Carte d’identité :
Nom : Hippocrate
Pères : Thomas Lilti
Date de naissance : 2014
Majorité : 07 janvier 2015
Type : Sortie DVD, Blu-ray
Nationalité : France
Taille : 1h42 / Poids : NC
Genre : Drame, Comédie
Livret de famille : Vincent Lacoste (Benjamin), Reda Kateb (Abdel), Jacques Gamblin (Pr Barois), Marianne Denicourt (Dr Denormandy), Félix Moati (Stéphane), Carole Franck (Myriam), Philippe Rebbot (Guy), Julie Brochen (Mme Lemoine)…
Signes particuliers : Une comédie dramatique sociale évoquant le Polisse de Maïwenn mais dans le milieu hospitalier.
UNE PLONGÉE DANS LE MILIEU HOSPITALIER FRANÇAIS
LA CRITIQUE
Résumé : Benjamin va devenir un grand médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie. La responsabilité est écrasante, son père est aux abonnés absents et son co-interne, Abdel, est un médecin étranger plus expérimenté que lui. Benjamin va se confronter brutalement à ses limites, à ses peurs, celles de ses patients, des familles, des médecins, et du personnel. Son initiation commence. L’INTRO :
De médecin à cinéaste, le parcours de Thomas Lilti est pour le moins atypique. Il l’est d’autant plus que le cinéaste pratique toujours aujourd’hui la médecine en parallèle de sa carrière de scénariste-réalisateur. Repéré par quelques courts-métrages autour des années 2000, Thomas Lilti aura signé son premier long en 2007 avec Les Yeux Bandés, un drame porté par Jonathan Zaccaï et le regretté Guillaume Depardieu. Alors que ce premier effort qui lui avait valu une sélection au Festival de Montréal, sa seconde réalisation, Hippocrate, aura pris, quant à lui, la direction de la prestigieuse manifestation cannoise où il a été présenté en clôture de la Semaine Internationale de la Critique. Un beau succès critique qui aura ouvert le chemin de la notoriété à une œuvre qui s’est offerte ensuite un joli succès public avec près de 800 000 entrées France.L’AVIS :
Hippocrate ou le Polisse du milieu hospitalier ? La comparaison peut paraître un peu facile mais elle ne nous quitte pas tout au long du film de Thomas Lilti qui plonge dans sa propre vie pour bâtir cette œuvre sincère cherchant à rendre compte du quotidien difficile des médecins et infirmiers des hôpitaux français. Le metteur en scène emploie de nombreux éléments à son parcours personnel et livre un drame humble et touchant faisant du réalisme des situations et des personnages, un point d’honneur fondamental à sa démarche. Entre instants de rire et moments douloureux, doutes, dysfonctionnements et foi dans la noble fonction de sauver des vies humaines, Hippocrate se veut un film-témoin, un portrait immersif et doux-amer du système hospitalier français, ramené à échelle humaine autour d’une poignée de personnages incarnant des visages et des fonctions du monde médical en souffrance dans notre pays.
Pas toujours adroit, Hippocrate alterne le meilleur et quelques fausses notes qui ne viennent toutefois pas entacher ses qualités globales mais qui en atténue l’impact. Contrairement au bijou de Maïwenn, Thomas Lilti n’arrive pas transcender son essai pour l’amener vers les plus hautes sphères, à lui conférer une force poignante désarmante jonchée en équilibre entre le saisissement à vif d’un monde dépeint avec justesse et son histoire dramatisée aux coutures trop apparentes et parfois prévisibles. Des coutures que l’on ne voyaient justement pas chez son voisin sur la police, où l’écriture et la narrativité réussissaient savamment s’effacer pour ne laisser place qu’au réalisme à fleur de peau dans un ton proche du documentaire. Un registre dont s’éloigne Thomas Lilti avec Hippocrate, qui reste avant tout un drame (trop souvent vendu comme une comédie) en prise directe avec le réel mais néanmoins déconnecté du pur naturalisme.
Toutefois, Hippocrate parvient à tirer son épingle du jeu dans la production française de l’année 2014 grâce à une certaine habileté pour confectionner une virée à la fois touchante sans jamais être pathos, juste tout en restant ludique, fort d’un propos tout en sachant distraire. Sorte de récit initiatique s’attachant aux pas d’un jeune néo-interne, Hippocrate vaut surtout pour quelques scènes cernant parfaitement des situations que l’on devine vécues, et pour la conviction insufflée par son casting, l’excellent Reda Kateb en premier lieu et Vincent Lacoste ensuite, qui a eux seuls tirent le film vers le haut pour l’aider à trouver la reconnaissance. Peut-être mineur mais pas mal.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux