut être moche, creux et désincarné. Et dans ce marasme conférant au malaise cinématographique, médiocre catastrophe désespérante, Kidman cristallise sur son froid visage tristement botoxé jusqu’à la gêne, la fausseté de ce biopic embaumant le surjeu permanent, l’inexactitude et la simplification réductrice abrutissante. Affligeant de ringardise, d’absence de pudeur et outrancier à faire passer Michou pour un sobre personnage tout en retenue, Grace de Monaco parachève son art de la bouffonnerie en s’appliquant à enfoncer son cas par une politisation aux envolées surréalistes de convictions pitoyables sur le cœur du bon peuple monégasque soumis aux pires épreuves par la grande méchante France et son cruel général De Gaulle, mécréant tyrannique cherchant vilement à abolir leurs privilèges si durement acquis. Tout ça pendant que Nicole Grace Kelly Kidman déclame des inepties du genre « j’aime l’amour ». Non mais de qui se moque t-on, on n’est pas une élection de Miss France !
Si le but était de peindre un univers ridiculement grotesque et sans consistance en calquant formellement ces qualificatifs à la mise en scène, alors oui, le défi de Dahan est réussi. Mais pas sûr que c’était là l’idée de ce « Crasse de Monaco » qui visse les dilemmes de son héroïne à une sanctification saturée jusqu’à l’indigestion pontifiante. Honteux.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux
J’ai beaucoup apprécié les qualités de ce film. Ecriture, réalisation, mise en scène, intrigue et contexte historique et surtout l’ensemble des thèmes abordés. L’approche du « minuscule » rocher, il me semble, offre un sujet romanesque ayant à travers le film d’autres portées que la stéréotypie contsamment ruminée. Parmi lesquelles le droit à la contestation et à la suprémacie de la politique sur le pouvoir, la féminité et le glamour sur toile de fond de crise franco-monégasque et tension au sein du palais des Grimaldi. En dépit de l’opulance affichée, du papier glacée, la misère humaine et les dualités universelles peuvent s’exprimer dans l’interactionnalité des circonstances singulières et un contexte historique de la jeunesse de la génération de nos parents, voir grand-parents (guerre d’Algérie, bloc Est-West et sa guere froide, anti-américanisme….).
A une ère où La Callas n’existe plus où les couples mythiques sont absents (Onassis /Callas, Marylin et…) des grandes décisions dauprès des « gouvernants », le film nous rappelle combien les moeurs ont évolué avec ce retour sur image, comment le signifiant des actes « féminins » se situent socialement, politiquement et humainement par-delà les revendications « féministes » d’avant-guarde ou intellectuels des années 60. De ce point de vue, la vision et le style certes classique, naturaliste et impressioniste, n’en demeure pas moins moderne et réaliste, avec une touche Hollywoodienne bien avisée. C’est ce qui a déplu? Celà aurait pû être un échec, or l’intrigue et les émotions suscités par le biopic nous entraine en dehors de Monte Carlo: la jeune fille de Philadelphie (scène du coup de téléphone à la mère, référence au père), scène de projection de la remise des oscars (référence à la gloire cinématographique, à la reconnaissance du talent d’une actrice, scène de huis-clos familiale (sorte de prise de pouvoir, survie dans l’instinct et de canonisation de la « Grace monégasque »), et bien d’autres. Ce qui m’a fasciné dans ce film est la parti pris du réalisateur de trouver du sens et d’en extraire des émotions justes dans les moindres plans ( beaucup de plans sérrés), les moindres gestes et propos. Je trouve le travail visuel et celui de la lumière très fins, avec des qualités de raffinement assez rares. What else did we expect for a Princess?