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NEBRASKA d’Alexander Payne : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Nebraska
Père : Alexander Payne
Date de naissance : 2013
Majorité : 02 avril 2014 (en salles)
Nationalité : USA
Taille : 2h00 / Poids : 13 millions $

Livret de famille : Bruce Dern (Woody), Will Forte (David), June Squibb (Kate), Bob Odenkirk (Ross), Stacy Keach (Ed Pegram), Marie Louise Wilson (Tante Martha), Rance Howard (Oncle Ray), Tim Driscoll (Bart), Devin Ratray (Cole)…

Signes particuliers : Somptueux

EN ROUTE VERS LE GRAND CINÉMA…

LA CRITIQUE

Résumé : Un vieil homme, persuadé qu’il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain, à pied puisqu’il ne peut plus conduire. Un de ses deux fils se décide finalement à emmener son père en voiture chercher ce chèque auquel personne ne croit. Pendant le voyage, le vieillard se blesse et l’équipée fait une étape forcée dans une petite ville perdue du Nebraska qui s’avère être le lieu où le père a grandit. C’est ici que tout dérape. Rassurez-vous, c’est une comédie !NEBRASKAChouchou des festivals et des cérémonies récompensant le cinéma indépendant et pas que, le gréco-américain Alexander Payne est de retour avec sa sixième réalisation, deux ans après l’acclamé The Descendants, comédie dramatique avec George Clooney récompensée aux Oscars. Fidèle au registre dans lequel il a quasi toujours œuvré depuis le début de sa carrière, de Monsieur Schmidt à Sideways en passant par L’Arriviste, Payne brosse avec Nebraska un délicat portrait familial en forme de road movie à travers les États-Unis, situé quelque part entre le drame grave et la comédie lumineuse, le tout porté par un éblouissant Bruce Dern acoquiné à une distribution pas forcément prestigieuse en termes de noms mais dont la somme des talents nous conduit vers une prestation générale que l’on serait enclin à couronné d’un prix d’interprétation choral coup de cœur, quitte à ce qu’il soit imaginaire.

21006030_20130515124829547.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxAvec le cœur qui bat la chamade pendant et après la projection, on sait instantanément que Nebraska fera parti à l’arrivée des plus doux et magnifiques moments de cinéma que l’on aura vécu cette année dans les salles obscures. Ce bijou étincelant de maîtrise formelle et narrative, enivrant dans son interprétation et sa conduite, émotionnellement communicatif comme pas deux et d’une subtilité délicatement bluffante, marque la quintessence du cinéma d’un Alexander Payne qui semble avoir enfin trouvé la parfaite maturité de son art. Les thématiques graves n’ont de répondant que dans l’humour habile qui les habillent et avec  une grâce aérienne, le cinéaste parvient à faire coexister plusieurs récits comme autant de rivières prenant leur source dans un affluent plus vaste dessinant un sublime paysage du monde. Nebraska, c’est plusieurs récits parallèles dont les trajectoires convergent pour, au final, n’en former qu’un seul, universel dans ce qu’il raconte avec une force décuplée à chaque instant et à chaque dynamique venant encore davantage étoffer et enrichir un modèle de consistance cinématographique, cinéphilique et personnel.

NEBRASKAComment définir Nebraska ? L’histoire d’un fils qui apprend sur le tard à découvrir son père. L’histoire aussi d’un vieil homme qui trouve un dernier but dans une vie bientôt arrivée à son terme et qui s’inquiète soudainement de l’héritage qu’il va laisser de son passage sur terre. Additionné, c’est le doux récit d’une relation père-fils le temps d’une brève aventure s’ouvrant à une réflexion sur la vie en général. A ces trajectoires déjà d’une richesse merveilleuse, viennent se greffer celle d’une mère endurant avec amour la maladie d’Alzheimer de son mari, celle d’un second fils laissant progressivement tomber les barrières qu’il avait érigées autour de lui, le tout délicatement bordé par une exquise peinture acerbe et magnifique d’une Amérique profonde peuplée de petites gens cyniques et égoïstes ou d’êtres à la douceur désarmante. Et toutes ces ficelles complexement entremêlées les unes aux autres, finissent par se dénouer en trouvant la plénitude de leur aboutissement dans l’histoire supérieure d’une famille simple et somme toute commune, partageant le temps d’un road trip mélancoliquement ubuesque, quelque chose de fort et de nourricier qui va non seulement resserrer leurs liens mais surtout leur rappeler le sens du mot « famille ».21006031_20130515124829828.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxBouleversant et drôle, tendre et vachard,  grave et pourtant plein d’optimisme, Nebraska est un bijou d’humanité, un voyage splendide et d’une grâce absolue, effeuillant des thématiques allant de la filiation à la vieillesse, de l’échec à la transmission, en passant par le sentiment d’appartenance et d’unité, le souci du devoir envers ses anciens et l’amour de ses proches et même la crise économique… Alexander Payne signe incontestablement son meilleur film. Un chef d’œuvre de sensibilité et de drôlerie teintée de drame et de fine amertume, duquel se dégage une luminosité étincelante. Le genre d’œuvre à l’humilité frappante qui touche en profondeur et émeut par la justesse de ce qu’elle caresse du bout des doigts sans jamais laisser poindre le moindre cynisme, la moindre artificialité, prétention ou condescendance. Un moment magique avec le concours de comédiens exceptionnels, Bruce Dern en tête dans l’un de ses plus beaux rôles, mais aussi Will Forte et Bob Odenkirk en fils embarqués dans un pèlerinage insensé dessinant lentement son sens intimiste, l’illustre Stacy Keach en ignoble bonhomme, le duo Devin Ratray / Kevin Kunkel en cousins bas du front médiocres et surtout, June Squibb, en mère attachante dévoilant une personnalité décalée jubilatoire. Absolument dé-li-cieux.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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