Mondociné

DANS LA COUR de Pierre Salvadori
Critique – en salles (comédie dramatique)

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033857.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre
note 4.5
Carte d’identité :
Nom : Dans la Cour
Père : Pierre Salvadori
Livret de famille : Catherine Deneuve (Mathilde), Gustave Kervern (Antoine), Féodor Atkine (Serge), Pio Marmaï (Stéphane), Michèle Moretti (Colette), Nicolas Bouchaud (Mr Maillard), Oleg Kupchik (Lev), Carole Franck (la femme de l’agence)…
Date de naissance : 2014
Majorité : 23 avril 2014 (en salles)
Nationalité : France
Taille : 1h37
Poids : Budget 6,9 M€

 

Signes particuliers (+) : Une première moitié agréable, à la fois drôle et grave, mettant en avant ses deux beaux personnages au gré de situations et dialogues aiguisés.

Signes particuliers (-) : Film aux deux visages, Dans la Cour bascule à mi-parcours, perdant son équilibre et sa justesse pour tomber dans l’anxiogène et une noirceur déprimante communicative pesante. Merci pour le cafard d’après-séance.

 

LE FILM AUX DEUX VISAGES

LA CRITIQUE

Résumé : Antoine est musicien. A quarante ans, il décide brusquement de mettre fin à sa carrière. Après quelques jours d’errance, il se fait embaucher comme gardien d’immeuble. Jeune retraitée, Mathilde découvre une inquiétante fissure sur le mur de son salon. Peu à peu, son angoisse grandit pour se transformer en panique : et si l’immeuble s’effondrait… Tout doucement, Antoine se prend d’amitié pour cette femme qu’il craint de voir sombrer vers la folie. Entre dérapages et inquiétudes, tous deux forment un tandem maladroit, drolatique et solidaire qui les aidera, peut-être, à traverser cette mauvaise passe.471814.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxL’INTRO :

Quand Pierre Salvadori annonce qu’il revient avec un film certes un peu drôle mais surtout plus grave et dramatique que d’habitude, un peu à la manière de ses débuts sur Cible Emouvante ou le cultissime Les Apprentis, on ne sait pas pourquoi, mais déjà on a envie de sourire. Peut-être parce que depuis, son cinéma aura surtout été gravé dans la comédie gentillette et lissée, nourrie aux bons sentiments et à l’esprit feel good movie sans aspérités ni originalité. Peut-être aussi parce que l’on a du mal à voir le bientôt quinqua Salvadori d’aujourd’hui, s’extraire de son style, de son registre, de sa façon d’écrire, virer à 180° et tourner le dos à une façon de faire qui jusqu’ici, était ce qu’elle était, mais avec cohérence. Si l’on peut comprendre son besoin de changement et de renouvellement, on a quand même du mal à croire dans ces propos certes volontaires mais qui sonnent un brin faux. Dans la Cour est son huitième long-métrage et visiblement le cinéaste avait vraiment à cœur de s’essayer à autre chose, d’explorer d’autres voies. Financement oblige, il sera amené à parsemer son nouvel effort d’éléments comiques mais cela ne l’empêchera pas d’aller au bout de sa démarche avec le concours de ses deux têtes d’affiche, l’illustre et populaire Catherine Deneuve et le doux-dingue plus discret Gustave Kervern. Effectivement, Dans la Cour n’est pas ce que l’on pouvait en attendre, ça c’est clair.dans la cour _D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

L’AVIS :

Sur le papier, Dans la Cour avait tout de la pure comédie dramatique. Un numéro gentiment comique au sujet grave, porté par deux excellents comédiens, avec l’histoire de cette femme qui du jour au lendemain se met « à devenir inquiète ». De tout. Comme au bord du précipice de la dépression. Face à elle, un authentique dépressif, ex-chanteur produit d’un burn out et reconverti gardien d’immeuble. De leur rencontre va naître un tendre attachement souriant, sans cesse mélancolique, mais subordonné à une mécanique tirant les rires au gré d’une relation non sans drôlerie et d’une galerie de seconds rôles finement étudiés (solide Feodor Atkine, très bons Pio Marmaï, Nicolas Bouchaud, Oleg Kupchik ou Michèle Moretti) nichés derrière un duo vedette délicieusement complice, rayonnante Catherine Deneuve et épatant Gustav Kervern,joli ermite touchant proche d’un sosie de Luc Besson à la bonhommie sympathique. 319290.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxAutant la première moitié du film trouve un juste équilibre dans cet entrelacement du dramatique, de l’humour, de la tendresse, de l’humanité et d’un fond sérieux pour ne pas dire grave. On rit, on est ému, on est attaché, on passe un bon moment, tout va bien malgré la mélancolie ambiante. Autant Salvadori finit par saboter son exercice attachant dans une seconde partie qui vire de bord et perd toute sa justesse, s’enfonçant inexorablement dans une forme de noirceur dès plus cafardeuse et anxiogène alors que le film patine, tourne en rond, appuie lourdement et empile par couches épaisses, des calques indigestes de sombre tristesse désespérée dénués de luminosité, de recul et surtout de sens de l’équilibre. En résulte une œuvre étrange, suffocante, pesante, où le pathos terriblement alourdissant prend le pas sur les belles promesses de comédie dramatique esquissées par son entame, et laisse un goût amer dans la bouche devenue pâteuse. Dans la Cour ne mène à rien si ce n’est à inventer un nouveau genre : « la comédie dramatique déprimante ». Ou comment abandonner le spectateur en fin de séance à son désarroi après lui avoir fait croire à un ton pour mieux le plomber sans ménagement après.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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