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RESTLESS (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Restless
Parents : Gus Van Sant
Livret de famille : Mia Wasikowska, Henry Hooper, Ryo Kase, Chin Han, Schuyler Fisk, Jane Adams…
Date de naissance : 2011
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h35 – 15 millions $

Signes particuliers (+) : Léger et profond à la fois. Élégant. Doux et touchant. Un bon compromis entre le cinéma d’auteur et les codes du drame traditionnel. Joliment mystérieux, à la lisière du fantastique.

Signes particuliers (-) : Manque d’émotion. Un peu naïf et simple. Sans grande finesse. Une esthétique très affichée dans un film un peu lisse. Mineur.

 

DRAME CRÉPUS-LUNAIRE

Résumé : Annabelle Cotton est une jeune et jolie jeune femme débordant de vie et de joie. Pourtant, elle est aussi atteinte d’un cancer en phase terminale. Lorsqu’elle va faire la connaissance d’Enoch Brae, un jeune homme mystérieux s’incrustant aux cérémonies funéraires et ayant pour meilleur ami un fantôme, Hiroshi, ancien kamikaze japonais, Annabelle va profiter comme jamais du temps qu’il lui reste à vivre…

Cinéaste atypique alternant projets difficiles relevant du pur auteurisme et films dramatiques à la facture davantage classique (voir l’enchainement A la Rencontre de Forrester / Elephant / Paranoid Park / Harvey Milk), c’est avec ce touchant et dramatique Restless que Gus Van Sant signe son retour, trois ans après l’aventure engagée (mais pas moins désastreuse) Harvey Milk. Si la bande-annonce ne donnait, commercialement parlant, pas envie pour un sou de se déplacer pour un film dont on percevait mal les intentions et les buts et qui avait tout sur le papier pour laisser perplexe devant une dramatisation excessive doublée d’une certaine forme de naïveté candide affichée, la découverte de ce film court (1h28 à peine) rassure. Non, Restless n’est pas le gros mélo sanglotant redouté, pas plus qu’il n’est une petite frivolité inconséquente idiote.

Restless s’attache au récit loufoque d’une rencontre sentimentale entre deux êtres écorchés vifs, ne connaissant que trop bien les concepts de vie et de mort. D’un côté, il est Annabelle, jeune fille comparable à certains oiseaux, affichant une profonde gratitude à la vie, heureuse de pouvoir connaître un court passage éphémère sur terre et qui, malgré sa condition de condamnée par un cancer en phase terminale, profite de chaque instant et déborde d’une joie de vivre communicative. De l’autre, il est Enoch, être différent, handicapé socialement par une histoire lourde et chargée. Cette rencontre va apporter autant à l’un qu’à l’autre ce dont ils ont besoin le temps de quelques mois permettant une évasion psychologique pleine de sensibilité. Mais Restless s’efforce de quitter le terrain du pur mélo tragique pour proposer une vision plus délirante et douce de son sujet. Enoch cohabite avec un fantôme, celui d’Hiroshi, jeune kamikaze mort durant la Deuxième Guerre Mondiale. Annabelle, elle, est naturaliste, passionnée par la nature, la vie, l’organisation complexe d’un bio-équilibre fragile où tout s’emboîte. Ces deux jeunes êtres différents trouvent un écho dans leur désespoir mutuel dissimulé pour amener une relation aussi fragile et précaire que celle de la vie en général dans l’univers.

Sans déchainer l’enthousiasme ou provoquer un flot d’émotions intenses en raison d’une mise en scène simplement froide et excessivement arty et léchée, Restless repose sur un scénario simple et « mignon » et s’évertue à proposer une belle petite réflexion sur le miracle de la vie, sa temporalité passagère et notre condition existentielle éphémère. Si le message ne fait guère dans la finesse et si le tout semble cousu de fil blanc, peut-être un peu trop calculé et manquant d’une certaine folie qui l’aurait poussé hors du rigide sentier sur lequel il s’engage, Restless se contentant platement d’exposer un mélodrame atypique aux accents romantique mêlant basiquement douceur et triste mélancolie, il n’empêche qu’il se dégage un quelque chose d’indéfinissable dans cette histoire qui n’a rien d’original en soi mais dont la jovialité retranscrite le place au-dessus du marasme ambiant du genre. Bien qu’un peu trop figé dans son idée de départ, engoncé dans sa structure trop classique, Restless est un film quasi-énigmatique, un mystère de subtilité qui n’en a pourtant pas les airs de premier abord en raison d’une profondeur trop mise en avant pour amener une perspective de réflexion chez le spectateur. Si l’on aurait aimé réfléchir davantage par nous-même plutôt que se voir imposer aussi clairement la finalité de l’entreprise, si l’on aurait apprécié davantage de finesse dans l’équilibre entre légèreté du traitement et profondeur de l’étude de la condition humaine, Gus Van Sant parvient néanmoins à éviter toute niaiserie futile à un récit pourtant facile et archi-rebattu. Il se dégage une délicatesse des sentiments, de l’évolution d’une relation portée par un exceptionnel duo d’acteurs (Henry « fils de Dennis » Hooper et la mignonnette Mia Wasikowska, la Alice du film de Tim Burton).

Restless manque d’émotion, manque de spontanéité mais navigue habilement entre les eaux clairsemée du mélo hollywoodien et de la ballade intimiste et c’est grâce à l’élégance du style et du traitement de Gus Van Sant, que ce petit film mineur parvient à se sauver de la triste fable mièvre et naïve. A croire que finalement, l’auteur assume le statut de ce nouveau métrage et en fait fi pour livrer une vision adolescente de l’amour et de la mort sans conceptualisation à outrance, sans calcul auteurisant inutile. Juste un film simple, volontairement candide et ingénu, évitant le pathos démesuré et privilégiant la fable sur la beauté et la légèreté sans sensibilité communicative. Sans surprise mais doux, on se retrouve alors à hésiter en pensées, entre inutilité d’une entreprise trop lisse et joli voyage dans la confusion d’une adolescente frappée par la tragédie…

Bande-annonce :

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