Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Winter’s Tale
Père : Akiva Goldsman
Livret de famille : Colin Farrell (Peter Lake), Russell Crowe (Pearly Soames), Jessica Brown Findlay (Beverly), Matt Bomer (père de Peter), Will Smith (le juge), Jennifer Connelly (Virginia), Kevin Durand (Cesar), William Hurt (Mr Penn), Eva Marie Saint (Willa adulte), Mckayla Twiggs (Willa enfant)…
Date de naissance : 2013
Majorité : 12 mars 2014 (en salles)
Nationalité : USA
Taille : 1h52
Poids : 60 millions €
Signes particuliers (+) : On rit beaucoup. C’est pas vraiment voulu de la part du film mais au moins l’effet est là et quelque part, ça le rend presque attachant.
Signes particuliers (-) : On se demande toujours ce qu’il s’est passé sur ce Winter’s Tale. Que ce soit au moment de l’écriture, du tournage, du montage ou de la présentation du produit fini, personne ne s’est rendu compte de rien ? Vraiment ? Pourtant, Un Amour d’Hiver (son titre français sic) est au cinéma ce que le clip de David Hasselhoff Hooked a Feeling est à la musique : un joyeux moment de surréalisme nanardesque tellement drôle au second degré, qu’il a des chances de devenir culte avec le temps !
DES ANGES, DES DÉMONS, DE L’AMOUR ET CRIN BLANC
LA CRITIQUE
Résumé : New York, au tout début du XXème siècle. Passé maître dans l’art du cambriolage, Peter Lake n’aurait jamais cru qu’un jour son cœur lui serait ravi par la charmante Beverly Penn. Mais leur idylle est maudite : tandis que Beverly est atteinte de tuberculose, Peter a été condamné à une mort bien plus violente par son ancien mentor, le diabolique Pearly Soames. Peter tente par tous les moyens de sauver la femme qu’il aime, à travers le temps, luttant contre les forces des ténèbres – et surtout contre Pearly qui s’acharne à vouloir l’anéantir. Désormais, Peter ne peut plus compter que sur un miracle.…
L’INTRO :
Après plus de vingt ans passés à avoir écrit des scénarios et produit des films, Akiva Goldsman s’est fait un nom dans un Hollywood qu’il a épousé pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, c’est quand il produit Du sang et des Larmes ou quand il pond des scénarios comme le décrié mais intéressant I, Robot, Le Droit de Tuer ? ou Un Homme d’Exception. Le remake de Je suis une Légende éventuellement, selon les avis. Le pire, c’est quand il signe les scripts de Perdus dans l’Espace, Batman & Robin, Da Vinci Code voire Mémoires d’une Geisha ou qu’il produit des Starsky & Hutch et autre Profession Profiler de Renny Harlin. Mais après deux décennies dans les coulisses du cinéma, Goldsman éprouvait sans doute de la frustration. Il ne lui manquait qu’une chose pour devenir enfin un artiste totalement accompli : faire son propre film et devenir « réalisateur », le qualificatif magique et absolu. Et voilà que remonte à la surface un vieux rêve qu’il rumine depuis longtemps : adapter le roman de Mark Helprin, Winter’s Tale, paru en 1983. Une pseudo histoire d’amour fantastique à travers les âges, qui résonne de plus belle dans sa tête depuis le récent décès de son épouse (un événement qui a vite fait d’expliquer le pourquoi de ce premier long-métrage). Profitant de son réseau, Goldsman obtient 60 millions $ et un casting monstrueux composé en partie d’amis venus à la rescousse, Russell Crowe, Will Smith, Jennifer Connelly, William Hurt, tous derrière un Colin Farrell qui endosse le rôle-titre de cette féérie fantastico-dramatico-romanesque. Et pour compléter la distribution, l’illustre Eva Marie Saint, la jeune star montante Matt Bomer, cette trogne de Kevin Durand ou encore la magnifique Jessica Brown Findlay (Downton Abbey) et la petite Mckayla Twiggs, sans nul doute les deux révélations du film.
L’AVIS :
En raison d’un fou rire persistant et handicapant à chaque fois que l’on s’efforce de repenser au film, nous sommes dans l’obligation de différer l’écriture de cette chronique, pour l’heure impossible à rédiger avec un minimum de sérieux.
Update : Bon, voilà, on s’est ressaisi. Donc… Winter’s Tale, disions-nous. C’est l’histoire d’un Colin Farrel en 1914 qui est poursuivi par une sorte de chef de gang diabolique avec les yeux qui deviennent tout bleus et le visage qui s’écaille quand il est tout colère. Normal, c’est un démon. Mais comme Colin rencontre un cheval magique avec des ailes, bestiole sacrée qu’il décide d’appeler « Cheval » (tout simplement), il se sort de la panade pour atterrir par hasard chez une rousse tuberculeuse qui a un parquet qui grince et qui joue du piano mais c’est pas grave, il s’en fout, et en tombe amoureux quand même parce qu’elle est trop belle avec ses longs cheveux nourri au beurre de karité. Sauf que les légions de Lucifer le pourchassent toujours et comme c’est un ange (ah oui, au fait, avant son flashback remontant 100 ans plus tôt, le film commence en 2014 et le Colin a pas vieilli, parce qu’on a oublié de vous dire, mais c’est un ange)… bref, la lutte entre le Bien et le Mal s’annonce prometteuse sur fond de romance tragique. Bon sinon, le Colin murmure pendant deux heures aux oreilles de son cheval tout blanc sorti tout droit d’une pub pour Taureau Ailé, tout ça pour montrer à Robert Redford qu’il n’y a pas que lui qui sait le faire. Dès fois, il dessine une femme rousse parterre, il regarde les étoiles en promenant son visage de droopy à l’œil moite, il se prend des coups de boules censés le tuer mais en fait non. A part ça, y’a une vague histoire de lumières scintillantes qui se connectent au monde mais comme on y comprend rien, on a lâché l’affaire. De son côté, Lucifer a des boucles d’oreille et se fringue avec des t-shirt floqués Jimi Hendrix… en 1914 (merci à notre ami blogueur Cinémoustache de l’avoir fait remarqué). Et sinon, ça parle d’une sombre histoire de chien, de cheval et de… oh et puis mince, de toute façon, c’est incompréhensible ce truc !
Winter’s Tale est réalisé avec tout ce qu’il faut d’excès de lyrisme façon pub Shalimar pour le dernier parfum Guerlain, d’émotion artificielle pétri d’édulcorants, de musique omniprésente (Zimmer dans son pire score), de direction artistique datée, les pieds en plein dans le risible, de montage emberlificoté, de narration décousue et de cabotinage de grands acteurs perdus dans une affaire qui elle-même ne semble pas trop savoir où elle va (à la réflexion, c’est encore le cheval qui joue le mieux). On en viendrait presque à se demander si le film était en fait complet ou si, par hasard, il ne manquait pas quelques bobines à la version finale, celles justement qui nous auraient aidé à comprendre le sens (ou pas) de cette entreprise objectivement déconcertante. Ah, et puis au fait, qui a eu l’idée de ce titre français bon sang de bois ??! Mais le pire, c’est que c’est probablement (et non sans un effet d’ironie) pour toutes ces raisons que Winter’s Tale arrive à nous accrocher de bout en bout au rythme des turpitudes du beau Colin à la coupe de cheveux étrange, des grimaces de Russell Maximus Crowe ou de la grâce de la belle Jessica Brown Findlay.On ne saurait trop vous dire ce qu’a voulu faire Akiva Goldsman sur ce coup là, et surtout ce qu’il a fumé pour pondre un tel OFNI, mais en toute honnêteté, Winter’s Tale est gratiné. Une chose est sûre, il est délicieusement hilarant. Dommage que ce n’était pas du tout son intention première. Car non content d’être absolument magique de surréalisme (à la limite de l’extrêmement ambitieux, parce qu’à ce niveau là, fallait oser quand même), il se paye un sérieux premier degré qui l’enfonce un peu plus à chaque scène dans un ridicule à mourir de rire, une fois que l’on se règle en mode second degré moqueur et que les vannes évidentes abondent. C’est moche, on vous le concède, mais en même temps, c’est là sa seule chance d’exister. Parce qu’au final, Winter’s Tale, c’est un peu au cinéma ce que le clip de David Hasselhoff Hooked a Feeling est à la musique. Un nanar atteignant involontairement de tels sommets dans la rigolade à ses dépends, qu’il pourrait bien réussir à en devenir culte, un peu comme Howard le Canard à son époque. Et mine de rien, entrer ainsi à la postérité. Autant dire que ça serait un coup gagnant totalement inattendu !
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux